Dans votre activité rurale, constatez-vous une hausse des cas de maladies vectorielles ? - La Semaine Vétérinaire n° 1461 du 09/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1461 du 09/09/2011

Entre nous

FORUM

Ce sont des maladies du futur

Gaël Gounot, praticien mixte à Fougères (Ille-et-Vilaine).

Il est possible, pour quelques maladies connues de l’ensemble de la filière, de faire un point sur la situation actuelle. Aucun nouvel animal atteint de fièvre catarrhale ovine n’a été découvert cette année encore, peut-être en raison d’une persistance des anticorps vaccinaux. Pour la fièvre Q, les outils diagnostiques en laboratoire sont plus performants, cette affection est donc mieux diagnostiquée.

En revanche, une réelle augmentation du nombre de cas de maladies à tiques sur les bovins (notamment d’ehrlichiose et de borréliose de Lyme, ceux de piroplasmose étant en régression) est observée depuis une dizaine d’années. Cependant, le dépistage dépend toujours de la volonté du vétérinaire et de l’éleveur. Ce dernier est plus attentif aux tiques, car il en trouve davantage sur ses vaches. Auparavant, c’étaient les symptômes qui l’alertaient, et le vétérinaire devait poser le diagnostic et proposer un traitement. Aujourd’hui, il repère les parasites et questionne le praticien sur leurs répercussions possibles avant l’apparition des symptômes. Nous conseillons donc des plans de prévention : prophylaxie, conduite des pâtures, gestion de l’environnement, etc.

La capture de tiques en pâture montre qu’elles sont plus nombreuses, et des stades adultes sont désormais découverts toute l’année. Elles ne sont pas forcément pathogènes, mais tout laisse à penser que les maladies vectorielles, à tiques notamment, bien qu’ayant toujours existé, vont prendre de l’importance dans le futur.

On ne trouve que ce que l’on cherche

Guy Joncour, praticien mixte à Callac (Côtes-d’Armor).

En Bretagne, les vents d’ouest dominants protègent la région de quelques maladies et vecteurs. Je n’ai déclaré, par exemple, qu’une seule suspicion de fièvre catarrhale ovine, en 2007.

Les flux économiques influent bien plus sur l’apparition des affections, zoonoses incluses. C’est le travail d’épidémiosurveillance des vétérinaires de les dépister et de donner l’alerte auprès des structures sanitaires.

Les maladies vectorielles sont souvent sous-diagnostiquées, plus qu’émergentes, comme l’ehrlichiose bovine. Cette affection est mieux connue grâce à l’effort d’information des Groupements techniques vétérinaires et du terrain. En France, depuis 1991, plus de trois mille foyers diagnostiqués sont dénombrés, contre six cas d’anaplasmose humaine. En Slovénie, plus de six cents malades humains sont référencés, car cherchés. De même, la maladie de Lyme est plus fréquente qu’on ne le croit. Certaines affections sont plus politiques, comme la fièvre Q. Le mélange “vétérinaires/médecins” doit s’opérer : One health. La connaissance dépend du coût des outils expérimentaux, surtout en rurale (une polymerase chain reaction coûte près de 30 € pour l’ehrlichiose). Mais les praticiens mixtes sont peu nombreux et mal écoutés, alors qu’il est important d’informer à tous les niveaux, de l’éleveur au médecin en passant par le consommateur et les structures sanitaires. L’Etat devrait donner davantage de moyens aux vétérinaires de campagne, à l’interface entre la faune sauvage et domestique, entre la ruralité et la ville. Ils sont garants de la santé animale et publique.

Des nouveautés à prendre en compte

Jacques Manière, praticien mixte à Decize (Nièvre).

Hormis quelques cas classiques de piroplasmose dans des secteurs bien délimités, les maladies vectorielles, jusqu’à l’entrée en scène spectaculaire de la fièvre catarrhale ovine, étaient anecdotiques dans notre clientèle. Effet de mode, conséquence du changement climatique ? Ces six derniers mois, j’ai mis en évidence un cas de besnoitiose à la limite de la Nièvre et de l’Allier, et quatre d’ehrlichiose dans des exploitations situées sur la rive gauche de la Loire, sur une distance d’une vingtaine de kilomètres.

C’est grâce à la formation continue que j’ai pu établir ces diagnostics, et je remercie les Groupements techniques vétérinaires (GTV), en particulier le GTV Bourgogne, pour les conférences organisées sur le sujet. Mes souvenirs d’école qui datent de plus de trente ans n’auraient pas suffi !

Il est urgentissime de réinstaurer une visite d’achat obligatoire, et même de la renforcer en lui rendant ses lettres de noblesse. Vétérinaires de terrain, éleveurs et Groupements de défense sanitaires doivent faire leur autocritique. La visite d’achat ne se résume pas à un seau à l’entrée de la stabulation, avec un peu de farine, une carte verte, et un grand « débrouillez-vous » pour réaliser une prise de sang visant à dépister la rhinotrachéite infectieuse bovine. C’est un véritable examen de l’animal, et une discussion avec l’éleveur sur les risques d’introduction selon les dangers potentiels.

Pendant ce temps, border disease virus, paratuberculose, besnoitiose et ehrlichiose prolifèrent insidieusement, en attendant un grand plan d’éradication national qui serait mille fois plus coûteux, voire impossible !

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