Un examen dentaire complet précède tout traitement - La Semaine Vétérinaire n° 1449 du 06/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1449 du 06/05/2011

Dentisterie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Le nombre de dents, leur intégralité et les diastèmes sont à vérifier.

La consultation de dentisterie commence par le recueil des commémoratifs, notamment le comportement alimentaire et le statut vaccinal du cheval, et se poursuit par un examen général (auscultation cardiaque et pulmonaire, prise de température). L’examen dentaire débute sans sédation par celui de la tête, à la recherche de jetage, d’asymétrie des muscles masticatoires ou d’une déformation des os. Il comprend la palpation des nœuds lymphatiques, de l’articulation temporo-mandibulaire, des os mandibulaires et de l’arcade maxillaire.

S’il existe des surdents vulnérantes, le cheval réagira vivement à une pression du pouce. Puis les lèvres sont soulevées et l’examen continue par l’inspection et la palpation des incisives, de l’espace interalvéolaire, à la recherche des dents de loup ou de cochon, ainsi que des dents canines. Il ne faut pas oublier de les compter, car les dents surnuméraires sont fréquentes. Ensuite, le vétérinaire attrape la langue pour apercevoir le palais, le dessous de la langue et la plus grande partie des prémolaires et molaires maxillaires. A ce stade, une halitose est également décelable.

L’inspection de la cavité buccale

nécessite une sédation

Après l’estimation du travail à effectuer, le praticien procède à la sédation du cheval avec une association de détomidine et de butorphanol par voie intraveineuse. Environ trois minutes après l’injection, le pas-d’âne est placé dans la bouche et celle-ci est largement rincée avec de lachlorhexidine tiède diluée à 0,1 %. Les dents sont éventuellement nettoyées à l’aide d’une brosse à dent géante. Equipé d’une lampe fron­tale à haute luminosité, le praticien procède à l’inspection de la cavité buccale.

Le nombre de dents (sans oublier les dents de loup et de cochon éventuelles), leur intégralité (en soulevant la langue) et la présence de diastèmes sont à vérifier. La courbe d’alignement de l’arcade dentaire et la position individuelle de chaque dent sont inspectées.

L’angulation de la face triturante est également à évaluer. Elle doit varier entre 12° et 15°. La langue, le palais, les muqueuses de la joue sont examinées de près afin de détecter des ulcères ou des lacérations. Un dépôt de tartre sur une prémolaire ou une molaire est toujours pathologique, alors qu’il est presque “normal” de voir de tels dépôts sur les canines, qui ne participent pas à la mastication.

Les observations sont consignées dans une fiche et le traitement est discuté

Afin de détecter des affections éventuelles sur le plan de trituration, pas toujours visible à l’inspection directe, il convient de procéder à une palpation manuelle de toutes les dents et de repérer celles qui sont branlantes. Le praticien peut également s’aider d’un miroir dentaire (ou d’un endoscope), ainsi que de sondes fines qui sont fort utiles au diagnostic des pulpites et à l’estimation de la profondeur des caries. Il prêtera particulièrement attention aux surdents, aux fragments de dents de lait, aux coiffes résiduelles, aux fractures sagittales ou aux fissures dentaires.

Les prémolaires et les molaires maxillaires dis­posent d’infundibula. Ceux-ci sont remplis de cément dentaire et présentent une couleur jaunâtre. Lorsqu’ils sont atteints de caries, ils sont remplis de restes de fourrage souvent fétides et affichent une couleur brunâtre. Sont également observées, sur la face occlusale, les cornes pulpaires. Physiologiquement, elles ont l’aspect de taches brunes et sont composées de dentine secondaire. Lorsqu’elles sont “ouvertes”, ou remplies de matériel nécrotique, cela signifie que la pulpe n’a plus été capable de s’emmurer pour compenser l’abrasion permanente et physiologique de la dent. Cela révèle une affection endodontique, peut-être même une nécrose pulpaire. La radiographie est alors indispensable pour déterminer si les racines de cette dent sont affectées.

Toutes les données obtenues sont notées dans une fiche de diagnostic et le traitement envisagé est discuté avec le propriétaire. Il est fortement recommandé de mentionner également les frais auxquels ce dernier doit s’attendre.

Plan de traitement en dentisterie

• Anamnèse.

• Examen de l’animal.

• Inspection et palpation de la tête.

• Inspection et palpation des incisives.

• Examen de la cavité buccale.

• Sédation.

• Placement du pas-d’âne.

• Rinçage de la bouche.

• Examen à l’aide d’un miroir dentaire ou d’un endoscope.

• Inspection à l’aide de sondes.

• Etablissement et chiffrage d’un plan de traitement.

S. P.-J.

CONFÉRENCIER

Simon Tilman,

vétérinaire à Warngau, Allemagne.

Article tiré d’une conférence présentée aux journées de l’Avef 2010, à Bordeaux.

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