Les vétérinaires sapeurs-pompiers sont des conseillers techniques - La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011

Véronique Vienet (L 95), vétérinaire sapeur-pompier

Éclairage

UNE JOURNÉE AVEC…

Auteur(s) : Maëlle Gouix

Le sauvetage des animaux en détresse, la protection des personnes contre un animal dangereux et la santé publique sont leurs trois missions principales.

La rencontre avec Véronique Vienet, vétérinaire chef du Service départemental d’incendie et de secours des Alpes-Maritimes (SDIS 06), a lieu à la caserne du Bar-sur-Loup qui accueille le Groupe sauvetage animalier (GSA) qu’elle anime. Elle est seule, les agents de garde du GSA sont en intervention, ce qui annule l’entraînement prévu à la téléanesthésie sur des cibles en 3D. A peine assise, notre consœur est sollicitée au téléphone par la gendarmerie pour un problème sanitaire. Un singe magot a été importé illégalement du Maghreb et sa vaccination antirabique est douteuse. Puis le téléphone sonne de nouveau : cette fois, une intervention est nécessaire pour venir en aide à un cheval bloqué au bord d’un ravin. Avec l’aide du GSA, l’animal sera ramené sur la terre ferme en longe et rendu à sa propriétaire. En l’écoutant s’adresser avec cordialité, mais fermeté à ses interlocuteurs, on comprend vite qu’il ne lui est pas difficile d’asseoir son autorité dans un milieu pourtant exclusivement masculin.

Pas de routine et l’accès à des espèces variées

Les vétérinaires sapeurs-pompiers du SDIS 06 assurent en moyenne une centaine d’interventions par an, toutes espèces animales confondues. La moitié d’entre elles concernent des animaux sauvages (sauf les gibiers, du ressort de l’Office national de la chasse) ou la faune sauvage apprivoisée et captive. Cela suppose de trouver ensuite un centre de réhabilitation adapté ou une structure d’accueil détenant un certificat de capacité.

Au cours de sa carrière, Véronique Vienet a côtoyé des loups, des dauphins, des tortues marines, des rapaces, des sangliers “de compagnie”, des chevreuils, des singes, des fauves, des serpents locaux et exotiques, des mygales, des scorpions, etc. Elle s’est même retrouvée deux fois avec un baleineau de 6 t sur les bras. Sa formation en faune sauvage ? « A la débrouille ! La rurale m’a beaucoup appris dans ce domaine », estime-t-elle.

Les autres interventions, sur les animaux domestiques dangereux et/ou blessés, se limitent aux soins conservatoires d’urgence. Ils sont ensuite hospitalisés chez un confrère ou envoyés huit jours en fourrière, « lorsqu’elle existe », selon les dispositions prises par les communes. La grande diversité des espèces animales rencontrées oblige à se tenir informé (recherche bibliographique, lecture d’articles, échange avec des confrères spécialisés en faune sauvage et animaux de zoo, etc.), ne serait-ce que pour transmettre les informations utiles au personnel sapeur-pompier du GSA.

Le premier poste de vétérinaire sapeur-pompier salarié

Après ses études à Lyon, Véronique Vienet exerce en pratique libérale (petits animaux et NAC). Puis le hasard place sur sa route l’ancien vétérinaire chef du SDIS 06, qui la met sur les rails. « Lors de ma première intervention, une jument était tombée de 70 m. J’ai dû enfiler le baudrier pour descendre en rappel la tranquilliser… Elle n’avait rien de grave, mais il fallait la sortir de là ! » Notre consœur, en revanche, attrape le virus ce jour-là. Elle suit la formation initiale à l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers. « Pendant dix jours, les participants sont plongés dans le contexte administratif particulier aux sapeurs-pompiers. Ils découvrent les divers moyens mis à leur disposition et les techniques de contention spécifique des animaux, y compris la téléanesthésie. » Pendant cinq ans, elle travaille à la fois avec les pompiers, en tant que volontaire et en cabinet libéral. Puis elle devient, en 2005, sur proposition du directeur du SDIS 06 et du médecin chef, le premier vétérinaire “professionnel”– il y en a un deuxième depuis dans le Rhône – et porte l’uniforme de sapeur-pompier à temps plein avec bonheur.

Depuis,VéroniqueVienet supervise trois confrères volontaires (rémunérés en astreinte) et ils se partagent sur l’année les permanences d’une semaine entière chacun, de jour comme de nuit. Compte tenu du taux élevé de sollicitation des vétérinaires sapeurs-pompiers (une intervention tous les trois jours en moyenne), le recrutement d’autres confrères est à l’ordre du jour. Avis aux amateurs…

LES MISSIONS DES VÉTÉRINAIRES SAPEURS-POMPIERS

Les 300 vétérinaires sapeurs-pompiers recensés en France n’ont pas vocation à commander. Ils sont les conseillers techniques du Service de santé et de secours médical des sapeurs-pompiers (SSSM) en matière de risque animalier.

Leurs missions principales sont de trois types :

– le sauvetage des animaux en détresse, blessés ou en danger ;

– la protection des personnes contre un animal dangereux, qui entrave les secours, présente un comportement agressif ou appartient aux espèces venimeuses ;

– la santé publique : lorsqu’un animal représente une menace pour l’environnement ou la population (par exemple, des oiseaux sauvages dans un contexte de grippe aviaire), mais aussi en cas de bioterrorisme (la menace à l’anthrax est d’actualité).

S’ajoutent à ces missions la formation des nouveaux vétérinaires et des équipes animalières et cynotechniques, et celle au risque animalier des sapeurs-pompiers non spécialistes. Enfin, la médecine d’aptitude et le suivi médical des chiens de recherche des personnes, ainsi que les missions relatives à l’hygiène alimentaire (restauration collective en caserne ou sur intervention longue durée) incombent également aux vétérinaires sapeurs-pompiers, dont les maîtres mots sont l’adaptabilité et la réactivité.

M. G.
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