Les coccidioses constituent la première cause de mortalité chez le gecko léopard en captivité - La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011

Pathologie de Eublepharis macularius

Formation continue

NAC

Auteur(s) : Lionel Schilliger

Fonctions : diplomate de l’European College of Zoological Medicine en herpétologie et praticien à Paris

Aucun traitement n’apparaît suffisamment efficace pour “blanchir” ce reptile quand il est porteur de coccidies ou de cryptosporidies. Au sein d’un élevage, l’euthanasie des animaux est souvent nécessaire.

A l’instar de certains reptiles, tels que le python royal (Python regius) ou le serpent des blés (P. guttatus), le gecko léopard (Eublepharis macularius, voir tableau) a longtemps été relégué au statut péjoratif de “reptile pour débutant”, en raison de son faible coût en animalerie et de sa relative tolérance à des conditions d’entretien parfois approximatives. Pourtant, aujourd’hui, ce “faux” gecko à “vraies paupières’ (ainsi que son nom scientifique l’indique étymologiquement), suscite les convoitises les plus déraisonnables chez de plus en plus de passionnés. En effet, la grande diversité des mutations génétiques dont il fait l’objet en captivité et les robes étonnantes qui en résultent rendent telle ou telle phase insolite, rare, donc particulièrement attrayante.

Sur le plan sanitaire, ce joli petit lézard est réputé assez “rustique” en captivité. Cependant, il est également susceptible de souffrir d’un éventail éclectique de maladies inhérentes à la vie en terrarium : affections parasitaires (oxyuridose et coccidiose), métaboliques (ostéofibrose et lipidose hépatique), gynécologiques et obstétricales (stases folliculaires et rétentions d’œufs), dermatologiques (intolérance à certains UVB de trop basse longueur d’onde) et mécaniques (occlusions intestinales)(1).

L’hygiène du milieu de vie est essentielle pour éradiquer l’oxyuridose

Les oxyures sont les nématodes les plus courants chez le gecko léopard. Ils sont généralement bien tolérés, voire commensaux, dans la nature (voir photo 1). En captivité, en raison de modification du régime alimentaire (due à un ralentissement du transit intestinal, par exemple), ils peuvent se développer en grand nombre dans le côlon et exercer un effet de spoliation ou de blocage du transit (“pelotes” d’oxyures). L’infestation est directe, horizontale, et s’opère par l’ingestion d’œufs présents dans le terrarium (les grillons ingérés peuvent être porteurs). Le fenbendazole (Panacur® 2,5 % buvable) est le traitement de choix de cette parasitose (50 mg/kg, une fois par jour pendant trois jours, en deux cures espacées de dix à quinze jours). L’association d’emodepside et de praziquantel (Profender®) semble également donner de bons résultats contre cette nématodose (posologie : quatre gouttes pour 100 g de poids, une fois par mois pendant trois mois, voir photo 2). L’hygiène du milieu de vie est indispensable pour éradiquer cette parasitose généralement tenace.

L’élimination totale des coccidioses est impossible

Les coccidioses (dont la cryptosporidiose) constituent la première cause de mortalité chez le gecko léopard en captivité. Elles sont provoquées par divers protozoaires digestifs (Eimeria et Isospora pour la coccidiose, Cryptosporidium pour la cryptosporidiose), qui parasitent la muqueuse de l’intestin grêle où ils se reproduisent. Leurs ookystes sporulés infestants sont éliminés dans les fèces de l’hôte (voir photo 3). Les cryptosporidies, qui sporulent dans le tube digestif, sont directement infectantes, contrairement aux autres coccidies, moins contagieuses, qui sporulent dans l’environnement. Le cycle évolutif est direct, ce qui explique le caractère hautement contagieux de cette affection. Les symptômes sont peu spécifiques : amaigrissement, diarrhée, déshydratation, léthargie, régurgitations, sang dans les fèces et mort après un passage à la chronicité (voir photos 4 et 5). Son mode de transmission est supposé horizontal et vertical, car des geckos léopards juvéniles sont fréquemment porteurs de ces parasites sans avoir été en contact avec des congénères. Comme lors d’oxyuridose, l’auto-infestation est classique.

Le diagnostic fait appel à une analyse de laboratoire effectuée sur les fèces de l’animal (méthode Elisa). Toutefois, dans la mesure où l’excrétion fécale des parasites est inconstante (pulsatile), ce test n’est pas très sensible (risques de faux négatifs). Par conséquent, les examens sont à renouveler au cours de la période de quarantaine.

L’éradication totale de ces parasites digestifs est impossible et, malheureusement, le traitement de la coccidiose et de la cryptosporidiose du gecko léopard est, comme chez le pogona, toujours décevant. Il repose sur l’utilisation de diverses molécules : la paromomycine (connue auparavant sous le nom déposé de Humatin®(2) ou Humagel® (2), elle n’est plus disponible en France, mais elle est couramment utilisée de nos jours en Allemagne, avec succès semble-t-il), la sulfadiméthoxine (Ocecoxil®), le toltrazuril et apparentés (Baycox®), l’association sulfaméthoxazole-triméthoprime (Bactrim®(2)), etc. Néanmoins, à ce jour, aucun de ces traitements ne s’est révélé suffisamment efficace pour “blanchir” totalement un animal porteur. Certes, quelques cas de coccidiose ont parfois débouché sur une apparente guérison, mais les rechutes sont fréquentes et peuvent survenir au bout de plusieurs mois ou années, à la faveur d’une baisse momentanée des défenses immunitaires. De plus, les diverses molécules thérapeutiques citées ci-dessus sont toutes potentiellement néphrotoxiques chez les reptiles. Si le traitement est entrepris, les lézards doivent être copieusement hydratés afin de prévenir l’apparition de goutte viscérale.

Malheureusement, l’euthanasie des geckos léopards reconnus porteurs de coccidiose ou de cryptosporidiose est souvent la seule solution pour venir à bout d’une épizootie de coccidiose dans un élevage. Lorsque la maladie concerne un seul animal maintenu en terrarium, des soins peuvent raisonnablement être mis en place, en prévenant le propriétaire du pronostic.

L’hygiène est de mise lors de coccidiose

Certaines mesures hygiéniques sont à respecter en prévention ou en cas de coccidiose à Isospora ou à Cryptosporidium chez le gecko léopard.

• La quarantaine est la première précaution : pendant deux à trois mois, il importe d’observer les fèces de l’animal. Celles-ci ne doivent jamais être diarrhéiques. Il est prudent d’effectuer plusieurs recherches de coccidies au moyen d’un examen direct entre lame et lamelle, et de cryptosporidies avec la méthode Elisa, au minimum à deux ou trois reprises pendant cette période.

• L’aménagement du terrarium est simplifié au maximum : le substrat est remplacé par du papier journal. Tous les éléments de décor en bois ou en pierre sont supprimés.

• L’environnement de l’animal est nettoyé à l’eau de Javel une à deux fois par jour. Les papiers journaux sont jetés et remplacés après chaque défécation.

• Les récipients destinés à l’abreuvement sont soigneusement lavés deux fois par jour.

• Les insectes qui n’ont pas été consommés par les geckos au bout de vingt-quatre heures sont sacrifiés et en aucun cas réutilisés pour un repas suivant.

L. S.
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