Le vaccin contre la leishmaniose réduit par quatre le risque de maladie - La Semaine Vétérinaire n° 1459 du 26/08/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1459 du 26/08/2011

Innovation. En stimulant une immunité cellulaire et non humorale

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Le premier vaccin contre la leishmaniose, CaniLeish®, devrait être disponible en centrales à partir du 19 septembre prochain. Ce lancement était attendu. D’abord par le laboratoire Virbac, qui voit ainsi se concrétiser 10 ans d’efforts de recherche et de développement, initiés par BioVetoTest, une société que le laboratoire niçois a rachetée en 2003. Il était aussi et surtout attendu par les vétérinaires et les propriétaires de chiens des zones endémiques. Jusqu’à présent, seule la lutte antivectorielle était disponible pour tenter de les protéger quel­ques mois en été contre ce protozoaire transmis par les piqûres de phlébotomes. Le vaccin ne remplace pas la lutte antivectorielle, car il ne protège pas à 100 % les chiens vaccinés. Mais il réduit le risque d’infection active et de maladie clinique d’un facteur quatre.

Stimuler l’immunité cellulaire par la voie Th1

En zone d’endémie, seuls 5 à 10 % des chiens présentent une leishmaniose clinique. Pourtant, 70 % sont infectés par le parasite. Le déve­loppement d’une résistance à la maladie ou, à l’inverse, l’apparition de symptômes dépendent de la réponse immunitaire provoquée par le protozoaire. Si la voie Th2 est stimulée, la réponse immunitaire est surtout humorale (IgG1). Une réponse qui, dans le cas de la leishmaniose, n’est pas protectrice, mais délétère. Les signes cliniques peuvent apparaître.

Si la voie Th1 est stimulée, la réponse immunitaire de type cellulaire est bénéfique pour évi­ter une infection active des leishmanies et les symptômes associés.

Pour être efficace et non délétère, une vaccination doit donc orienter la réponse immunitaire vers une immunité de type cellulaire (Th1), sans stimuler la réponse humorale (Th2). Les antigènes, ici les protéines ESP, et l’adjuvant, le QA-21 (un extrait de saponine déjà employé dans le vaccin Leucogen®), ont été sélectionnés dans ce sens.

Une primovaccination à six mois avec trois injections

L’âge minimal de six mois pour la première injection sous-cutanée de primovaccination découle de la maturité plus tardive de l’immunité cellulaire par rapport à l’immunité humorale. De même, en primovaccination, les trois injections répétées à trois semaines d’intervalle sont justifiées pour stimuler suffisamment cette immunité cellulaire. Les rappels sont annuels, avec toutefois une nouvelle contrainte. Car il est aussi recommandé de ne pas vacciner simultanément contre la leishmaniose et contre d’autres valences, en primovaccination comme pour les rappels (avec un écart d’au moins 14 jours).

L’efficacité a été évaluée par une étude clinique originale : 80 beagles âgés de 5 à 7 mois, Leishmania négatifs, sont répartis dans deux chenils ouverts, l’un près de Naples (Italie), le second près de Barcelone (Espagne), des zones endémiques à forte pression infectieuse. Dans chaque chenil, 50 % des chiens sont vaccinés. Ils sont suivis pendant deux années et saisons estivales complètes, sans répulsif ni traitement antiparasitaire externe pour les protéger des nombreuses piqûres des phlébotomes infectés.

Le vaccin à l’épreuve de deux années de piqûres de phlébotomes infestés

Au bilan, les trois quarts des chiens témoins non vaccinés sont infectés. Surtout, près d’un quart d’entre eux (23 %) déclarent une leishmaniose symptomatique, versus 7,3 % chez les chiens vaccinés (voir graphique). Dans ce groupe vacciné, 87,7 % ne sont pas infectés ou ne présentent pas de signe d’infection active (versus 66,6 % chez les témoins).

L’essai clinique est démonstratif sur des chiens âgés de plus de 6 mois (avec une immunité cellulaire mature) et séronégatifs au moment de la primovaccination. Chez les chiens en phase d’infection active (avec une leishmaniose clinique ou asymptomatique), l’efficacité du vaccin n’a pas été évaluée, dans un but qui serait alors davantage d’immunothérapie que de prévention. Il n’est donc pas aujourd’hui indiqué chez ces chiens, bien qu’il n’y ait pas de risque particulier d’intolérance. Un dépistage sérologique, par exemple avec le test rapide immunochromatographique de BVT (Speed Leish K), est ainsi recommandé pour éviter de vacciner inutilement les chiens séropositifs.

Les réactions d’intolérance sont celles couramment observées avec les vaccins inactivés adjuvés. Dans les études de terrain, les vétérinaires ont détecté une réaction générale bénigne (apathie, baisse d’appétit, etc.) dans 15 à 20 % des cas, et une réaction locale dans environ 25 % des cas. Les propriétaires rapportent moins de 10 % de réactions postvaccinales au total (6 % générales et 3,5 % locales).

Selon la taille du conditionnement (en 3 ou 15doses), le prix de la dose vaccinale devrait être compris entre 20 et 25 € HT (prix d’achat centrale). Et le coût d’un test de dépistage Speed Leish K est aux alentours de 7 à 8 € HT (prix centrale).

Le “secret” du vaccin : la culture in vitro de Leishmania infantum

Le secret du vaccin réside dans son procédé de fabrication des antigènes vaccinaux. Il est composé de protéines ESP (excreted secreted proteins), sécrétées ou excrétées par Leishmania infantum. Solubles, elles sont extraites du surnageant d’une culture in vitro de ce protozoaire intracellulaire, alors que ce dernier nécessite normalement deux hôtes pour faire un cycle complet : le phlébotome et un mammifère, le plus souvent l’homme ou le chien. Cette culture in vitro a été mise au point, sans sérum ni culture cellulaire, en 1993, par l’Institut de recherche et de développement de Montpellier.

E. V.
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