Ceveo met en place des sentinelles épidémiologiques dans les campagnes

Depuis plus de quinze ans, Ceveo, l’association vétérinaire de Rhône-Alpes, aide les pays d’Europe de l’Est à se structurer et à se former. Le Vietnam et plus récemment le Laos (dont la région centrale Kamouane est jumelée à la région Rhône-Alpes) se sont joints à la liste.

Le Laos compte peu de vétérinaires (une soixantaine) et aucun n’agit sur le terrain. Après trois opérations préparatoires, dont celle de 2008 qui fut décisive pour les suites à donner dans la province de Kamouane, deux missions ont été menées, l’une fin 2009, l’autre en 2010. Leur objectif : former des villageois veterinary workers (VVW, paysans identifiés par les autorités locales) et évaluer les besoins de formation avec des responsables universitaires.

Une formation théorique et pratique pour les sentinelles

A la demande des autorités sanitaires laotiennes, la mission de Ceveo a consisté à rendre opérationnelles sur le terrain des sentinelles capables de reconnaître une maladie épizootique grave (fièvre aphteuse, grippe H5N1), ainsi que quelques zoonoses, afin de les encourager à déclarer l’apparition d’une affection. Le but poursuivi est d’éviter aux Laotiens de consommer des animaux malades ou morts de zoonose (charbon, salmonellose, etc.). En outre, ces VVW sont encouragés à transmettre l’information à d’autres paysans dans les villages dont ils sont issus.

Dans la province de Kamouane, une vingtaine de paysans ont ainsi suivi une formation théorique (bases médicales, de la cellule aux maladies et aux vaccins) et pratique (réalisation d’un examen, propédeutique médicale, description de maladies).

En 2010, Ceveo a effectué une mission identique dans un autre village. Les participants de 2009 sont venus échanger sur leur bilan : quelques paysans ont ainsi su détecter des maladies graves (septicémie hémorragique, par exemple), ont réussi à recueillir les symptômes et à conclure qu’il fallait déclarer la maladie identifiée. Ces échanges, dans le cadre de la faculté vétérinaire de Nabong (banlieue de la capitale Vientiane), ont été fructueux. Même si les responsables locaux sont inquiets du retard qu’ils ont pris dans la formation.

Le vétérinaire souffre d’un manque de reconnaissance

Le métier de praticien est inconnu au Laos et ne bénéficie pas d’une reconnaissance sociale. Les quelques vétérinaires qui exercent ont acquis leur savoir en Thaïlande et au Vietnam. Ils ne viennent pas spontanément vers le métier de vétérinaire, ils sont en général issus de la filière médicale humaine où ils ont échoué. Les matières de base (anatomie, physiologie, alimentation des monogastriques) sont enseignées, mais la sémiologie et les maladies non. Une coopération ciblée est donc envisagée avec VetAgro Sup (Lyon).

Les responsables universitaires et politiques du pays voudraient voir des praticiens sur le terrain. Mais pour le moment, le but de l’étudiant vétérinaire est d’obtenir un diplôme qui lui donnera rapidement la possibilité de travailler comme responsable. En revanche, la formation au travail effectif de vétérinaire de terrain (surtout dans les campagnes) sera plus longue à se mettre en place, et fait partie de la mission de Ceveo.

L’association espère que ce début de coopération sera bien compris par ses financeurs et pourra perdurer. Le Laos n’est encore qu’un pays en voie de développement, contrairement au Vietnam où Ceveo a œuvré plus de dix ans avant qu’il commence à voler de ses propres ailes.