L’halofuginone, la buséréline, les vaccins IBR et la fièvre Q entrent dans les PSE

Avec huit ajouts et huit suppressions dans la liste positive et un important travail de toilettage, le Journal officiel du 8 juillet dernier⁽¹⁾ a publié une nouvelle liste dite positive (ou dérogatoire) des médicaments vétérinaires sur prescription accessibles aux groupements agréés dans le cadre des plans sanitaires d’élevage (PSE) qu’ils élaborent pour les adhérents. Par ailleurs, les médicaments qui ne nécessitent pas de prescription sont tous accessibles aux groupements agréés sans être inscrits sur cette liste.

La liste positive n’indique pas les noms des spécialités commerciales, mais seulement les dénominations communes des substances actives (ou des maladies pour les vaccins).

L’halofuginone (Halocur®) pour les veaux

Les ajouts les plus importants concernent les ruminants. Les PSE pourront désormais s’étendre à la prévention des cryptosporidioses des veaux, avec l’arrivée de l’halofuginone (Halocur®) dans la liste positive.

Les vaccins fièvre Q (Coxevac®, Chlamyvax® FQ)

Les vaccins fièvre Q font leur entrée chez les ruminants avec deux vaccins : Coxevac® pour les productions bovine et caprine, et Chlamyvax® FQ pour les ovins avec la valence “chlamydiose” inscrite de longue date dans cette liste seulement pour cette espèce. L’usage “hors AMM” n’étant pas admis dans les PSE, Coxevac® n’est pas accessible aux groupements ovins. De même, bien que le vaccin Chlamyvax® FQ soit aussi indiqué chez les caprins, il n’est pas accessible pour les PSE caprins en raison de l’absence de la valence “chlamydiose” dans la liste positive pour la production caprine.

Les vaccins IBR

Malgré une prophylaxie réglementée contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) qui n’encourage pas la vaccination, les vaccins IBR arrivent dans la liste positive, qu’ils soient inactivés ou vivants atténués.

La buséréline (Receptal®, Busol®, Crestar Pack®) pour les CIA…

Une surprise, la buséréline (Receptal®, Busol®, Crestar Pack®), est la seule gonadotropin releasing hormone (GnRH) à être inscrite pour la production bovine, ce qui intéressera beaucoup les centres d’insémination artificielle (CIA). Jusqu’à présent, malgré des demandes anciennes et répétées, les autorités avaient considéré que les GnRH chez les vaches étaient destinées, selon leurs “AMM”, à un usage davantage thérapeutique (le traitement de l’anœstrus) que zootechnique (l’induction et la synchronisation des chaleurs). Toutefois, de nombreux protocoles d’induction des chaleurs ont été mis au point avec des progestagènes combinés à des GnRH, dont le protocole du nouveau Crestar® Pack (MSD). Ce pack rassemble dans une seule boîte les implants Crestar® de norgestomet et la solution injectable Receptal® de buséréline. Ce pack n’est toutefois pas encore commercialisé dans les centrales.

La péforéline (Maprelin®) pour les truies et les cochettes

Chez les autres espèces (lapines, juments, truies), les GnRH sont davantage indiquées en zootechnie pour l’induction des chaleurs, ce qui conduit à les inscrire plus facilement dans la liste positive. Ainsi, la péforéline (Maprelin®) est la première GnRH autorisée en production porcine pour l’induction des chaleurs chez les truies et les cochettes, en association avec l’altrenogest pour les indications chez les cochettes. Elle devient accessible aux groupements porcins. La buséréline (Receptal®) a bénéficié d’une extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) récente aux cochettes, mais n’est pas inscrite dans la nouvelle liste positive pour la production porcine.

La pipérazine y figure pour les productions porcines et avicoles. Cet anthelminthique ancien est toujours commercialisé par Biové, Coophavet et Virbac.

L’inscription des vaccins contre la pasteurellose des lapins est plus explicite pour Landavax®, seul vaccin “pasteurelles” indiqué en cuniculture (selon le DMV 2009), et les vaccins des pigeons contre la maladie de Newcastle (paramyxovirus) : Colombovac® PMV et Nobilis® Paramyxo P201.

Deux absents : les vaccins FCO et le monépantel

Les vaccins contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) sont les seuls vaccins bovins et ovins à ne pas être inscrits dans la liste positive. Tous les autres y figurent désormais. Les autorités souhaitent pourtant encourager une vaccination la plus large possible contre la FCO. Les groupements bovins et ovins ne pourront pas inscrire cette prophylaxie volontaire dans leurs PSE. Toutefois, dans le cadre des animaux destinés à l’export, la vaccination doit être réalisée et certifiée par les seuls vétérinaires sanitaires, ce qui n’encourage pas une vaccination non contrôlée par ces vétérinaires…

De même, le monépantel, le nouveau nématocide Zolvix® de Novartis, est le seul nématocide ovin à ne pas être inscrit dans la liste positive. D’une nouvelle classe chimique, le monépantel est actif contre les nématodes résistants aux autres familles. Cet atout conduit les autorités à le réserver aux vétérinaires libéraux, ce qui, indéniablement, en restreint l’usage.

L’acide oxolinique et l’azapérone retirés de la liste positive

Les huit suppressions sont surtout liées à l’absence de limites maximales de résidus (LMR) chez certaines espèces cibles, donc à la perte des indications dans les notices des médicaments correspondants. Toutefois, deux retraits n’entrent pas dans ce cadre habituel : ceux de l’acide oxolinique et de l’azapérone (Stresnil®).

L’acide oxolinique, quinolone de seconde génération non fluorée, était jusqu’à présent la seule quinolone inscrite dans la liste positive pour les productions porcine ou avicoles (sous forme d’aliments médicamenteux). Aucun autre antibiotique n’est retiré de la liste positive, qui ne devrait comprendre que des médicaments de prévention ou de zootechnie. Toutefois, le projet de plan national de lutte contre l’antibiorésistance chez l’animal envisage un retrait des antibiotiques de la liste positive pour ne plus inciter à leur usage en prévention, à l’exception notable des intramammaires pour le tarissement.

L’azapérone est supprimée en production porcine, sans explication. La solution injectable Stresnil®, indiquée notamment dans le traitement et la prévention du stress (transport, allotement, etc.), n’est donc plus accessible aux groupements agréés. Ce médicament est toujours commercialisé “hors PSE”.

• (1) Arrêté du 28/6/2011 fixant la liste des médicaments vétérinaires prévue au 2^e alinéa de l’article L.5143-6 du Code de la santé publique (JO du 8/7/2011).