Qu’on me donne l’envie, l’envie d’entreprendre - La Semaine Vétérinaire n° 1456 du 24/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1456 du 24/06/2011

Gestion d’entreprise. Forum à l’école d’Alfort

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

L’association Ergone a organisé son deuxième rendez-vous avec la profession, les 16 et 17 juin derniers à Alfort, sur le thème de l’entreprise vétérinaire.

Organisation du travail, partage des dividendes entre associés, management, utilisation d’indicateurs économiques, opportunités de développement, etc. Pour sa deuxième édition, le forum Ergone du développement vétérinaire a une nouvelle fois rempli l’amphithéâtre d’honneur de l’ENVA. Praticiens, professionnels de la gestion d’entreprise et entrepreneurs issus d’autres horizons sont venus partager leur “envie d’entreprendre”, baseline de l’association Ergone dont l’objectif est de promouvoir l’entreprise vétérinaire. Au programme de ces deux journées : divers partages d’expériences fondés sur le principe d’un témoignage de praticien (la pratique), d’un chef d’entreprise hors secteur vétérinaire (ce qui se fait ailleurs), complété par un consultant d’entreprise (la théorie). A retenir notamment deux présentations, l’une qui montre l’intérêt de recourir à des tableaux de bord de gestion pour piloter son entreprise, l’autre qui valorise l’utilisation d’Internet dans la création d’un nouveau service.

Le doigt mouillé est toujours mauvais conseiller

« Se gère bien qui s’évalue bien. » David Autissier, professeur de management à l’université Paris-Est Créteil, a redoublé d’exemples pour faire prendre conscience aux praticiens de l’intérêt de se mesurer. « Prenez deux équipes avec le même nombre de membres, installées dans un même lieu, chargées de vendre un produit identique par téléphone. Mais seule l’une des deux peut matérialiser chaque vente par un bruit de sonnette. Devinez qui vend le plus ? », interroge-t-il. Evidemment, l’équipe qui quantifie son action (30 % en plus dans l’étude). Il en va de même pour diriger une entreprise : impossible de prendre une décision sans repères (le doigt mouillé est mauvais conseiller) sur sa propre activité.

Louis-Marie Desmazières, l’un des onze praticiens de la clinique du Cheval de Grenade (Haute-Garonne), a détaillé le tableau de bord qu’il a constitué grâce à l’informatique via le logiciel non vétérinaire de gestion EBP. Tout y est ou presque : chiffre d’affaires total, chiffre d’affaires issu des actes, des médicaments, par activité, marge brute et remises de fin d’année (celles déjà versées et le montant de celles qui vont l’être), rentabilité par secteur, résultat avant imposition, amortissement du matériel, etc. Un travail de collecte et de mise en forme effectué par une secrétaire comptable presque quotidiennement. « En plus d’un bilan annuel et trimestriel, nous avons une visibilité au jour le jour de notre activité, s’enthousiasme Louis-Marie Desmazières. Cela permet de se rassurer ou au contraire de s’alarmer, d’effectuer des simulations, de disposer d’éléments clés de répartition des revenus entre associés, ou encore de justifier ou non tel ou tel investissement. » Une approche si détaillée est-elle indispensable ? « Non, répond David Autissier. Moins d’une dizaine de chiffres clés, mais qui représentent vraiment votre activité, peuvent suffirent : indicateurs de coûts (charges variables et fixes, etc.), indicateurs d’activité (actes effectués, etc.), indicateurs de performance (pourcentage de ventes rapporté aux clients, etc.), indicateurs stratégiques (marge nette, etc.). »

« Je suis patron d’une entreprise de 110 salariés, et j’ai des outils de pilotage moins importants que votre confrère », a témoigné dans ce sens Thierry Borrat, président-directeur général de DécoAder, une société de création d’autocollants en tout genre. Son tableau comporte une vingtaine de lignes. « Je prends du temps pour l’analyser, trimestriellement, toujours avec mon associé. Prendre du recul vis-à-vis de son activité est l’un des principaux conseils à suivre. »

« Etre présents aujourd’hui pour ne pas être sortis du marché demain »

Un autre témoignage évoque l’apport d’Internet dans le développement d’un nouveau service. Jean-Jacques Bynen, praticien à Beaune (Côte-d’Or), est venu “désosser” un nouveau service : la vente de croquettes en ligne par 17 vétérinaires de la région de Dijon(1). « Nous avons constaté, chacun de notre côté, une fuite de nos clients vers les sites web de vente d’aliments. Même si ce n’était pas alarmant, nous souhaitions être présents aujourd’hui pour ne pas être sortis du marché demain », explique-t-il. Une centrale d’achats partenaire permet d’aligner les prix sur ceux des produits les plus représentatifs du marché sur Internet et de limiter le coût de la distribution.

