Christine Lesellier propose un voyage dans le portrait du plein et du vide

Le musée Fragonard présente l’exposition « Deux musées et un regard »⁽¹⁾. Christine Lesellier y présente ses dessins et eaux-fortes qui ont pour sujet des pièces anatomiques des collections des musées Delmas-Orfila-Rouvière de l’université ParisV-René Descartes et Fragonard. L’artiste est une habituée des musées anatomiques puisqu’elle a effectué deux plongées, à dix ans d’intervalle, dans ces deux collections. Ces dernières sont marquées par un dénominateur commun, Honoré Fragonard, anatomiste du siècle des Lumières. Son œuvre, célèbre au XVIII^e siècle, est tombée dans un quasi oubli avant d’émerger de nouveau au XX^e siècle. Ces deux collections ont été fondées par Honoré Fragonard, premier professeur d’anatomie et directeur de l’école d’Alfort en 1766, fondateur du cabinet d’Alfort, devenu “chef des préparations anatomiques” de la nouvelle école de santé de Paris en 1794 et, à ce titre, pourvoyeur du cabinet que développa le même établissement.

L’artiste structure ses dessins en une nuée de traits courbes

Le travail de Christine Lesellier au musée Delmas-Orfila-Rouvière a débuté avec l’étude d’un petit singe créé par Fragonard, « parce qu’autour de lui, des lambeaux de peaux volaient, et qu’il avait des sortes de caroncules autour de la gorge », ainsi que l’écrivait l’artiste au poète Marc Le Gros. Cette déclaration éclaire son souci d’arpenter l’espace généré par l’éclatement ou la réduction des morphologies. Christine Lesellier propose ainsi un voyage dans le portrait du plein et du vide, avec des agglutinations de pièces d’époques et d’intérêts anatomiques différents.

Il y a peu de différences de cheminement dans les collections d’Alfort, si ce n’est que les préparations de Fragonard, toutes faites de la même arborescence ligneuse et festonnée de peaux, finissent par accaparer presque complètement l’attention de Christine Lesellier. A l’image des Ecorchés constitués de fragments, elle structure ses dessins en une nuée de traits courbes qui reflètent la complexité d’une anatomie desséchée. Artiste discrète, voire secrète, Christine Lesellier bâtit jour après jour une œuvre singulière, jusqu’ici peu montrée.

Exposer ses œuvres au musée Fragonard était une évidence. Placer dans le même écrin les créations et leurs modèles est une gourmandise dont le musée n’a pas voulu se priver.

• (1) L’exposition est ouverte au public du 1^er/5 au 15/7/2011 aux horaires habituels d’ouverture du musée. L’accès est compris dans le tarif d’entrée. Informations sur http://musee.vet-alfort.fr