Un diplômé d’un pays tiers doit obtenir l’équivalence pour exercer en France - La Semaine Vétérinaire n° 1454 du 10/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1454 du 10/06/2011

Vétérinaires hors d’Europe

Éclairage

VIE DES ÉCOLES

Auteur(s) : Hélène Vandenberghe

Les épreuves de contrôle des connaissances se déroulent une fois par an à Nantes (Oniris). Une cinquantaine de candidats se sont présentés à la session d’avril 2011.

En France, l’exercice de la profession vétérinaire est soumis à des conditions de nationalité et de diplôme (voir encadré). Les confrères qui ne répondent pas à ces conditions peuvent déposer un dossier auprès de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) dans le but de passer l’examen qui se déroule chaque année à l’école de Nantes (Oniris), afin d’obtenir une équivalence de diplôme. Trente-huit personnes, majoritairement diplômées des pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), se sont présentées à la session 2011. Un jury, nommé par arrêté et constitué de professionnels du milieu vétérinaire(1), du vice-président du conseil général et présidé par Pierre Saï, directeur d’Oniris, s’est réuni pour évaluer les candidats.

Trois journées pour jauger l’ensemble des compétences

« Il s’agit avant tout de réussir les épreuves écrites », souligne Jean-Pierre Ganière, ancien professeur en pathologie infectieuse à Nantes et membre du jury depuis plusieurs années. En effet, les candidats sont, dans un premier temps, soumis à des épreuves d’admissibilité sous forme de questionnaires à choix multiples, portant d’une part sur les sciences cliniques des carnivores et des équidés, sur l’hygiène, la qualité et la technologie alimentaires, sur les productions animales et la pathologie des animaux de rente et, d’autre part, sur la législation vétérinaire (réglementation sanitaire, protection des animaux, pharmacie, sécurité sanitaire des aliments et déontologie). « Les candidats doivent obtenir une moyenne au moins égale à 10/20 pour l’ensemble des épreuves d’admissibilité. Toute note inférieure à 5/20 à une épreuve écrite est éliminatoire. »

Trois épreuves orales et pratiques d’admission ont lieu les jours suivants, l’une de type questions et entretien sur la législation vétérinaire, les deux autres de type questions de cours et cas pratiques portant sur deux des trois autres domaines évalués à l’écrit pour les épreuves d’admissibilité (le candidat doit néanmoins se présenter obligatoirement à une épreuve, orale ou pratique, portant sur les sciences cliniques des carnivores et des équidés). A l’issue des épreuves, les candidats dont la moyenne pondérée des notes est supérieure à 10/20 sont déclarés admissibles(2).

Beaucoup de sacrifices pour un examen controversé

Lahouari Ameur, major de la session 2011, a obtenu son diplôme à l’école d’Alger en 1990. Il a exercé deux ans en médecine rurale avant de venir en France. « La préparation de l’examen a été longue et difficile, car je n’avais pas d’idée précise sur la conception des sujets, pas d’annales ni de support de révisions : il a fallu me remettre à niveau seul, sachant, par exemple, que nous n’avions pas de matériel de radiologie à Alger lorsque j’y étudiais ! Après ces trois journées riches en émotions et en stress, je vais enfin pouvoir m’inscrire à l’Ordre et recommencer à travailler. »

Même constat pour Pascale Janvrin, diplômée aux Philippines, qui a obtenu son équivalence en 2007 et travaille aujourd’hui à la Direction départementale de la Sarthe : « L’examen est effectivement difficile à préparer : j’ai travaillé plus de dix heures par jour pendant plusieurs mois pour l’obtenir. Après, cela reste délicat de s’intégrer tout de suite à la profession. » Et pour cause : durant leur préparation, qui peut durer plusieurs années, les candidats qui résident en France ne pratiquent pas et, s’ils étudient la législation française, ne profitent pas pour autant d’une immersion dans leur futur contexte de travail.

« Aux Etats-Unis, le système est différent, explique Pascale Janvrin. Les candidats doivent passer un board et, s’ils l’obtiennent, peuvent intégrer la dernière année d’études. Ils reprennent alors la pratique et apprennent à cerner la médecine américaine. Un second examen réussi en fin d’année leur permet alors d’obtenir l’équivalence. En France, un niveau élevé est imposé aux candidats, mais qui ne les familiarise pas pour autant avec les réalités de la pratique vétérinaire dans l’Hexagone. »

Ainsi, parmi les candidats qui ont passé les épreuves avec succès, nombreux sont ceux qui prévoient de suivre une formation complémentaire en France avant d’exercer. « Avant l’examen, j’ai effectué un stage de plusieurs mois en pathologie du bétail à l’école d’Alfort, et j’aimerais y retourner pour me perfectionner », affirme l’un d’eux, tandis qu’un autre pense déjà à suivre une formation complémentaire en dermatologie.

Un examen exigeant, donc, mais qui ne permettrait pas aux candidats admis d’être d’emblée opérationnels sur le terrain. « A l’heure où on parle de l’ouverture d’une cinquième école à Metz pour pallier le manque de vétérinaires en médecine rurale, on conserve un système d’équivalence délibérément protectionniste », déplore Pascale Janvrin.

  • (1) Directeur général de l’alimentation, professeurs des ENV en clinique des animaux de compagnie et des équidés, en productions animales, en hygiène alimentaire et en maladies contagieuses, praticien désigné par l’Ordre des vétérinaires, directeur départemental en charge de la protection des populations.

  • (2) Source : arrêté du 3/3/2010 relatif à l’organisation du contrôle des connaissances pour les vétérinaires dont le diplôme ne bénéficie pas d’une reconnaissance automatique en France.

  • (3) Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.

Conditions d’exercice en France

Sont habilités à pratiquer la médecine et la chirurgie des animaux domestiques, à inspecter des denrées pour la DDCSPP(3), à exercer en tant que vétérinaire responsable, délégué ou adjoint dans les établissements pharmaceutiques vétérinaires, les ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne, de Suisse, ou ceux d’un autre pays signataire de l’accord sur l’Espace économique européen, diplômés d’un de ces Etats. Toute personne qui possède l’une de ces nationalités et est titulaire du diplôme d’un pays tiers, non reconnu par arrêté ministériel, doit, si elle souhaite exercer la profession vétérinaire en France, passer avec succès le contrôle de connaissances qui a lieu chaque année à Oniris (à moins qu’une habilitation ne lui ait déjà été délivrée dans un autre Etat membre et qu’elle puisse se prévaloir de trois années d’exercice professionnel dans ce pays).

H. V.
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