La France épinglée par l’Europe sur la protection du hamster géant

Le grand hamster (Cricetus cricetus) est la seule espèce de hamster qui vit à l’état sauvage en Europe. Longtemps considéré comme nuisible pour l’agriculture, il a fait l’objet de campagnes de destruction massive, notamment dans les années 60. Depuis 1993, l’espèce est protégée. Elle est même considérée, depuis 2009, comme l’une des espèces de mammifères les plus menacées d’Europe. Pourtant, malgré la directive “habitats” qui a pour objectif le maintien ou le rétablissement de la biodiversité de l’Union européenne, les populations de hamsters sont toujours en déclin. C’est pourquoi Bruxelles a saisi la Cour de justice. Elle considère que la France n’a pas respecté ses obligations au regard de la directive et qu’elle n’a pas instauré de mesures suffisantes pour éviter la détérioration ou la destruction des sites de reproduction et des aires de repos de cette espèce.

Pratiques agricoles et urbanisation pèsent lourd sur le hamster

Le grand hamster, qui n’est à l’heure actuelle présent qu’en Alsace et seulement dans vingt-cinq communes, souffre des pratiques agricoles défavorables, notamment l’occupation des sols par des monocultures de maïs, mais également de l’urbanisation qui détruit ou perturbe ses sites de reproduction et de repos.

La cour a jugé que les mesures mises en œuvre en 2008 par la France n’étaient pas suffisantes pour assurer une protection stricte de l’espèce. En effet, entre 2001 et 2007, le nombre de terriers dans les zones prioritaires a été divisé par six. Parmi les dispositions jugées insuffisantes par la cour, la France a défini trois zones d’action prioritaire dans lesquelles un objectif de 22 % de cultures favorables au grand hamster (2 % de luzerne, 20 % de céréales à paille) devait être poursuivi. Or en 2008, il n’a été atteint que dans l’une des trois zones, qui ne représentent d’ailleurs pas plus de 2 % de l’ensemble des terres favorables au grand hamster d’Alsace.

Les associations de protection de l’environnement, dont France Nature Environnement, espèrent que cette décision servira d’électrochoc et que l’Etat reverra sa politique de protection des habitats, à l’heure actuelle largement insuffisante pour la sauvegarde de cette espèce.