Le bilan sanitaire d’écurie, une opportunité à saisir pour la filière équine - La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011

Nantes. Atelier équin des journées annuelles de la SNGTV

Actualité

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Dans le contexte du thème du congrès de Nantes, « les visites d’élevage », la commission équine de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) s’est d’abord penchée sur le bilan sanitaire d’écurie (BSE). Une enquête menée auprès des membres de la commission équine, présidée par notre confrère Pierre-François Mazeaud, met en lumière les difficultés que rencontrent les vétérinaires équins pour mettre en place le BSE chez leurs clients : 60 % des praticiens qui exercent en équine pure ne l’ont pas encore réalisé, versus 25 % chez les mixtes. Des réticences existent, notamment en raison des spécificités de leur clientèle.

« Le bilan sanitaire d’élevage résulte des dispositions du décret “prescription-délivrance” du 24 avril 2007(1) et de ses annexes(2) », a précisé Michel Martin-Sisteron (Conseil supérieur de l’Ordre) pour introduire la session. Son but n’est pas de libéraliser la prescription et la délivrance des médicaments, mais de l’encadrer et de l’adapter aux conditions modernes de l’élevage. Le client garde le choix de son dispensateur de médicaments. Le vétérinaire traitant, qui établit le BSE, est celui qui dispense personnellement des soins réguliers dans l’écurie.

Le bilan comprend des renseignements généraux sur l’élevage ou l’établissement du détenteur, mais aussi des données cliniques, techniques, zootechniques et sanitaires, ainsi que la liste des affections considérées comme prioritaires. Le protocole de soins doit mentionner le programme général des mesures de prévention thérapeutiques ou sanitaires et la liste des maladies pour lesquelles une prescription pourra être effectuée sans examen clinique préalable immédiat des animaux.

Une approche “pathologie de groupe et prévention”

« Au-delà du simple respect de la réglementation, la réalisation, tous les ans, d’un bilan sanitaire d’écurie est une opportunité pour tous les acteurs de la filière équine », a souligné Xavier d’Ablon, praticien à Deauville (Calvados). C’est l’occasion, pour les professionnels, de réaliser une analyse de la situation de chaque écurie, de valider les savoir-faire et la mise en œuvre effective des bonnes pratiques, de comparer les exercices, d’identifier l’apparition de dérives et les points d’amélioration, de déterminer les objectifs de l’année à venir et de bâtir un plan d’actions concrètes avec le praticien. Pour le vétérinaire, les enjeux sont multiples : se positionner comme le partenaire conseil de la filière équine, nouer des relations positives avec les éleveurs dans une approche “pathologie de groupe et prévention”, reprendre la main sur un marché où la consommation de médicaments est anarchique, etc.

A titre d’exemple, plusieurs confrères ont présenté les spécificités des BSE dans différentes structures équestres : Laurent Brogniez (Saint-Lambert-des-Bois) dans les clubs hippiques où les affections récurrentes sont les coliques et les boiteries, Denis Dugardin (Calvados) dans les élevages où la fertilité des juments et la pathologie néonatale sont des priorités. Philippe Camuset (Yvetot) a insisté sur la porte d’entrée que représente l’audit parasitaire dans un effectif équin, notamment dans le cadre des BSE.

L’orthopédie de campagne en pratique

Après une introduction pratique sur l’examen orthopédique de base (Laurent Brogniez), la journée a été rythmée par des présentations en duo vétérinaire-maréchal (Yvon Le Roy) pour une approche résolument concrète des boiteries. Ainsi, l’abcès de pied, l’appréciation de la qualité de la ferrure et du parage normal, la fourbure, les fers orthopédiques, la ferrure des chevaux lourds et des ânes ont fait l’objet de sessions illustrées.

Philippe Ciantar (Calvados) a présenté l’arsenal thérapeutique, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Bernard Lesobre (Savoie) a fait le point sur la myopathie atypique, notamment avec la découverte de l’agent infectieux incriminé, Clostridium sordelli.

Prix de thèse de la commission équine

La journée équine du congrès de la SNGTV était ponctuée par les présentations du traditionnel prix de thèse, organisé par Bernard Lesobre, de la commission équine.

• Anne-Juliette Gouze (1er prix) a présenté « les recours offerts à l’acheteur d’un cheval litigieux, analyse des arrêts des cours d’appel de 1999 à 2009 ». Le commerce du cheval est un marché complexe. Lors de l’achat, il n’y a pas, la plupart du temps, de contrat écrit. De plus, l’objet de la vente est spécifique puisqu’il s’agit d’un être vivant et sensible, non d’un simple objet de consommation. Cette thèse vise à faire le point sur la situation et à vérifier si les garanties offertes à l’acquéreur d’un cheval litigieux par l’ensemble des textes de loi sont toujours effectives.

• Jenny Hary (2e prix) a réalisé un travail très concret sur « l’approche pratique de l’âne pour le vétérinaire », illustré par un cédérom de qualité.

• Estelle Cotillon (3e prix) est récompensée pour « l’entérite proliférative à Lawsonia intracellularis chez le poulain ». Les signes cliniques majeurs sont l’œdème ventral (secondaire à une hypoprotéinémie majeure), l’abattement, l’anorexie, l’hyperthermie et la diarrhée. Cette affection fait partie du diagnostic différentiel des diarrhées infectieuses et parasitaires du poulain.

Les lauréates ont reçu une invitation pour le congrès de Genève 2012 de notre confrère Pierre Chuit et un chèque de la part du partenaire (et confrère) Emmanuel Woringer (Pfizer), en présence du président de la SNGTV, Christophe Brard, et de son trésorier, Jean-François Labbé (voir photo).

S. P-.J.
  • (1) Journal officiel du 26/4/2007.

  • (2) Journal officiel du 6/5/2007.

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