« Il faut s’organiser et saisir toutes les opportunités de développement »

La Semaine Vétérinaire : Le deuxième forum d’Ergone se déroulera à Maisons-Alfort, les 16 et 17 juin 2011. Comment ressentez-vous les attentes et le moral des cliniques à la veille de cet événement Quels sont les messages ou les clés majeures que vous souhaitez transmettre à vos confrères ?

Pierre-Marie Cadot : Il est difficile d’analyser le moral des cliniques. Cependant, nous sentons que la profession vétérinaire est un peu déstabilisée par l’arrivée de nouvelles formes d’exercice ou de concurrence. Cela se reflète-t-il dans le moral des cliniques ? Les résultats de l’enquête menée en partenariat avec La Semaine Vétérinaire, qui seront dévoilés en introduction du forum de juin, permettront sans doute de répon­dre à cette question et, surtout, d’objectiver la situation. En ce qui concerne notre région, la Haute-Normandie, le moral est a priori plutôt bon et la reprise est au rendez-vous ! Il faut néanmoins s’organi­ser et saisir toutes les opportunités de développement. C’est à ce prix que nous serons en mesure de progresser. C’est pourquoi les grands thèmes qui structurent nos entreprises seront abordés successivement au cours du forum (voir encadré). Tous ces sujets seront suivis de témoignages miroirs d’entrepreneurs non vétérinaires, qui apporteront un éclairage inédit dans notre profession. L’intervention de spécialistes permettra de dispenser des conseils ainsi qu’une méthode aux participants. Nous souhaitons que chacun ait la possibilité d’échanger et de construire son projet de développement de structure, en profitant de l’expérience des autres et de théories qui ont fait leurs preuves ! Avoir l’esprit d’entreprise, c’est ce qui permettra de pérenniser nos structures et nos activités. C’est ce à quoi nous croyons au sein d’Ergone et ce que nous souhaitons par­tager avec nos consœurs et nos confrères.

S. V. : Pensez-vous que les praticiens intègrent suffi­samment la dimension entrepreneuriale de leur exercice ? Actuellement, quels sont leurs atouts et leurs points critiques ?

P.-M. C. : Chaque structure vétérinaire, quelle que soit sa taille, est une entreprise. Les dirigeants de ces structures ont rarement eu la chance de bénéficier d’une formation en management, en ressources humaines, en gestion ou en stratégie marketing pendant leur cursus. A l’heure actuelle, ce manque de connaissances et de formation fragilise notre activité et peut empêcher certains confrères d’avoir cette dimension entrepreneuriale. Cependant, nous avons la chance, au sein de nos cabinets, de pouvoir développer des solutions, des services, des organisations avec souplesse et rapidité. Nous sommes en mesure de nous adapter aux attentes de nos clients et à un environnement qui évolue sans cesse. C’est un véritable avantage sur lequel il faut capitaliser. C’est pourquoi Ergone rassemble des vétérinaires de tous horizons qui partagent une vision entrepreneuriale de leur activité et une volonté de développement de leur structure. Tous échangent leurs expériences face aux difficultés de management, de gestion, de développement de marché, etc., rencontrées par leur cabinet. Ainsi se construit l’esprit d’entreprise !

S. V. : Des évolutions majeures pour la profession se dessinent depuis ces derniers mois. Dans ce sens, le nouveau statut de vétérinaire administrateur de domicile professionnel d’exercice (DPE) ne favorisera-t-il pas l’évolution des mentalités et le renforcement de la place du vétérinaire “chef d’entreprise”, lui permettant une meilleure gestion globale de la clinique ?

P.-M. C. : Les mentalités ont déjà beaucoup évolué. Les échanges passionnants lors du dernier forum Ergone le prouvent. A cette occasion, la présentation de la directive “services” par Christian Rondeau, alors président de l’Ordre, allait effectivement dans le sens d’une meilleure gestion globale de la clinique et d’une opportunité pour nos entreprises. En cela, le vétérinaire administrateur endosse le rôle structurant du DPE. Il constitue la première brique du fonctionnement en entreprise, dissociant l’exercice vétérinaire des missions d’organisation du back office. Accepter la fonction de vétérinaire administrateur, c’est finalement transgresser le sacro-saint principe d’égalitarisme qui gouverne nos entreprises et, par­fois, stérilise la créativité.

S. V. : Le développement de chaînes de cliniques et l’ouverture du capital peuvent-ils être, selon vous, les catalyseurs d’une gestion plus entrepreneuriale ?

P.-M. C. : Face à des entités organisées et conçues comme des entreprises, les structures vétérinaires concurrentes plus isolées ne s’en sortiront que par un positionnement stratégique différent et adapté à leur environnement. Une vision de chef d’entreprise, avec un véritable plan de développement, est donc la seule solution pour s’adapter à un contexte économique qui devient plus concurrentiel. Nos confrères doivent se mobiliser dans ce sens.

S. V. : Le nouveau Code de déontologie est prévu pour ce mois de juin. Les instances ordinales tendent notamment vers une plus grande liberté de communication. Que pensez-vous de ces orientations ? Y voyez-vous la possibilité d’un développement économique ? Quelles concrétisations en attendez-vous ?

P.-M. C. : Avec une plus grande liberté de communication, la possibilité de développement économique pour nos structures est certaine. C’est une chance extraordinaire d’avoir la possibilité de communiquer plus librement auprès de nos clients, ainsi que peuvent le faire d’autres professions. Cependant, aujourd’hui, les structures vétérinaires n’ont pas forcément la même vision de la communication. Par conséquent, il est important que le Code de déontologie harmonise et encadre cette nouvelle liberté qui nous est offerte. A mon sens, deux axes se dégagent : d’une part, la communication sur l’image collective de la profession, qui n’appartient à aucune structure en particulier mais que chacune véhicule par sa propre communication ; d’autre part, les stratégies que nous pourrons mettre en œuvre pour informer nos clients sur l’offre de services de nos cliniques. La conjugaison des deux ne peut qu’être un facteur de développement économique. L’utilisation de moyens innovants, tels qu’Internet, est certainement une question cruciale pour nos entreprises, pour notre communication, mais aussi pour la possibilité de nous adapter à nos clients consommateurs de ces nouvelles technologies. Nous aborderons d’ailleurs les réalités chiffrées du marché Internet pour notre profession lors de notre prochain forum.

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