Quelle est votre politique en termes d’identification des carnivores domestiques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011

Entre nous

FORUM

Il faut conserver les deux systèmes

Guislaine Chartrin, praticienne à Pontarlier (Doubs).

Je reste favorable à la coexistence des deux systèmes : l’identification électronique des animaux qui franchissent les frontières et le tatouage pour les chats qui ne quitteront jamais leur campagne. S’il semble raisonnable d’uniformiser les identifications pour les animaux qui sortent du territoire, je suis sceptique quant à la confiance que l’on peut avoir dans l’identification électronique. Outre le fait que nous avons déjà rencontré des transpondeurs comprenant des informations erronées (un chat enregistré sous le nom d’un chien, par exemple) – ce qui arrive également avec le tatouage –, certains peuvent arrêter “d’émettre”. Le retrait est facile quand ils sont palpables (surtout chez les félins), mais il nous est arrivé de ne pas en retrouver.

Nous effectuons encore beaucoup de tatouages sur les chats d’associations, ceux de la campagne ou de tout propriétaire qui ne voyage pas. Le tatouage, bien visible, distingue facilement les animaux identifiés des autres. Tout le monde peut le lire et il n’est donc pas nécessaire de les amener dans un refuge, une clinique vétérinaire ou la fourrière pour retrouver leurs propriétaires. Le tatouage des chats ne prend pas beaucoup de temps lorsqu’il est pratiqué en même temps que la stérilisation. Pour les chiens, nous le proposons moins, désormais. Compte tenu de notre proximité avec la Suisse, la puce est facilement acceptée, voire demandée par les propriétaires de chiens. Chez cette espèce, la pose est aussi plus aisée.

Il est préférable de tatouer les chats citadins

Yves Piedvache, praticien à Orléans (Loiret).

Nous nous plions aux demandes de nos clients. Le tatouage des chiens a ses avantages et ses inconvénients, mais il est en train de diminuer à grande vitesse. Certains clients, notamment les chasseurs, continuent de le demander parce qu’ils trouvent plus pratique d’avoir un numéro facile à voir. Un tatouage lisible n’est cependant pas évident pour toutes les oreilles et certaines peaux le supportent moins. A cela s’ajoute maintenant la législation européenne. Même s’il nous est souvent arrivé de pratiquer la double identification (cette solution est légalement possible) pour des chiots d’élevage qui devaient être exportés (alors que ce n’était pas prévu au départ), nombreux sont les éleveurs qui choisissent désormais l’identification électronique. A terme, la puce pose moins de problèmes et elle est plus rapide à poser. Les propriétaires de chiens citadins nous la réclament également beaucoup, parce qu’ils voyagent de plus en plus. C’est enfin le cas des éleveurs de chats de race. Cependant, sur dix félins identifiés de notre clientèle, un seul, peut-être, est “pucé”. Contrairement à certains confrères qui conseillent les transpondeurs pour les chats en ville, j’estime préférable de continuer à les tatouer (à l’exception de ceux qui voyagent). Avec le nombre important de chats errants, rares sont les personnes qui, trouvant un félin et ne voyant pas le tatouage, pensent qu’il peut être identifié par puce. C’est, par exemple, le cas d’un animal que l’on vient de nous amener et qui était perdu depuis un an.

Je suis favorable à l’identification électronique

Thibaut Humbert, praticien à Epernay (Marne).

De nombreuses personnes reprochent à la puce électronique l’absence de signe extérieur qui ne permet plus de distinguer les animaux errants des autres. Beaucoup de refuges y sont pourtant favorables, car énormément d’animaux perdus passent par eux. Dans mon secteur, le refuge la désapprouve, car cela oblige les gens à leur amener l’animal pour lire la puce, tandis qu’avec le tatouage ils se contentent de transmettre les coordonnées des propriétaires. Certains éleveurs préfèrent également le tatouage : cela leur évite de se rendre chez le vétérinaire. Mais ce procédé ne sera bientôt plus légal en Europe. Or, depuis huit ans qu’il est en sursis et même si le transpondeur est de plus en plus utilisé pour les chiens, certains continuent à tatouer les chats. Pour ma part, je suis favorable depuis plusieurs années à l’identification électronique, y compris des félins. Poser une puce électronique est un acte vétérinaire simple à effectuer et cette identification ne s’efface pas avec le temps. A terme, la puce permettra de retrouver un animal perdu dans la Communauté européenne (la base de données française interrogera celles des vingt-six autres pays de l’Union). Dans ma clientèle, pour répondre au problème d’absence de signe extérieur, j’utilise une pince à tatouer sur laquelle j’ai écrit “puce”. Je propose cela gratuitement pour les chats que j’identifie, au moment de leur stérilisation ou de toute anesthésie puisque cela nécessite à peine deux minutes (de la sortie de la pince à son rangement). Cela marche bien, plusieurs chats ont été retrouvés grâce à cela.

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