C’est l’heure du bilan pour le plan d’éradication de la diarrhée virale bovine en Suisse - La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011

Prévalence de la BVD

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Marie Harlet

Une réduction de 1,8 à 0,2 % de la proportion de veaux nouveau-nés porteurs du virus est objectivée à l’issue des deux premières années de la campagne menée contre la maladie.

La prévalence sérologique de la diarrhée virale bovine (BVD) en Suisse, estimée en 2008 à 60 % à l’échelle de l’individu et à 100 % à celle du troupeau, a motivé la mise en place d’un programme d’éradication de cette affection. Les particularités de l’élevage dans ce pays, notamment les mouvements d’animaux (transhumance, vente/achat) et la concentration des exploitations importantes, ont favorisé l’installation et la diffusion du virus, d’autant plus qu’un tiers de la population bovine occupe un pâturage d’alpage commun à plusieurs élevages en saison estivale.

Le but de l’assainissement mené contre la BVD est d’améliorer la fertilité des animaux, de diminuer les avortements, d’obtenir des croissances normales chez les veaux et de rendre possible l’exportation du bétail vers des pays indemnes de la maladie.

1 PHASE DE PROSPECTION

Cette première étape s’est déroulée pendant le dernier trimestre 2008.

L’objectif est d’abord d’identifier et d’éliminer les animaux infectés permanents immunotolérants (IPI). Pour cela, des prélèvements d’échantillons de peau, à l’oreille essentiellement (plus pratique chez les veaux), mais aussi de sang ou de lait, sont réalisés dans chaque élevage. Cette phase, qui dure une à deux semaines par élevage, n’a pas été réalisée chez les vaches allaitantes élevées “en vase clos” ni dans les exploitations d’engraissement.

Les échantillons sont analysés par le laboratoire certifié testeur du virus de la BVD via un test Elisa sur antigènes ou par reverse transcriptase polymerase chain reaction (rt-PCR). Une restriction totale de la circulation des animaux de l’élevage est de rigueur jusqu’à l’obtention des résultats (voir schéma).

Si chaque animal de l’élevage est négatif, aucune mesure n’est mise en place. Dans le cas contraire, les femelles gestantes sont placées sous restriction de mouvement jusqu’au vêlage. Ces consignes sont difficiles à faire appliquer par l’éleveur, mais représentent un point déterminant de l’efficacité du plan d’éradication. Il est également important de réduire au minimum la durée avant laquelle l’animal considéré comme positif est abattu. Pour le programme, la moyenne était de quinze jours.

A l’issue de cette phase, tous les IPI sont censés avoir été détectés et éliminés.

Les résultats révèlent une prévalence d’individus IPI de 0,81 %, versus une prévalence de troupeau contenant au moins un IPI de 20,02 %. Le taux de confirmation du second test est de 83,4 %. Après cette étape, 97 % des IPI détectés ont été éliminés.

2 PHASE D’ÉTUDE DES NOUVEAU-NÉS

Cette étape a duré sept à neuf mois, jusqu’en octobre 2009.

Tous les animaux nés dans les mois qui suivent la phase 1 sont testés au cours des cinq premiers jours de vie. Les élevages allaitants intègrent le programme à ce niveau.

Une restriction de mouvement des animaux testés est également de rigueur jusqu’à l’obtention des résultats. Si un animal affiche un résultat positif, il est abattu sans possibilité de second test, et sa mère est placée sous restriction de mouvement jusqu’au vêlage suivant. Un élevage qui respecte les conditions est considéré comme indemne de BVD à la suite de cette phase. La prévalence d’individus IPI relevée est de 0,73 %. Environ 4 % des veaux nouveau-nés ne sont pas testés, car 80 % d’entre eux meurent ou sont abattus précocement.

3 PHASE DE SURVEILLANCE DE LONGUE DURÉE

L’objectif de cette étape du programme est de garantir l’absence de la BVD et de documenter la situation nationale suisse, en empêchant toute nouvelle infection. Elle sera prolongée jusqu’à la fin de l’année 2011.

Les élevages considérés comme indemnes ne sont plus soumis à une restriction, si ce n’est celle de ne partager les pâturages d’alpage de la saison estivale qu’avec des animaux des exploitations indemnes. A l’issue de cette phase, la Suisse sera indemne de BVD.

Les nouveau-nés sont testés comme lors de la phase 2. Une restriction de mouvement de tous les animaux de l’élevage est imposée si l’un des résultats est positif, jusqu’à l’identification de la source de résurgence. La mère est de nouveau testée. Si le résultat est négatif, les circulations d’animaux seront passées au crible. En revanche, si le pré estival est suspecté, tous les animaux qui y séjournent ou y ont séjourné sont testés par rt-PCR.

Répartis dans 824 élevages, 0,24 % de veaux positifs sont répertoriés. Dans 36 % des cas, la mère est aussi positive. Les sources possibles d’infection sont une erreur de test chez la mère, la circulation non autorisée d’animaux, des faux négatifs (dus au manque de sensibilité, aux prélèvements, au suivi des échantillons, etc.) ou des contacts avec des troupeaux voisins infectés. Dans 64 % des cas, la cause de résurgence n’est pas identifiée : IPI non détectés en raison de leur mort précoce ? Transmission indirecte impliquée ?

LES POINTS CLES DU PROGRAMME

L’organisation, la préparation, la communication et la logistique de ce plan d’éradication ont permis la mise en place d’une banque de données accessible aux vétérinaires et aux éleveurs. L’implication de ces derniers s’est révélée primordiale pour le respect des consignes, donc pour l’efficacité du plan. Les restrictions de circulation des vaches gestantes ont eu pour résultat de diminuer le nombre d’individus IPI nés de femelles non restreintes, donc dangereuses, de 89 à 28 %.

Le manque de données à court terme ne permet pas de prendre suffisamment de recul vis-à-vis du contexte actuel. Un modèle épidémiologique est en cours de réflexion pour appuyer les choix des stratégies de surveillance. Le suivi et la détection d’anticorps devraient néanmoins débuter en 2012.

Etude des facteurs de risque

Comment faire naître des veaux IPI dans un élevage détecté négatif, donc considéré comme indemne (fin de phase 2) ? Au cours de ce programme d’éradication, différents facteurs de risque ont été identifiés : l’élevage laitier (OR 1,7), un nombre élevé d’achats d’animaux (OR 1,9) ou d’élevages en contact sur le pâturage d’alpage commun. Le taux de morts précoces est révélateur d’un mauvais état de santé du troupeau, alors qu’un effectif de jeunes animaux important présente moins de risque. Ces facteurs feront l’objet d’une surveillance accrue dans les années à venir.

M. H.

SOURCES

– P. Presi, R. Struchen, T. Knight-Jones, S. Schollb, D. Heim : « Bovine viral diarrhea (BVD) eradication in Switzerland-Experiences of the first two years », Preventive Veterinary Medicine, 2011, vol. 99, n° 2-4, pp. 112-121 ;

– www.bvd-info.ch ;

– diarrhée virale bovine (BVD-MD), www.srva.ch.

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