A propos de la “crise” du diplôme interécole de vétérinaire comportementaliste - La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Patrick Pageat

Fonctions : professeur associé en éthologie appliquée et bien-être animal (EI Purpan), directeur scientifique de l’institut de recherche en sémiochimie et éthologie appliquée, président de l’European College of Veterinary Behavioural Medicine-Companion Animals

Je voudrais réagir aux différents propos développés dans l’article « Des membres du Gecaf et de Zoopsy démissionnent », publié dans le numéro du 25 mars dernier(1).

Le DIE, créé en 1998, avait pour objectif d’apporter aux vétérinaires une formation scientifique et pratique sur la gestion clinique des troubles comportementaux des animaux de compagnie. Ce champ de la médecine vétérinaire a longtemps été le parent pauvre de l’enseignement. Ce fut l’honneur de la CNVSPA (aujourd’hui Afvac) que d’avoir donné la possibilité, à quelques passionnés, de commencer à divulguer divers travaux et approches à leurs confrères quotidiennement confrontés à la demande de leurs clients.

Or, quelle est cette demande ? Il s’agit bien des propriétaires d’animaux présentant des comportements jugés incompréhensibles ou insupportables par l’entourage humain, ou encore de changements d’attitude chez un animal jugé, jusque-là, tout à fait fréquentable. A ce titre, les motifs de consultation de ces clients ne diffèrent pas beaucoup de ceux dont l’animal souffre d’un trouble purement organique : toute affection organique entraîne la modification du comportement, et c’est pour cette raison qu’il n’est pas envisageable d’aborder l’aspect clinique des troubles comportementaux sans être vétérinaire.

Une fois écartés les cas du ressort d’une des branches “classiques” de la médecine vétérinaire, que peut-on dire ou faire pour les autres ? Ce fut l’objet du travail qu’un certain nombre d’entre nous essayèrent de formaliser. Nos collègues américains avaient tenté de formaliser une approche initialement fondée sur l’hypothèse skinnerienne : un comportement existe et perdure parce qu’il a eu des conséquences positives (il a été renforcé). Identifions ces renforcements, supprimons-les et le tour est joué, le comportement disparaîtra. Apparemment frappée au sceau du bon sens et rassurante puisqu’elle ne cherche pas à prendre en compte la vie psychique de l’animal – certains auteurs parlaient de la « boîte noire » –, cette approche semblait un peu simpliste et surtout peu efficace à celles et ceux qui, formés en éthologie, pensaient qu’il fallait s’intéresser aux motivations de l’animal. J’étais parmi ceux-là.

A partir de 1982, j’ai construit un premier édifice théorique, présenté dans ma thèse de doctorat vétérinaire, en cherchant à bâtir une sémiologie qui réponde à la logique médicale, sous-tendue par la psychophysiologie et la psychopharmacologie. Elle partait du postulat que des processus de dégradation du comportement et des fonctions psychiques, à la base des modalités adaptatives progressivement dérégulées, étaient à l’origine du développement des tableaux cliniques que nous observions. Dans cette approche, l’aggravation des troubles conduisait à la perte de réversibilité spontanée des symptômes de souffrance psychique de l’animal (la dérégulation des états émotionnels étant l’un des éléments majeurs de ces processus). Le recours aux psychotropes visait à restaurer cette réversibilité et le travail du clinicien consistait justement à identifier et à évaluer ces processus.

Du fait de sa forte compatibilité avec la culture médicale française (et latine), peut-être aussi, je l’espère, en raison de son efficacité, cette approche est devenue celle que le Gecaf, puis le DIE, ont retenue et enseignée. Malheureusement, ce qui n’était qu’une approche, certes confortée par des résultats cliniques, mais à “date de validité limitée” comme toute construction médicale et scientifique, est devenue un dogme figé pour certains.

C’est d’autant plus fâcheux que la coopération internationale, rendue possible par la multiplication des équipes dédiées à l’étude du comportement animal, dans une perspective zootechnique et vétérinaire, a apporté de nouvelles réponses. Celles-ci n’ont pas rendu complètement caduque l’approche sur laquelle nous avions travaillé, mais elles l’ont considérablement nuancée. Nous avons ainsi appris que la fameuse réversibilité des symptômes était plus grande que ce que nous pensions, nous avons appris à mieux évaluer les conditions de milieu et leur rôle dans la genèse des troubles. Nous avons compris que certains d’entre eux étaient en réalité des réponses adaptatives tout à fait pertinentes dans une perspective animale et nous avons acquis de nouveaux outils de mesure, plus objectifs.

La création du Collège européen de médecine comportementale des animaux de compagnie, l’aboutissement d’un effort de celles et ceux qui, en Europe, voulaient coopérer à la création d’un vrai corpus scientifique, est venue couronner des années de travail. C’est de son fonctionnement, et de l’ambiance d’échanges et de recherche, qu’il me semble nécessaire de nous inspirer. Là, point “d’école française” ni de « prescription de psychotropes comme ancrage de la discipline dans le champ vétérinaire », mais simplement la démarche universelle de l’approche scientifique : recherche, confrontation, démonstration, publication. C’est à cela que doit tendre l’enseignement dispensé par les écoles, hors de la multiplication des associations, des groupes et des chapelles.

Formons-nous, étudions, confrontons nos travaux et cessons d’exposer des épidermes dont l’hyperesthésie n’est que le symptôme patent d’une autosatisfaction sans fondement.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/3/2011 en pages 12-13.

Solidarité avec le Japon

Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre, a adressé un message de condoléances et de solidarité à Yoshihisa Yamane, président de la Japan Veterinary Medical Association (JVMA).

L’Ordre invite les vétérinaires de France qui le souhaitent à témoigner à leurs confrères japonais de cette solidarité en faisant un don à la JVMA (voir ci-contre) et les remercie par avance pour leur générosité.

JVMA

• Banque : Mizuho Bank, Ltd / Aoyama Branch

• Code Swift : MHBKJPJT

• Compte n° 648856

• Bénéficiaire : Japan Veterinary Medical Association

• Adresse : room 2 357, Shin-Aoyama Building, 1-1-1 Minami-Aoyama, Minato-Ku, Tokyo 107-0062, Japon.

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