En cas d’accident nucléaire, la profession se trouve au cœur du dispositif - La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011

Situation de crise. Rapport du CGAAER

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

La surveillance de l’alimentation, source d’exposition une fois le panache radioactif passé, est indispensable.

Curieuse coïncidence, s’il en est, avec l’actualité mondiale. Le 11 mars dernier, un terrible tremblement de terre et le tsunami qui s’ensuit frappent le Japon et provoquent plusieurs explosions dans les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Cinq jours plus tard, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publie son rapport sur « la gestion de la phase postaccidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation radiologique »(1). Celui-ci émane du groupe de travail n° 2 “agriculture, alimentation et vie dans les territoires contaminés”, dont le pilotage a été confié par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au ministère de l’Agriculture. La réflexion, initiée en 2005, a abouti à des dispositions concernant les exploitations agricoles et les élevages, les industries agro-alimentaires, la restauration, la distribution, la gestion du milieu forestier et de l’environnement et celle des animaux de compagnie.

Des recommandations de “la fourche à la fourchette”

La réflexion s’est appuyée sur deux scénarios d’accidents d’un réacteur nucléaire : celui de la perte de réfrigérant primaire conduisant à la fusion du cœur et celui de la rupture de tubes du générateur de vapeur qui peuvent contaminer l’environnement et la chaîne alimentaire à la suite des rejets de radionucléides(2).

La gestion repose sur un découpage géographique en trois zones : celle d’éloignement (ZE), celle de protection de la population (ZPP) et celle de surveillance renforcée des territoires (ZST). Dans la première, tous les habitants sont déplacés, car en restant ils recevraient, au cours du premier mois qui suit l’accident, une dose radioactive dépassant le seuil fixé des 10 mSv du fait de l’irradiation externe (cette dose ne prend pas en compte l’ingestion de denrées contaminées). Toutefois, des dérogations d’autorisation de séjour, dans des conditions de protection radiologique, sont susceptibles d’être accordées pour les activités considérées comme indispensables, telles que la présence d’animaux qui doivent bénéficier de soins élémentaires (alimentation, traite, etc.). L’alternative est leur déplacement en zone saine ou moins contaminée (ZPP et ZST). Au sein de la ZPP, pour les personnes maintenues sur place, la dose efficace(3) cumulée du premier mois, toutes expositions confondues (doses externe et par inhalation de poussières, sauf alimentation), ne doit pas dépasser une valeur guide de l’ordre de 10 mSv. Dans cette zone, il est interdit de consommer et de commercialiser les denrées locales de toutes natures considérées comme contaminées et les produits sans protection hermétique, pour une durée d’un mois au minimum.

La ZST est, quant à elle, définie comme un périmètre au sein duquel certaines des denrées produites sont susceptibles de dépasser les normes maximales admissibles de radioactivité.

Il est préconisé, dans un premier temps, d’y interdire la commercialisation et la consommation des diverses productions agricoles. Dans un deuxième temps, il convient de mettre en place des dispositifs de contrôle libératoire, qui permettraient de consommer des produits respectant les normes maximales admissibles.

Les cheptels sont mis sous séquestre et leur assainissement est évalué

Dans les ZPP et les ZST, les cheptels sont placés sous séquestre. La commercialisation et la circulation des bêtes sont interdites, ainsi que celles des aliments pour animaux, sauf sous couvert d’autorisation préfectorale. La connaissance des troupeaux potentiellement touchés par des rejets repose sur la géolocalisation des élevages sur un rayon à déterminer. La base Sigal du ministère de l’Agriculture répond à ce besoin. La question des animaux en pâture, non liés à un élevage local, constitue un cas particulier. Dans un deuxième temps, il convient d’examiner le devenir des cheptels des ZPP et ZST afin de distinguer ceux qu’il est possible de conserver et ceux qui ne peuvent pas l’être. En effet, la voie alimentaire contamine principalement les animaux. De plus, les principaux radionucléides concernés présentent des durées de vie radioactive (pour l’iode 131) ou biologique (pour le césium 137) qui permettent, dans la mesure où certaines conditions sont réunies, de réduire la contamination de l’animal dans un délai acceptable pour l’éleveur, à un niveau permettant une production de denrées respectueuse des normes maximales admissibles (processus d’assainissement).

Pour les animaux de compagnie, les recommandations évoquent la mise à l’abri de l’animal, le lavage et la tonte, ainsi qu’une nourriture à base d’aliments industriels.

Notre profession serait donc particulièrement impliquée lors d’un accident nucléaire. Les rapporteurs constatent cependant « qu’avec l’éloignement dans le temps de la catastrophe de Tchernobyl, le réseau de mesures de la radioactivité dans l’alimentation s’est effrité. La reconstruction en période de crise serait problématique et dangereuse ». Ils conseillent par conséquent « d’assurer la formation appropriée au risque radiologique au sein des administrations concernées (dont la Direction générale de l’alimentation) afin de disposer, dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments, d’agents pouvant répondre en nombre suffisant à la demande liée à la gestion postaccidentelle ».

(1) Rendu public le 16/3/2011 et téléchargeable à l’adresse : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CGAAER_1136_rapport.pdf

(2) Voir la répartition des radionucléides dans le corps sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”.

(3) La “dose efficace” évalue l’exposition d’une personne aux rayonnements. Elle tient compte de la sensibilité des tissus affectés et de la nature des rayonnements. L’unité de “dose efficace” est le sievert (Sv). En Europe, la dose efficace annuelle à laquelle la population est exposée est en moyenne de 4 mSv par personne.

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