En pratique, le vétérinaire remet à son client un mot de passe (qui identifie le vétérinaire, donc le chiffre d’affaires généré par la clinique) pour se connecter sur le site et lui offre l’accès à un tarif privilégié. Le propriétaire règle en ligne et se fait livrer chez lui (contre un supplément important) ou vient chercher sa commande chez son vétérinaire. « Nous constatons régulièrement que les clients, en venant chercher leurs croquettes, achètent sur place d’autres articles », se réjouit Jean-Jacques Bynen.

Pour loger chiffre d’affaires, marge arrière et bénéfices, les praticiens sont associés dans une société par actions simplifiée (SAS). Coût de développement du site : 30 000 €. Bilan au bout de six mois : 1 192 inscrits, 56 791 € de chiffre d’affaires et un ratio de marge de 27,36 %. Quand l’envie d’entreprendre vient aux vétérinaires, ça marche… Lancez-vous.

Génération Y : le choc des cultures

Connaissez-vous les Y ? Ils succèdent aux X et aux BB. Les Y sont les “petits jeunes” que vous allez bientôt embaucher. Nés entre 1978 et 1994, ils sont un peu… différents de leurs aînés dans leur relation au travail et à l’entreprise. Les BB (pour baby-boomers), nés entre 1945 et 1963, fonctionnent culturellement sur l’honneur et la hiérarchie. Il y a un chef, des règles et il faut s’y plier. Le management marche à l’affectivité. « La manière de faire est aussi importante que l’acte lui-même et le résultat, relate Nathalie Bouscasse, consultante de l’organisme de formation professionnelle Cegos. La rémunération se conçoit à l’ancienneté et selon la formation. »

Les X, la génération suivante, nés entre 1964 et 1977, sont des pragmatiques. L’expérience et l’expertise priment sur le reste. « Ils donnent la priorité au groupe et valorisent le consensus : écouter, expliquer, s’accorder. Le manager ne domine pas à la façon du chef. Il est un membre du groupe et se vit comme un facilitateur », détaille encore Nathalie Bouscasse.

Le X rêve d’une rémunération égalitaire fondée sur l’expérience. Le Y, lui, fonctionne au contrat, à l’engagement réciproque. Il veut des règles du jeu claires. Question d’éducation : il a vu ses parents (les BB) divorcer et vivre le chômage. Dans ce monde d’incertitude, baigné dans la vitesse et la technologie, il veut de l’immédiat, du donnant-donnant, du gagnant-gagnant ; il ne se projette pas au-delà d’une année. « Lors d’un entretien d’embauche, il ne vient pas d’emblée à l’esprit d’un BB ou d’un X d’évoquer sa rémunération. Pour le Y, ce n’est pas un problème », explique Charles Facon, praticien aux Herbiers, membre d’Ergone, lui-même Y. Et c’est d’autant moins un souci que, contrairement à ses aînés, son salaire n’est pas la priorité. Il valorise avant tout les entreprises dynamiques, qui portent un projet qu’il pourra partager, ainsi que l’ambiance du groupe. La valeur travail n’est pas l’alpha et l’oméga de son existence : il travaille 35 heures et tient à ses congés, mais est capable de ne pas compter ses heures si sa mission est passionnante. « Aujourd’hui, même les grandes entreprises ont des difficultés à appréhender cette génération, note Nathalie Bouscasse. Voici quelques conseils pour bien recruter : clarifiez d’emblée le contrat, la rémunération, les missions, l’organisation (horaires, planning, congés, heures supplémentaires, etc.), communiquez, accompagnez ses premiers pas, créez des espaces de convivialité et donnez-lui de l’autonomie. » Evidemment, les caractéristiques de ces trois générations sont liées à une globalité. Chaque individu est le produit de sa culture, de son histoire, de son environnement social. Un BB peut parfaitement se révéler en Y. Mais si vous devez embaucher un Y, au moins, vous voilà prévenus.

N. F.
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