La prévention de la malocclusion dentaire passe par une alimentation riche en fibres

Les lapins ont des dents à pousse continue. Les incisives sont de type hypsodonte (à racine ouverte), ce qui permet une pousse de 2 mm environ par semaine (2 mm pour les incisives supérieures et 2,4 mm pour les inférieures). Par ailleurs, ces dents ne présentent de l’émail dur que sur la face antérieure. La partie linguale, plus tendre, s’use par conséquent plus rapidement, ce qui confère à la face antérieure un bord tranchant. Les molaires et les prémolaires possèdent également un bord tranchant. Sur la mâchoire supérieure, ces dents sont hypsodontes sur leur face interne, et brachyodontes sur leur face externe. Cela leur confère une légère inclination vers l’extérieur de la cavité buccale (c’est le contraire pour les molaires et prémolaires de la mâchoire inférieure).

La mandibule est plus étroite que le maxillaire. Cet anisognatisme est physiologique. Par conséquent, les faces occlusales ne sont pas parfaitement en contact entre elles au repos.

En raison des particularités dentaires du lapin, toute malposition des incisives se complique par un défaut d’usure de celles-ci, et les dents continuent de pousser de façon anarchique. Les malocclusions correspondent à un mauvais positionnement des dents du lapin. Les incisives supérieures sont alors décalées par rapport aux inférieures.

Ces affections ont le plus souvent une origine congénitale

La pousse anarchique des dents génère des traumatismes de l’intérieur des joues et de la langue du lapin et empêche une bonne préhension et une bonne mastication des aliments. L’animal diminue d’abord son ingestion et présente un ptyalisme (susceptible de conduire à une dermatite suintante sur le menton). Ensuite, une anorexie et un amaigrissement peuvent survenir. Les cas graves s’accompagnent de mortalité.

Différentes complications sont possibles. Si les incisives, les prémolaires ou les molaires supérieures transpercent le plancher sinusal, le lapin peut présenter un jetage. De plus, les malocclusions sont parfois à l’origine d’abcès dentaires. Ces affections ont le plus souvent une origine congénitale, mais peuvent également avoir des causes traumatiques (fractures qui entraînent une déviation de la mâchoire) ou alimentaires (ration pauvre en fibres). Une origine métabolique, avec une carence en vitamine D, est également à envisager.

Les animaux atteints sont à écarter de la reproduction

La dentition définitive du lapin est complètement installée dès l’âge de trois à cinq semaines. C’est pourquoi, en élevage rationnel, la portée de ces affections est limitée la plupart du temps, car les lapins sont abattus jeunes (vers dix à douze semaines d’âge). Cependant, elles peuvent apparaître précocement dans certains cas (vers huit semaines d’âge). Le traitement consiste à limer les dents pour rétablir leur bon affrontement. Cependant, en élevage, cette intervention est compliquée à réaliser, car elle requiert du temps et, parfois, la tranquillisation de l’animal. Couper les dents avec des pinces permet également de rajuster leur longueur. Cependant, cette solution comporte des risques de microfissures, qui fragilisent les racines et peuvent provoquer des fractures ou des infections. La meilleure prévention consiste à distribuer une ration riche en fibre (cellulose et lignine). De plus, les animaux qui présentent cette affection, fréquemment héréditaire, sont à écarter de la reproduction.