L’autopsie du chaton fournit de nombreux renseignements - La Semaine Vétérinaire n° 1460 du 02/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1460 du 02/09/2011

Diagnostic post-mortem

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Peu de laboratoires acceptent d’analyser un corps entier, d’où l’importance de maîtriser la technique de l’autopsie, un indéniable outil diagnostique.

Réaliser l’autopsie d’un chaton permet de connaître la cause de sa mort : anomalies anatomiques et biochimiques, erreurs alimentaires, maladies infectieuses et contagieuses. Elle permet de se situer au niveau individuel, mais également à l’échelle de l’élevage et du reste de la portée. « Le vétérinaire doit prendre cette habitude, dans la mesure où peu de laboratoires acceptent de recevoir un corps entier et que l’acheminement en est difficile (maintien à 4 °C pendant au maximum deux jours) », conseille notre consœur Michèle Fradin-Fermé.

L’autopsie d’un chaton est un examen minutieux

Par rapport à l’adulte, les lésions sont rarement développées chez le nouveau-né. L’autopsie permet de visualiser certaines lésions macroscopiques, mais surtout de réaliser des prélèvements pour les analyses bactériologiques, virologiques et histopathologiques.

La technique opératoire est facile, car l’animal est petit et peu encombrant. Les organes peuvent être retirés en bloc et l’ouverture du crâne est facilitée par l’absence d’ossification. Le besoin en instruments est réduit. En revanche, l’autopsie du chaton nécessite beaucoup de minutie et de précision : lampe et loupe sont donc bienvenues. L’habitude de l’opérateur (manipulations et caractéristiques anatomiques) est un atout indéniable.

Commémoratifs et données statistiques orientent le choix des prélèvements

La principale limite de l’autopsie du chaton est d’ordre économique : le coût de l’acte et des analyses demandées peut être rapidement élevé. La recherche est donc orientée selon les données épidémiologiques et historiques, les commémoratifs, l’examen ante-mortem ou celui des survivants malades, l’observation des lésions macroscopiques et l’analyse des résultats post-mortem. Les commémoratifs s’intéressent à la gestation et à la mise bas, à la qualité du lait et à l’état des mères et des autres chats. Il convient de s’intéresser aux courbes de poids et aux traumatismes éventuels.

Les données statistiques orientent quant aux causes de mortalité selon l’âge (voir encadré).

La technique doit être standardisée pour ne rien oublier

L’autopsie est réalisée sur un chaton conservé au maximum deux jours au réfrigérateur. La congélation rend l’examen histologique difficile, mais l’examen macroscopique est toutefois possible. Si le propriétaire veut récupérer le corps, il faut prévoir de recoudre et de ne pas ouvrir la tête. Le matériel est préparé avant l’ouverture de l’animal : gants, masque, appareil photo, balance, bistouri, ciseaux pointus, pinces, matériel de suture, lame de microscope (empreinte d’organes), écouvillons (mise en culture), seringues (épanchement), bloc-notes, stylos.

« Les premières fois, appelez auparavant le laboratoire auquel vous enverrez les prélèvements pour qu’il vous indique lesquels réaliser et comment les identifier. Il peut vous fournir des cassettes porte-prélèvement, qui sont submergées ensuite dans les flacons de formol, pour éviter les petits prélèvements qui baignent dans un gros pot et sont difficilement identifiables », conseille notre consœur.

Une liste de prélèvements à réaliser systématiquement peut être établie

Le chaton est pesé. D’éventuelles blessures sur le corps (morsures, traces d’injection car « l’éleveur ne dit pas forcément tout », traumatismes), des signes extérieurs de maladies (ombilic, anus, état d’hydratation, jetage, abcès d’articulation, couleur des muqueuses), des anomalies anatomiques visibles (fente palatine, hernie ombilicale, exencéphalie surtout rencontrée dans la race burmèse, hydrocéphalie) sont recherchés.

Le chaton est positionné sur le dos et piqué sur un plateau. L’incision cutanée part sous l’auge, à droite, et descend sur le côté du thorax jusqu’à l’abdomen. Cette incision peut être continuée en arrière du diaphragme jusqu’au pubis sur le côté et une seconde incision est alors pratiquée transversalement sous le diaphragme. L’autre possibilité est d’arrêter l’incision au niveau du thorax, de pratiquer une incision transversale sous le diaphragme et une incision médiane jusqu’au pubis.

