Les oiseaux sont susceptibles de s’intoxiquer au plomb - La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011

Saturnisme

Formation continue

NAC

Auteur(s) : Daphné Rochel*, Emmanuel Risi**, Emilie Jolivet***

Fonctions :
*centre hospitalier vétérinaire Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)
**centre hospitalier vétérinaire Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)
***centre hospitalier vétérinaire Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)

Cet empoisonnement atteint plutôt les espèces carnivores, mais il n’épargne pas les psittacidés, qui ingèrent parfois des objets contenant du plomb.

Une perruche grand Alexandre (voir tableau 1) mâle, d’un an et demi, est présentée en consultation pour apathie, baisse d’appétit et disparition du chant depuis une semaine. L’oiseau a régurgité une fois, le jour de la consultation. Il est nourri avec des extrudés pour oiseaux, des carottes et des pommes. Il n’est pas sorti récemment. Il n’a pour antécédent qu’une fracture humérale (traitée six mois auparavant) dont le matériel chirurgical a été retiré.

L’examen clinique ne révèle aucune anomalie, excepté la position “en boule”. L’analyse sanguine biochimique (phosphatases alcalines [PAL], alanine aminotransférase [Alat], aspartate aminotransférase [Asat], acide urique, créatinine) n’en montre pas non plus. Une radiographie met en évidence la présence d’éléments de densité métallique dans le jabot et le proventricule. Les propriétaires précisent alors que l’oiseau picore souvent le revêtement d’une statue importée d’Inde (une information importante, car les peintures asiatiques contiennent du plomb).

Un lavement du jabot sous anesthésie ainsi qu’une nouvelle prise de sang sur tube EDTA afin de doser la plombémie (laboratoire de toxicologie de VetAgro Sup, à Lyon) sont réalisés. La perruche est ensuite hospitalisée pour traiter une éventuelle intoxication au plomb (calcium édétate de sodium Serb 5 % solution injectable intraveineuse, 30 mg/kg par voie intramusculaire, deux fois par jour pendant cinq jours) et fait l’objet d’un gavage. Après cinq jours d’hospitalisation, l’animal est plus vif, mais perd du poids. Ses propriétaires reçoivent donc pour consigne de poursuivre le gavage. La plombémie s’élève à 694 µg/l (norme inférieure à 250 µg/l), ce qui confirme l’hypothèse de saturnisme. Quinze jours après sa sortie d’hospitalisation, l’oiseau est complètement rétabli, d’après ses propriétaires. Par conséquent, une seconde série d’injections de calcium édétate (Ca-EDTA) n’est pas jugée nécessaire.

Le traitement est à engager avant la connaissance de la plombémie

L’intoxication au plomb est fréquente chez les oiseaux, notamment les carnivores (via l’ingestion de proies elles-mêmes empoisonnées et/ou contenant des résidus de plomb de chasse), mais les espèces domestiques n’en sont pas à l’abri (à cause des peintures au plomb, des poids pour les rideaux, des piles, etc.).

L’anamnèse, les commémoratifs ainsi que les signes cliniques (voir tableau 2), radiographiques (présence d’objets de densité métallique) et hématologiques permettent de suspecter une intoxication au plomb. Le diagnostic de certitude n’est obtenu que par la détermination de la plombémie sur sang total (la méthode la plus sensible est la spectrophotométrie). En théorie, le traitement est envisagé dès que la plombémie est supérieure à 200 µg/l. Dans la pratique, il convient de débuter le traitement avant d’avoir les résultats du laboratoire. La conduite thérapeutique repose sur des traitements éliminatoire (lavement, endoscopie, chirurgie, fluidothérapie), étiologique (chélateur du plomb, voir article ci-contre) et symptomatique (voir tableaux 2 et 3). Le pronostic dépend de la plombémie initiale et de la conduite thérapeutique. Des séquelles, telles qu’une perte de l’acuité visuelle ou de l’endurance, peuvent apparaître.

BIBLIOGRAPHIE

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  • • J. Samour : « Toxicology », in G.J. Harrison et T.L. Lightfoot : « Clinical Avian Medicine », ed 2., Palm Beach, Spix, 2006, pp. 714-715.
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