Danger, virus Ebola ? - La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Claude Caillère

Fonctions : praticien retraité à Dollon (Sarthe)

La mondialisation des circuits alimentaires, et l’incompétence de nos responsables sanitaires actuels – les fonctionnaires de l’Afssaps et de la Répression des fraudes travaillent 30 heures par semaine, ce qui implique qu’au restaurant le samedi et le dimanche, vous pouvez manger du chat… à la place de lapin – ont mis sur la touche les vingt mille vétérinaires de France. Ils sont pourtant les seuls spécialistes diplômés de l’inspection des viandes, des poissons et des produits alimentaires, mais aussi des “maladies exotiques” (tropicales et équatoriales). Ils sont en outre omniprésents sur le terrain, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, implantés sur tout le territoire et susceptibles d’assurer un contrôle permanent des points de vente, ce qui n’est pas fait actuellement. Il est urgent et de notre devoir de protection civile d’apporter nos compétences et expériences de terrain pour protéger la vie de nos enfants et celle de toute la population.

Ainsi, la contamination de “concombres espagnols” par Escherichia coli est certes possible et regrettable, mais signe d’abord un manque de contrôle sanitaire à la base, chez tous les producteurs de produits alimentaires. Ces derniers doivent se conformer à une surveillance et des règles sanitaires strictes, obéir à un cahier des charges très précis, et éviter ainsi que des légumes ne soient arrosés par du purin ou des eaux contaminées… C’est ce qu’avait mis en place l’Armée française pendant la guerre d’Algérie.

L’importante mortalité déclarée sur toute l’Europe attribuée à ce colibacille, un germe banal et sensible aux antibiotiques, m’interpelle. En effet, les symptômes déclarés (entérite hémorragique, syndrome hémolytique et urémique, etc.), pour lesquels il ne devrait pas y avoir de décès ou peu, ressemblent curieusement à une maladie beaucoup plus grave : celle provoquée par le virus Ebola, beaucoup plus dangereux et contre lequel nous sommes dépourvus de tout traitement. Il est regrettable que les autorités sanitaires soient passées à côté de ce danger et de ce diagnostic, d’autant que les virus sont difficiles à détecter au laboratoire : cultures spéciales, coûteuses, dont les résultats demandent en général trois semaines, recherches au microscope électronique, etc.

Il serait utile de combler rapidement cette lacune. D’autant que, sans vouloir affoler la population ni créer une psychose, des dangers de bioterrorisme existent. Ce virus avait été recherché en 1996 par une secte japonaise pour mettre en place une forme de guerre “bactériologique”… La situation réclame de rester vigilant. Conclusion : il est urgent de réorganiser le contrôle sanitaire en France. C’est ce qu’a curieusement demandé le Conseil d’Etat il y a peu, condamnant l’Etat, les pouvoirs publics, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Mais chante toujours… Combien de morts faudra-t-il attendre ?

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