Appréciez-vous votre statut de salarié ?

Concilier responsabilité médicale et hiérarchie

Diplômée d’Alfort en 2004, je ne me voyais pas m’installer immédiatement. Je voulais me perfectionner, connaître les problématiques de la profession, aller à la rencontre des vétérinaires, sentir l’ambiance dans les cliniques… découvrir les réalités du métier, en somme. J’ai donc occupé plusieurs postes pour des remplacements à temps partiel, avec des expériences plus ou moins intéressantes. Une fois, j’ai rencontré un vrai problème avec un employeur. Les rapports personnels étaient en cause. C’est l’une des difficultés du salariat : on est partagé entre notre responsabilité médicale et les décisions de la hiérarchie.

Cependant, ce statut présente l’avantage d’une pratique sans trop de responsabilités. Etre salarié, c’est aussi la garantie de prendre ses congés assez régulièrement, de bénéficier de périodes d’arrêt (lors de grossesses, par exemple). Il est vrai que c’est une forme d’exercice un peu “pépère” par rapport au mode libéral. Evidemment, comparé à d’autres personnes de mon âge qui cumulent le même nombre d’années d’études, le salaire n’est pas extraordinaire. C’est peut-être une volonté de la profession afin d’inciter à l’installation. Pour le moment, j’effectue des heures supplémentaires quand cela est possible et demandé, pour améliorer mes revenus.

En 2007, j’ai intégré la clinique de Bois-d’Arcy. Nous sommes quatre vétérinaires et il y a trois auxiliaires. L’ambiance est bonne, et c’est un des points qui m’incite à vouloir m’associer. Cela se fera peut-être d’ici à deux ou trois ans. Pour l’instant, le statut de salarié ne m’apporte aucune frustration. A mes yeux, c’est une période nécessaire pour se perfectionner. En tout cas, si je m’installe, ce sera en canine. Je n’ai pas vu une vache depuis que j’ai quitté l’école !

Le salaire est le principal inconvénient

Je suis sorti de Nantes en 2009 et, pour l’instant, le salariat s’impose. Je suis issu d’une famille de vétérinaires. Mon père était libéral et ma mère salariée de la structure de celui-ci. Ce modèle de fonctionnement a un peu vécu, mais l’exemple de mon père m’a toujours attiré.

Le statut de salarié convient bien au démarrage dans la profession. C’est assez confortable en termes de responsabilités et de gestion du temps. Le salaire est fixe. On bénéficie de garanties en matière d’horaires et de la possibilité de se consacrer à asseoir ses connaissances techniques. Les enjeux sont moins importants que lorsque l’on doit gérer une entreprise, du personnel, et que cela peut rapidement empiéter sur la sphère privée. L’inconvénient majeur, c’est le salaire, mais lorsque l’on débute dans le salariat, c’est un peu inévitable. Et tout dépend du type de structure dans laquelle on exerce.

La clinique dans laquelle je travaille comprend cinq associés et quatre auxiliaires. Je suis le seul praticien salarié.

Les négociations salariales se sont plutôt bien passées.

C’est sans doute plus facile dans une structure comme celle-ci. Nous discutons entre confrères sans distinction ni rapport hiérarchique. Cela dit, je ne suis pas persuadé que la profession porte le même regard sur les vétérinaires salariés et les libéraux. L’expertise n’est pas la même et il faut bien reconnaître qu’une petite frontière existe. Personnellement, je me donne encore deux ans. Mais mon objectif est bien de m’installer ou de m’associer.

Un salarié s’investit moins dans la structure

J’ai quitté le salariat il y a tout juste deux mois ! Sortie de Lyon en 2006, j’ai effectué des remplacements d’une journée à une semaine. Puis en avril 2007, j’ai trouvé ce poste en contrat à durée déterminée, en remplacement d’un congé de maternité. Il s’est ensuite transformé en contrat à durée indéterminée. J’ai eu la chance de tomber sur une bonne structure libérale et une patronne exceptionnelle. C’est d’ailleurs ce qui m’a amenée à m’associer.

Pour ma part, je n’ai pas à me plaindre de ma période de salariat et des frustrations que celle-ci peut engendrer. Les gardes étaient rémunérées correctement, bien organisées, non imposées… Je n’ai pas eu le sentiment d’être trop mal considérée. Parfois, il faut du temps pour s’adapter à l’organisation d’une clinique, à l’équipe, au matériel utilisé. Il est vrai qu’en sortant de l’école, on n’est pas au point sur tout… Certains sont compréhensifs, d’autres moins. Mais cela n’est jamais allé jusqu’au dédain. J’ai eu de la chance. J’en connais beaucoup pour qui le salariat se passe mal. Certains patrons sont moins à l’écoute et veulent que l’on abatte des actes.

L’association était une continuité logique de mon évolution professionnelle. J’avais envie de goûter au statut de chef d’entreprise, même si cela comporte beaucoup de responsabilités. Le salariat offre quelques avantages. On s’en rend surtout compte lorsque l’on passe de l’autre côté de la barrière. Un salarié s’investit moins dans la structure. Il est moins impliqué dans l’organisation, l’administration, les aspects juridiques, la gestion du personnel de la clinique.