L’opérateur incise ensuite sous la mâchoire inférieure pour ouvrir la bouche et déloger la langue, le pharynx, la trachée et l’œsophage. Le thorax est ouvert sur le côté (côtes coupées aux ciseaux) et le volet osseux est retiré. L’aspect des organes et leur positionnement sont observés. La présence d’un épanchement est notée (une petite quantité est normalement présente chez un animal conservé, d’autant plus s’il a été congelé).

Les organes sont ensuite enlevés en bloc en découpant leurs attaches. Les organes thoraciques sont séparés des abdominaux et déposés sur un plateau. Le tube digestif est ouvert en dernier pour éviter les contaminations fécales. Son contenu est vidé sous l’eau, sansgratterla muqueuse. Les organes restés en place sont examinés (reins, appareils urinaire et reproducteur). Puis le système nerveux est observé.

Pour le cœur et l’encéphale, il est plus facile de les ouvrir une fois formolés.

Une liste de prélèvements à réaliser systématiquement peut être établie : peau, reins, muscles, vessie (et urine), nerf sciatique, cerveau, cervelet, portion du fémur, moelle osseuse, surrénales, hypophyse, thyroïdes, langue, œil, trachée, poumons, médiastin, cœur, foie, rate, pancréas, œsophage, estomac, intestin grêle, gros intestin, mésentère, péritoine, ganglions. Pour diminuer le coût, il est possible de n’envoyer qu’unepartiedesprélèvements(encéphale, cervelet, poumons, cœur, estomac, intestins, foie, rate, moitié de chaque rein, vessie, mésentère, péritoine, œil et tout organe anormal) et de stocker le reste au cas où le premier envoi serait infructueux.

Les examens complémentaires lors d’autopsie du chaton sont obligatoires pour établir un diagnostic étiologique. Cependant, plusieurs origines sont possibles pour une même lésion et il existe de nombreuses situations pièges. Le vétérinaire passe parfois beaucoup de temps, l’éleveur dépense souvent beaucoup d’argent, mais malheureusement les recherches restent de temps en temps vaines. En cas de litige ou de procédure, photos, notes et rapport d’autopsie doivent être précieusement consignés.

  • (1) T.A. Cave, H. Thompson, S.W. Reid, D.R. Hodgson, D.D. Addie : « Kitten mortality in the United Kingdom : a retrospective analysis of 274 histopathological examinations (1986 to 2000) », Vet. Rec., 2002, vol. 151, n° 17, pp. 497-501.

CONFÉRENCIÈRE

Michèle Fradin-Fermé, praticienne exclusive en médecine féline à Vincennes (Val-de-Marne).

Article rédigé d’après la conférence « L’autopsie du chaton » présentée lors du congrès de médecine féline organisé par la section vétérinaire de la Société française de félinotechnie, en novembre 2010 à Lyon.

Causes de mortalité chez le chaton selon l’âge

Une étude anglaise(1) a été menée à partir de 274 examens histologiques de chatons.

Au cours des 24 premières heures de vie, la mortalité monte jusqu’à 8 %, avec 50 % de morts d’origine traumatique (problèmes de mise bas, chute ou écrasement) et 50 % de causes idiopathiques.

Jusqu’au 15e jour, les causes de mortalité (environ 6 %) sont les anomalies congénitales, les négligences de maternage, l’isoérythrolyse et les infections bactériennes, très fréquentes (omphalites, péritonite, septicémie). A cet âge, les infections virales sont rares, dominées par l’herpèsvirose et la calicivirose.

Après 35 jours, les maladies virales sont prépondérantes (panleucopénie 25 %, herpèsvirose, calicivirose, coronavirose) en relation avec la diminution des anticorps maternels. Les défauts congénitaux, cardiaques ou nerveux provoquent des troubles du développement et les chatons sont amenés en vue d’une euthanasie.

74 % des mortalités du chaton ont lieu en postsevrage. Les problèmes d’intussusception intestinale pendant le sevrage sont un piège : l’évolution est souvent intermittente et peut aller jusqu’à 10, voire 15 jours. Pendant cette période, les pneumonies, les anémies (lait pauvre en fer, puces) et les parasites intestinaux sont également des causes fréquentes de mortalité. Les maladies nutritionnelles arrivent loin derrière.

G. O.
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