L’amendement contre le droit de vente des médicaments par les vétérinaires est écarté - La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011

Antibiorésistance. Lobbying de la Fédération vétérinaire européenne

Actualité

Auteur(s) : Karin de Lange

Les praticiens de l’Union resteront les « gardiens » de l’usage des antimicrobiens chez les animaux.

Il était moins une ! Le 12 avril dernier, par treize voix pour et vingt-cinq contre, la commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen n’a pas voté l’amendement qui visait à limiter la vente des médicaments par les vétérinaires directement aux éleveurs. Cet amendement, cosigné par José Bové (vice-président de cette commission), concerne un projet de résolution du Parlement européen sur la résistance aux antibiotiques(1). Il invitait les Etats membres « à envisager de restreindre, sauf cas aigus, la vente par les vétérinaires de médicaments directement auprès des agriculteurs et autres éleveurs d’animaux, pour réduire ainsi la tendance à prescrire plus d’antimicrobiens que nécessaire »(2).

La Fédération vétérinaire européenne (FVE), qui avait par ailleurs accueilli favorablement la résolution, ainsi que la majorité des recommandations, a fermement rejeté cet amendement. Walter Winding, son président, a rappelé en particulier que « l’interdiction de la vente des médicaments par les vétérinaires n’est pas la solution pour éviter la résistance antimicrobienne ». En effet, « l’expérience a montré que dans les Etats membres où les vétérinaires n’ont pas le droit de vente [de médicaments], cela n’a pas mené à une plus faible fréquence de la résistance antimicrobienne ».

Un impact important sur la santé et le bien-être des animaux

De plus, le rapport néerlandais dit Berenschot, qui examine les effets du découplage de l’ordonnance vétérinaire et de la vente des médicaments(3), conclut que restreindre la vente des antibiotiques par les vétérinaires ne serait pas efficace. Le texte recommande le renforcement de la position des vétérinaires comme « gardiens » de l’usage antimicrobien chez les animaux. « Ils reçoivent une formation approfondie dans le domaine des médicaments, et sont en contact au quotidien avec les éleveurs et les propriétaires d’animaux. Ils sont au premier rang concernant les recommandations pour un usage raisonné des antibiotiques et pour sensibiliser leurs clients à la résistance antimicrobienne. »

Cet amendement aurait pu mener à la mise en péril de nombreux cabinets européens, sans amener de véritables preuves du bénéfice pour la santé publique ou de la réduction de la résistance antimicrobienne. Mais, s’il avait été appliqué par les Etats membres, il aurait sans doute eu un grave impact sur le partenariat entre les éleveurs et les vétérinaires, en particulier sur les plans de suivi sanitaire d’élevage, avec des conséquences pour la santé et le bien-être des animaux.

« Une approche fondée sur la formation et une meilleure surveillance, comme proposée dans la résolution, aura plus de chance d’atteindre l’objectif désiré qu’un changement des canaux de distribution en faveur des pharmaciens, des grossistes ou du commerce par l’Internet », a rappelé Walter Winding.

Le 12 avril, l’amendement a été rejeté par les parlementaires grâce, entre autres, aux efforts de la FVE. Walter Winding, « soulagé » que l’amendement ait été écarté, estime que « cela constitue une sonnette d’alarme pour la profession vétérinaire : il ne suffit pas d’agir contre la résistance antimicrobienne. Il faut être plus visible en le faisant ».

Des pistes pour contenir l’antibiorésistance

La proposition de résolution du Parlement européen est datée du 1er mars 2011. La date limite de dépôt des amendements (cinquante-cinq propositions, vingt-huit pages) était le 24 mars. Même si la résolution ne comporte pas de caractère contraignant et n’engage ni la Commission ni les Etats membres, elle constitue pour eux une orientation politique forte dans l’élaboration des futures réglementations nationales ou européennes.

Constatant que l’antibiorésistance est une « grave menace et un problème toujours plus préoccupant » pour « les jeunes animaux de l’élevage européen », la résolution fournit un certain nombre de pistes afin de maîtriser le risque d’antibiorésistance : par exemple, la collecte de données sur la vente et la consommation d’antibiotiques, une surveillance et un suivi systématique de la résistance antimicrobienne, le développement de bonnes pratiques sur l’usage raisonné des antibiotiques, la promotion de la recherche sur les nouvelles molécules et des alternatives comme la vaccination.

K. de L.
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