Si l’utilisation des smartphones a progressé en France de 30 % en un an, les vétonautes restent réservés

Lentement, mais sûrement, les vétonautes se transforment en mobinautes, ces individus connectés en permanence, partout et sur tous les écrans. Si plus de la moitié de ceux qui ont répondu à notre sondage ne possèdent pas de smartphone (56,8 %), ils étaient 65 % dans ce cas il y a tout juste un an, en mars 2010, lorsque nous les avions interrogés sur le même sujet. Cette progression est loin du raz-de-marée qui touche l’ensemble des Français. Selon Médiamétrie, qui observe, mesure et analyse les comportements du public, ainsi que les tendances du marché des médias et de la communication, le nombre de mobinautes a progressé de 30 % entre 2009 et 2010. Chaque mois, 15,5 millions de Français, en moyenne, se connectent à Internet depuis leur téléphone (12 millions en 2009). Au troisième trimestre 2010, sur 43 millions de possesseurs de téléphones, 10 millions disposaient d’un smartphone.

Les propriétaires d’iPhone, à eux seuls, représentent plus de 59 % de l’ensemble des visites sur des sites Internet en décembre 2010. 95,4 % des utilisateurs du téléphone d’Apple se connectent à l’Internet mobile (versus 68 % pour l’ensemble des personnes équipées de smartphones). Android, le système d’exploitation de Google disponible sur les autres smartphones représente un peu plus d’un cinquième (22 %) des visites. Que font donc ces nouveaux nomades ? Ils échangent des SMS, utilisent les services mobiles (GPS, etc.), envoient des mails, écoutent la radio, regardent des vidéos et la télévision, discutent sur les chats… Au cours de la même période, près de la moitié des possesseurs de smartphones ont téléchargé une application pour accéder à ces multiples services. Certains praticiens l’utilisent également dans leur travail quotidien (lire ci-contre). L’arrivée des tablettes, telles que l’iPad, devrait encore accélérer le mouvement.

Cependant, attention au syndrome du fil à la patte. Un chercheur au Centre national de la recherche scientifique, Thierry Venin, auteur d’une thèse sur le lien entre les technologies de l’information et de la communication et le stress au travail, estime⁽¹⁾ que les smartphones, très « addictifs », sont « une inféodation de l’homme à l’outil ». Il évoque « un bug sociétal ». « Avec autant de machines, on devrait tous avoir les doigts de pieds en éventail et jamais on n’a entendu autant de gens se plaindre d’être débordés », remarque-t-il. Ce chercheur dénonce également le fait que les smartphones peuvent « être détournés par certains employeurs qui en font une “laisse électronique”, utilisant la fonction GPS pour traquer leurs salariés ». Dans un accord conclu avec les syndicats en mars 2010, France Télécom précise qu’afin de prévenir « l’usage de la messagerie professionnelle, le soir, le week-end et pendant les congés, il est rappelé qu’il n’y a pas d’obligation à répondre pendant ces périodes ».

• (1) Dans un entretien donné le 31 mars dernier à l’Agence France Presse.