Une mauvaise hygiène de la litière entraîne un abcès des testicules chez un lapin

Un lapin mâle de six mois est présenté en consultation pour une inflammation des testicules. Ce lapin, qui pèse 1 kg, vit dans une maison en compagnie de quinze congénères des deux sexes, du nouveau-né au jeune adulte. Leur litière est constituée de copeaux de bois.

L’examen clinique révèle un arrière-train souillé par les urines, un œdème du fourreau, une nécrose des deux bourses testiculaires et un abcès sous-cutané ouvert en face interne de la cuisse gauche (^{voir photo 1}). L’état général et l’appétit sont normaux. Une castration et un parage chirurgical de l’abcès sont envisagés.

La castration révèle un abcès sur les deux testicules

Une diète préopératoire est déconseillée chez cette espèce, en raison du risque d’hypoglycémie et d’iléus digestif. Le lapin reçoit, vingt minutes avant l’anesthésie, une injection d’antibiotique (pénicilline G, à raison de 60 000 UI/kg par voie sous-cutanée), une d’anti-inflammatoire (méloxicam, à la dose de 0,3 mg/kg par voie sous-cutanée) et une d’antalgique (morphine, à 3 mg/kg par voie sous-cutanée). L’induction anesthésique est réalisée par l’inhalation au masque d’un mélange d’oxygène et d’isoflurane à 4 %, puis l’entretien est assuré par le même mélange à 2,5 %. Un tapis chauffant est utilisé pour prévenir l’apparition d’une hypothermie. La région pubienne est préparée chirurgicalement.

La bourse testiculaire gauche est incisée sur tout son pourtour, ce qui révèle un abcès testiculaire (^{voir photo 2}). Le cordon testiculaire est mis en extension et ligaturé à sa base à l’aide de Vicryl 2-0 (^{voir photo 3}). L’ensemble bourse-testicule est ensuite retiré, ce qui équivaut à une castration à testicule couvert. La même technique est appliquée au second testicule. Une dissection de la bourse et de la vaginale permet de vérifier que les deux testicules ont été retirés entièrement (^{voir photo 4}).

Le parage de l’abcès nécessite le retrait d’une zone cutanée nécrotique, le curetage du pus, ainsi que la dissection et le retrait des tissus sous-cutanés abcédés (^{voir photo 5}). Un rinçage au sérum physiologique tiédi permet le nettoyage du site opératoire (^{voir photo 6}). Une suture cutanée, constituée de neuf points simples, est réalisée à l’aide d’Ethilon 4-0 (^{voir photo 7}).

Une cicatrisation par seconde intention est envisagée

Un contrôle, avec l’injection de pénicilline G retard (60 000 UI/kg), est effectué toutes les quarante-huit heures. La litière est remplacée par du papier journal et des serviettes de bain. A J + 2, une déhiscence des sutures situées en regard de l’abcès est observée et un pus abondant est de nouveau retiré. Une cicatrisation par seconde intention est envisagée. Un curetage du pus au coton-tige et un rinçage de l’abcès à la povidone iodée diluée sont réalisés sur l’animal vigile à chaque contrôle. Au fur et à mesure, la quantité de pus diminue et les marges de la plaie se rapprochent. La cicatrisation complète a lieu à J + 30 (^{voir photos 8} à ¹¹). Un petit bourgeon cicatriciel résiduel tombera spontanément à J + 45.

Le traitement des abcès du lapin est chirurgical

Les abcès sous-cutanés sont fréquents chez le lapin, chez lequel le pus est généralement épais. Ils peuvent être secondaires à une plaie cutanée (par exemple la morsure d’un congénère) ou à une maladie systémique (comme la pasteurellose). Le manque d’hygiène, causé dans le cas présent par la surpopulation et une litière inadaptée et insuffisamment nettoyée, est un facteur favorisant. Le traitement passe toujours par la chirurgie, avec un curetage du pus et le retrait de la coque et des tissus infectés, associée à une antibiothérapie.

Il est généralement conseillé de ne pas procéder à une suture complète après le parage, mais de laisser une zone de drainage pour permettre la réalisation de soins locaux quotidiens. Dans le cas présent, une suture complète a tout de même été tentée d’emblée, en raison d’une localisation des lésions favorisant leur souillure par les urines et les fèces. Mais la formation du pus a entraîné la déhiscence des sutures quelques jours après l’intervention, obligeant à revenir à une cicatrisation par seconde intention.

Un examen bactériologique peut être réalisé pour identifier la ou les bactéries impliquées (par exemple Pasteurella multocida, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus), notamment en cas d’échec d’une première antibiothérapie. Celle-ci doit être mise en place jusqu’à la cicatrisation, généralement pendant trois semaines au minimum.