Ostéopathie : régler la situation, au lieu de défendre une ligne Maginot - La Semaine Vétérinaire n° 1457 du 01/07/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1457 du 01/07/2011

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Patrick Chêne

Fonctions : vétérinaire et ostéopathe humain (Ariège)

Depuis quelque temps, il y a beaucoup d’agitation autour de l’exercice de l’ostéopathie animale. La nature a horreur du vide et cette spécialité correspond à un besoin : si les ayants droit ne s’en occupent pas assez, d’autres s’en chargent. Mais dans une société de diplômes et de règles, ces zones de non droit sont difficilement acceptables. Aussi, lorsque l’Ordre des vétérinaires et le ministère de l’Agriculture ont décidé en janvier de clarifier les règles, face à un Code rural régulièrement désigné comme vague lors des actions en justice, cela a provoqué une levée de boucliers de la part de nombreuses “activités” (professions ?) : dentistes, échographistes et ostéopathes, pour ce qui nous intéresse ici. D’où, en mars, un recours en Conseil d’Etat de l’Association des ostéopathes animaliers européens pour se voir reconnaître le droit d’exister. Il leur a été demandé de retirer leur recours contre une promesse de négociation. Elle a eu lieu, et s’est mal passée, dans le sens où un arbitrage du ministère a été nécessaire pour que, finalement, il y ait des chances que soit voté un amendement qui permette à un ostéopathe de ne pas être vétérinaire, sous conditions (listing, formation, conditions d’exercice, déontologie, etc., le tout à venir par décret).

La profession leur a reproché de l’obliger à agir sous la contrainte, mais soyons honnêtes : cela fait six ans que je répète à chaque réunion qu’il faut négocier avant d’y être contraint. Et chaque fois, les officiels bottaient en touche… Alors, on ne peut pas reprocher à ces gens-là d’avoir pris les voies juridiques pour forcer la discussion.

Pire que cela, on assiste, du côté vétérinaire, à une véritable harangue pour mobiliser les troupes : un langage très ambigu des présidents de l’Ordre et du syndicat, une pétition(1) pour appeler à la défense d’une ostéopathie strictement vétérinaire et, régulièrement, un double langage de la part de praticiens connus, selon lesquels l’ostéopathie doit rester vétérinaire d’un côté, et de l’autre qui disent d’accepter ou de faire appel à des ostéopathes non vétérinaires. Je suis de ceux qui déplorent toute cette agitation…

Un constat en découle : il existe des ostéopathes non vétérinaires qui pratiquent sur les animaux (au moins autant que de vétérinaires) et il convient de régler la situation au lieu de défendre une ligne Maginot qui n’est pas tenable au regard de la situation existante et des forces politiques actuelles (attaques régulières contre les professions protégées, etc.). Mieux vaudrait concentrer son énergie sur ce qu’on veut vraiment plutôt que de se lancer, pour de mauvaises raisons, dans une bataille qui semble perdue d’avance.

Parce qu’en fait, que veut-on ? Que celui qui se dit ostéopathe soit bien formé, c’est-à-dire que sa formation ressemble à autre chose qu’à quelques week-ends passés dans un club hippique. Qu’il sache où s’arrête son art et puisse s’intégrer dans une équipe soignante avec le vétérinaire. Qu’il respecte une certaine déontologie pour que tout le monde suive à peu près les mêmes règles. Autre possibilité, comme je l’ai entendu jadis d’un représentant national de l’Ordre : « L’ostéopathie, je ne sais pas ce que c’est, mais c’est à nous… » Si on se hâte d’oublier cette phrase, ce qui a été dit plus haut, on ne peut le demander qu’à des gens dont on a reconnu le droit d’exister, non à des hors-la-loi, lors de négociations franches et non pipées.

De toute façon, à moins d’arcanes législatifs imprévus, le texte passera au début de l’été et il sera alors temps de construire des décrets raisonnables pour tous. Aussi, nous avons peut-être la chance de négocier intelligemment, pour un peu plus de paix et d’harmonie. Alors, lançons nos forces vers ce but. Plus nous irons vite et efficacement, et plus nous arriverons à obtenir ce qui nous importe vraiment (formation, sécurité, complémentarité, déontologie).

Au contraire, plus nous nous réclamerons d’une exclusivité peu défendable à mes yeux, plus nous risquerons de trouver en face des ostéopathes “exclusifs”, dont les extrémistes pensent que l’ostéopathie devrait être interdite aux médecins et aux vétérinaires (j’en ai rencontrés). Or, selon moi, cette position est une vraie catastrophe…

Les différentes médecines doivent s’épauler et s’aider les unes les autres, y compris chez un même praticien. La plupart des vétérinaires ostéopathes ont montré qu’il est possible de concilier les deux, pour le plus grand bonheur des deux médecines, très, très loin de la caricature : une manipulation puis une injection.

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