Le ragondin intervient dans l’épidémiologie de la grande douve des ruminants domestiques

Les bovins, et surtout les ovins, sont les principaux excréteurs d’œufs de Fasciola hepatica. Cependant, le ragondin (Myocastor coypus) est un hôte fonctionnel et épidémiologiquement impliqué dans la transmission de ce parasite aux ruminants domestiques. Les résultats d’une étude menée en Loire-Atlantique par l’unité mixte de recherche Oniris-Institut national de la recherche agronomique (Inra) Bioepar⁽¹⁾, révèlent que 8,7 % des ragondins prélevés au hasard sont infestés par les douves, versus 40,1 % de ceux prélevés aux alentours de cheptels atteints de fasciolose. Parmi les rongeurs, il est le seul hôte du parasite en situation naturelle.

Les autres mammifères de la faune sauvage excréteurs d’œufs de F. hepatica semblent jouer un rôle négligeable. Les lapins et les cervidés sont susceptibles d’entretenir le parasite, mais ils fréquentent peu les zones marécageuses où se trouve la limnée tronquée (son hôte intermédiaire). En revanche, les territoires humides où vivent des ragondins sont à “risque sauvage” élevé et à prendre en compte dans la gestion des pâturages.

Sans discrimination des parasites, impossible de conclure sur le rôle de la faune sauvage

Par ailleurs, les cervidés sont porteurs de dictyocaules qui infestent les ruminants domestiques. Toutefois, aucune contamination croisée naturelle n’est mise en évidence. 58 % des chevreuils abattus à la chasse sont sérologiquement positifs vis-à-vis de Babesia. Cependant, ces études ne permettent pas une discrimination d’espèces des parasites et aucune conclusion relative au rôle épidémiologique des cervidés les concernant ne peut être tirée.

Ainsi, les méthodes de diagnostic qui ne permettent pas de comparer les populations de parasites des diverses espèces hôtes représentent un facteur limitant à la détermination du rôle de la faune sauvage dans la pression d’infestation des ruminants domestiques. Des techniques de diagnostic direct moléculaire, actuellement à l’étude, sont prometteuses.

Selon Monique L’Hostis, l’objectif “zéro parasite” est inenvisageable chez les ruminants domestiques. Un équilibre entre l’hôte, le parasite et le milieu est à préconiser dans la plupart des parasitoses. « Il n’est pas tout à fait juste de dire que les parasites sont communs aux animaux sauvages et domestiques, explique-t-elle. Ils font partie intégrante de l’agro-écosystème que constitue un élevage de ruminants. Bien que cela demande beaucoup d’implication et de temps, l’évaluation du risque passe par l’identification du parasite et de ses hôtes potentiels, et la place que peuvent prendre les divers compartiments du système “hôte-parasite-milieu” dans son équilibre. »

• (1) M. L’Hostis : « La faune sauvage, réservoir des parasitoses des ruminants domestiques », proceeding des journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV) 2010, pp. 897-904.