Le traitement médical de l’arthrose dure au moins six semaines - La Semaine Vétérinaire n° 1459 du 26/08/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1459 du 26/08/2011

Orthopédie canine

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’efficacité et l’innocuité des traitements anti-inflammatoires non stéroïdiens au long cours sont prouvées.

Le choix raisonné du traitement d’une douleur articulaire chronique s’appuie sur un examen complet de l’animal. Il repose aussi en grande partie sur l’interrogatoire des propriétaires et le recueil des commémoratifs. Les signes de boiteries sont parfois frustes. Des signes de vieillissement, d’apathie, de moindre tolérance vis-à-vis des enfants, des troubles de l’appétit sont autant d’éléments qui peuvent orienter vers une douleur articulaire. Le bilan de santé inclut un examen général et une analyse des conditions de vie du chien et des habitudes du maître. Les images radiologiques ne sont parfois pas corrélées au tableau clinique. Le bilan sanguin et urinaire permet de connaître le statut fonctionnel rénal avant la mise en place du traitement.

Trois molécules ont montré leur efficacité avec un haut niveau de preuves

Chez les chiens qui présentent une douleur articulaire chronique, le traitement repose sur l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) vétérinaire. Leur action est ciblée : anti-inflammatoire périphérique et analgésie médullaire. Chez l’homme, il est prouvé que la prise en charge précoce améliore l’état du patient par un cercle vertueux. Un traitement de longue durée est primordial.

Des études de revues systématiques, reprenant l’état des publications et validant leur niveau scientifique, sont arrivées à la conclusion qu’il existe un haut niveau de preuves concernant l’efficacité de trois molécules (carprofène, firocoxib et méloxicam) pour modifier les signes de l’arthrose. L’European Society of Feline Medicine arrive à la même conclusion pour le chat.

Des effets secondaires non majorés lors d’un traitement long

Les effets des AINS sont temps-dépendants et non dose-dépendants. Un traitement antalgique ne peut donc être inférieur à six semaines. L’utilisation du carprofène, du firocoxib et du méloxicam est autorisée pour une durée d’administration illimitée sous contrôle vétérinaire. Le mavacoxib, un analgésique qui agit sur le long terme, peut être administré pendant six mois et demi en respectant des pauses thérapeutiques. La posologie doit respecter celle testée par l’AMM (la dose mini­male efficace n’est recherchée que dans les cas d’insuffisance rénale chronique).

La littérature prouve l’efficacité des traitements longs (supérieurs à vingt-huit jours) et montre leur innocuité. Ce dernier point est le principal frein de la prescription au long cours des AINS en France, contrairement aux pays anglo-saxons où ils sont entrés dans les mœurs. Il existe une notion de sensibilité individuelle aux anti-inflammatoires. Les effets secondaires ne sont pas majorés lors de traitements longs par rapport aux traitements courts et ils ne sont pas statistiquement plus dangereux. Les effets digestifs sont fréquents (10 %), mais peu graves, et la probabilité de leur apparition diminue au bout de trois à dix jours. Les effets rénaux sont aussi peu fréquents, mais plus graves et non temps-dépendants. Ils apparaissent à la faveur d’une hypotension rénale (déshydratation, anesthésie), une situation souvent prévisible : ce n’est pas l’AINS qui crée l’insuffisance rénale, c’est l’association de l’AINS et d’une hypotension rénale qui en est la cause. De même, pour notre confrère, une insuffisance rénale chronique préexistante n’est pas un facteur de risque obligé pour les traitements longs chez les chiens arthrosiques. Chez le chat, les conclusions de la littérature sont similaires.

Les chondroprotecteurs ne modifient pas l’évolution de l’arthrose

La correction de l’excès pondéral est primordiale dans la prise en charge de l’arthrose. Un certain nombre d’aliments spécifiques sont efficaces. Une étude de haute valeur scientifique démontre que l’acide éicosapentaénoïque permet de diminuer l’utilisation des AINS. Les chondroprotecteurs doivent être considérés et employés comme des compléments alimentaires, « ni plus ni moins », et ne présentent pas d’effet analgésique. Le groupe Panda(1) (pour Plan national antidouleur arthrosique) indique qu’il n’existe pas de preuves scientifiques de l’efficacité des chondroprotecteurs : ils n’améliorent pas le confort de l’animal et n’endiguent pas les lésions associées à l’arthrose.

La gestion de l’activité physique est importante également : chaque cas étant particulier, les prescriptions du praticien font appel au bon sens et sont adaptées à l’animal et à son propriétaire.

Un épisode douloureux peut apparaître pendant la prescription de l’AINS à long terme. Il convient alors de recourir à l’utilisation “hors AMM” de certaines molécules, dont l’intérêt en médecine vétérinaire est prouvé par des études : tramadol à la dose de 2 à 5 mg/kg deux à trois fois par jour, amantadine à raison de 3 à 5 mg/kg/j. Une étude scientifique montre l’efficacité de l’instillation périarticulaire d’or métallique dans la gestion de la douleur de coxarthrose. Il s’utilise également sur d’autres articulations. Les ions or sont relargués et modi­fient l’environnement articulaire en apportant une antalgie à vie(2). Les mesures de rééducation fonctionnelle font encore cruellement défaut, mais devraient se développer.

  • (1) Le groupe Panda est composé de confrères et de trois laboratoires phamaceutiques. Il propose des outils à destination des praticiens et des propriétaires pour sensibiliser au bénéfice des traitements antalgiques à long terme chez l’animal arthrosique.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1317 du 30/5/2008 : « Des implants d’or permettent de traiter l’arthrose invalidante ». Voir aussi la bibliographie sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”. http://www.wk-vet.fr/mybdd/?visu=164&article=164_3443

CONFÉRENCIER

Bernard Bouvy, diplomate ECVS et ACVS, spécialiste en chirurgie des animaux de compagnie, praticien au CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne).

Article rédigé d’après la conférence « Douleurs articulaires chroniques : les moyens thérapeutiques médicaux », présentée au congrès de l’Afvac 2010 à La Défense.

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