Un réseau d’experts vétérinaires relatif à la “problématique vautours” - La Semaine Vétérinaire n° 1460 du 02/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1460 du 02/09/2011

Savoie. Charognards et bovins en montagne

Actualité

Auteur(s) : Lorenza Richard

A la suite de l’implantation temporaire en Maurienne pendant l’été d’une colonie de 80 à 100 vautours fauves, une espèce protégée, les services de l’Etat(1) ont souhaité mettre en place un dispositif de suivi du vautour sur le département de la Savoie. Inspiré de celui mis en œuvre dans les Pyrénées, il prévoit notamment la possibilité de faire intervenir un réseau de vétérinaires formés à cet effet pour déterminer l’éventuelle implication des vautours lors de dommages sur des bovins en alpage.

En mai 2011, le syndicat des vétérinaires de Savoie a lancé un appel aux praticiens volontaires et motivés, pour intervenir dans les heures suivant le signalement d’un éleveur, afin de déterminer si l’intervention des vautours a eu lieu avant ou après la mort de l’animal. Sept confrères (vétérinaires experts) y ont répondu etontétéformésen juin dernier.

Florence Gédoux, praticienne à Lanslebourg (Savoie), est chargée de la coordination de ces vétérinaires experts. Elle assure la liaison avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), la DDT(1) et les vétérinaires, et la finalisation des comptes rendus.

Le réseau ne concerne que les incidents sur les bovins

Mettre fin aux idées reçues passe par de l’information sur les comportements des vautours, oiseaux charognards qui se nourrissent exclusivement d’animaux morts, mais qui, dans certaines conditions particulières, sont en mesure de consommer un animal encore vivant si celui-ci est affaibli et incapable de bouger. « Nous effectuons les expertises dans le but de réaliser des constats objectifs, de reconstituer les faits et d’établir la réalité face à des conclusions parfois hâtives, tirées par un éleveur choqué », précise notre consœur.

Le réseau ne concerne que les incidents sur les bovins (les expertises sont difficiles pour les petits ruminants, qui sont rapidement consommés).

La DDT et la Dreal(1) ont prévu la prise en charge financière d’une demi-douzaine d’expertises vétérinaires pour cette année.

  • (1) Préfecture, Direction départementale des territoires (DDT), Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf).

Fonctionnement du dispositif

L’éleveur suspecte ou observe l’intervention des vautours dans le cas de dommages sur un ou plusieurs bovins de son cheptel. Il laisse un message sur le répondeur téléphonique “loup” de la DDT. La DDT informe l’ONCFS, qui contacte l’éleveur pour recueillir davantage de détails.

Au vu de ces éléments, l’ONCFS, en accord avec Florence Gédoux, décide de l’opportunité de réaliser un constat et une expertise sur site. Jusqu’à la réalisation de l’expertise, le corps est bâché et ne doit pas être déplacé.

Notre consœur contacte un vétérinaire expert (formé à cet effet) situé le plus près possible de l’alpage concerné (il ne doit pas être le vétérinaire traitant ou sanitaire de l’éleveur, afin d’assurer une expertise objective).

Un binôme formé du vétérinaire expert (autopsie) et de l’agent de l’ONCFS (constat) se rend sur le lieu du sinistre. Le vétérinaire expert rédige le compte rendu pour la DDT, dans lequel il est amené à répondre aux questions suivantes :

– y a-t-il eu intervention des vautours ?

– l’animal était-il vivant ou mort ?

– si l’animal était vivant, quel était son état de santé avant l’intervention des vautours ?

– les vautours sont-ils responsables de la mort de l’animal ?

L. R.
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