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Auteur(s) : Francis Sérieys
Fonctions : Filière blanche
Le plan d’action contre l’antibiorésistance proposé par le Comité national pour l’usage raisonné des antibiotiques(1) suscite des commentaires critiques, notamment à propos du traitement antibiotique des mammites au tarissement(2) qu’il est préconisé de réduire au profit de l’obturation des trayons.
Deux types d’arguments sont avancés pour nier toute implication du traitement antibiotique au tarissement dans l’émergence de l’antibiorésistance.
Le premier se fonde sur la relative stabilité, au cours des dernières décennies, du niveau d’antibiorésistance des germes pathogènes en cause dans les mammites. Mais cet argument est peu recevable, car l’émergence d’une antibiorésistance ne se réalise pas dans un organe sans flore commensale comme la mamelle, mais dans des organes septiques comme le tube digestif ou la peau, par sélection de gènes de résistance dans leur flore commensale. Ce sont donc les effets collatéraux du traitement antibiotique des mammites sur les diverses flores commensales, et non sur les agents pathogènes de la mamelle, qu’il faut considérer.
Le second argument met en avant la voie d’administration : les traitements intramammaires n’auraient pas d’effets sur les flores commensales. C’est oublier qu’une partie des antibiotiques passent dans la circulation générale et peuvent alors exercer des effets collatéraux. Ainsi, une étude américano-canadienne montre une augmentation significative de l’antibiorésistance de la flore intestinale des vaches à la suite d’un traitement au tarissement par voie intramammaire avec du ceftiofur (Poirier et coll., 2007).
Dans ces conditions, est-il logique de proposer l’utilisation d’obturateurs de trayons en remplacement du traitement antibiotique pour assurer la prévention et de n’utiliser les antibiotiques au tarissement que chez les vaches probablement infectées, soit environ 40 % du cheptel ?
La réponse est oui, même si les effets de cette stratégie seront sans doute marginaux en termes de réduction du risque d’antibiorésistance.
Mais si l’on considère que l’utilisation raisonnée d’antibiotiques et d’obturateurs de trayons au tarissement, c’est aussi moins de risques de résidus inhibiteurs dans le lait, une pratique plus acceptable pour les consommateurs que le traitement antibiotique systématique, moins de mammites cliniques et une augmentation de la marge économique dans de nombreux élevages (Seegers et coll., 2010), il faut alors clairement soutenir cette proposition… et admettre que la stratégie d’antibiothérapie systématique, qui était sans doute l’optimum dans les années 60, ne l’est plus cinquante ans plus tard.
Finalement, la principale critique concernant l’élevage laitier à adresser à ce plan d’action contre l’antibiorésistance est ailleurs : ne pas proposer l’arrêt des traitements antibiotiques des mammites cliniques au-delà de la seconde intention. Ces traitements à répétition sont en effet nombreux, parfaitement anti-économiques et particulièrement dangereux étant donné qu’ils sont souvent administrés par la voie générale.
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