Conduite d’élevage
Formation continue
FILIÈRES
Auteur(s) : Hélène Vandenberghe
Analyse de l’élevage, détection efficace des chaleurs ou encore contrôle du poids des femelles : une stratégie d’organisation mise en place avec l’éleveur permet d’optimiser les performances.
Avec 85 % de premières inséminations fécondantes détectées à l’échographie, le porc présente peu de problèmes de fertilité par rapport aux autres espèces. Les exigences en termes de succès pour la viabilité de l’élevage demeurent néanmoins à la hauteur des qualités reproductrices de cette espèce. Une bonne gestion des paramètres zootechniques qui influencent la fonction de reproduction est donc indispensable pour limiter les échecs.
Philippe Leneveu (Institut supérieur des productions animales et des industries agroalimentaires, Ispaia) et Michel Etienne (Institut national de la recherche agronomique, Inra) ont exposé les clefs de méthodes fondées sur “l’hexagone de Ploufragan” qui permettent d’optimiser les résultats d’un élevage.
La première étape d’une démarche rigoureuse permettant de caractériser les problèmes d’un élevage est le dialogue avec l’éleveur. Lui seul est en capacité de décrire les anomalies observées, leur intensité, leur durée. Une consultation de la gestion technique des troupeaux de truies (GTTT) ou du cahier d’élevage permet ensuite d’analyser son ressenti et de situer l’exploitation. Enfin, l’examen des données de l’échographie et des intervalles de retours en chaleurs permet de savoir si les échecs correspondent plus à des truies décyclées (problèmes pathologiques) ou à des truies cyclées (problèmes techniques) et d’établir un diagnostic.
« La détection des chaleurs représente un domaine incontournable dans lequel les éleveurs doivent impérativement être efficaces pour maintenir de bonnes performances au sein de leur élevage », insiste Philippe Leneveu. De nombreux signes sont présentés par une truie en œstrus, et il est important d’analyser globalement son comportement pour réaliser une détection efficace. Les cochettes expriment leurs chaleurs de façon moins nette que les multipares, et cela d’autant plus que leur adaptation à l’élevage pose problème (refus alimentaire, bagarre, température, maladie, etc.). De même, le stress, la peur de l’éleveur ou l’amaigrissement en maternité sont des facteurs qui inhibent l’expression des chaleurs des truies.
La présence d’un verrat actif demeure la clef d’une bonne détection. En sa présence, le comportement d’une truie est radicalement modifié : gonflement de la vulve, reniflements, vocalises, acceptation du chevauchement, oreilles dressées et immobilité sont autant de signes à prendre en compte. Un atelier pratique, fondé sur l’analyse de vidéos, a permis aux participants d’améliorer leur capacité de détection de ces signes.
Les déséquilibres alimentaires ont une influence importante sur les capacités reproductrices. Si une truie trop maigre présente des problèmes de retour en œstrus, une baisse de fertilité et de prolificité, une truie trop grasse affiche des problèmes de retour en œstrus, mais aussi de péripartum. Il est donc important de contrôler la perte et la prise de poids des animaux au cours de leur cycle de reproduction. « La majorité des réserves sont mobilisées lors de la lactation, et la perte de poids est d’autant plus importante que les truies sont hyperprolifiques. C’est durant la gestation que la truie reconstitue les réserves utilisées lors de la lactation précédente, explique Michel Etienne. Il convient alors de favoriser la consommation alimentaire pendant la lactation, période durant laquelle l’appétit est généralement insuffisant, et de fixer des objectifs de reconstitution des réserves en gestation. » Pour cela, il faut estimer ces réserves, la méthode la plus simple étant la mesure de l’épaisseur du gras dorsal (voir encadré). « L’évaluation de la conduite alimentaire repose sur la réalisation d’une série de mesures d’épaisseur du gras sur un nombre significatif de truies à différents stades. Une courbe moyenne d’évolution peut alors être tracée selon le numéro de portée et le stade physiologique, et analysée par rapport à l’objectif. »
Enfin, un flushing (augmentation de la ration avant la première insémination des cochettes) permet une hausse de leur taux d’ovulation et souvent de la taille de la portée. Son intérêt est néanmoins limité chez les truies hyperprolifiques multipares.
« Les fortes chaleurs ou la modification du photopériodisme en période estivale ont parfois un impact sur la reproduction malgré une haute technicité de l’éleveur, indique par ailleurs Philippe Leneveu. Cela peut induire une dégradation de plusieurs critères : âge de la puberté, survenue des chaleurs, fertilité des verrats, taux de mise bas, prolificité, taux de réforme. » Certaines priorités d’action sont définies pour éviter l’infertilité d’été. Elles sont d’ordre zootechnique tout au long de l’année (détections des chaleurs, conduite des inséminations, de l’alimentation), mais aussi spécifiques, notamment « la mise en œuvre de moyens pour baisser la température ambiante en maternité et en verraterie-gestante, ou encore la bonne gestion de la semence, conservée grâce à un dispositif climatisé ».
Michel Etienne, Inra
Philippe Leneveu, Ispaia
Article rédigé d’après la conférence présentée lors d’une journée de formation à Ploufragan, le 13 avril 2011.
La mesure de l’épaisseur du gras dorsal est réalisée à l’aide d’appareils à ultrasons ou d’un échographe au niveau du site P2 : dernière côte, à 6,5 cm de la ligne médiane (voir schéma). Des études ont permis de mettre en relation la valeur de P2 avec les performances zootechniques et de fixer des objectifs à atteindre. Même si la tendance des recommandations de terrain est à la baisse, l’Inra recommande :
– 14 à 15nbsp;cm à la saillie des cochettes,
– 16 à 19nbsp;cm à la saillie des truies,
– 19 à 22nbsp;cm à la mise bas,
tout en limitant les variations au cours du cycle (2 à 4nbsp;cm au maximum).
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