La chirurgie des tissus mous est disséquée à Seattle - La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011

Congrès de l’American College of Veterinary Surgeons 2010

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Fonctions : diplomate de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS), chirurgien itinérant dans la région d’Allentown, en Pennsylvanie (Etats-Unis).

Le congrès de l’ACVS à Seattle (Washington)(1) a abordé le syndrome brachycéphale, la pneumonie par fausse route ou la conduite à tenir lors d’hémorragie.

1 Syndrome brachycéphale : « Non, il n’est pas normal qu’un bulldog ronfle »

Notre confrère Gilles Dupré (école vétérinaire de Vienne, Autriche) a donné plusieurs conférences sur la pathophysiologie et la chirurgie des chiens brachycéphales. Considérer que ces animaux sont seulement affectés de sténose des narines et d’une hyperplasie du voile du palais est une simplification qui peut mener à un échec clinique et chirurgical.

Des études endoscopiques et à l’aide du scanner montrent que d’autres aspects du syndrome brachycéphale peuvent être en cause :

– éversion des ventricules laryngés dans 30 à 60 % des cas ;

– collapsus laryngé chez 66 % des animaux ;

– épaississement du voile du palais (un carlin peut ainsi avoir un voile du palais cinq fois plus épais qu’un berger allemand) ;

– augmentation de la résistance intranasale (par exemple, cette résistance peut être multipliée par dix chez un bulldog par rapport à un beagle) ;

– collapsus des bronches.

En outre, des anomalies gastro-intestinales sont parfois observées chez les races brachycéphales, ce qui peut compliquer le tableau clinique et le traitement. Et Gilles Dupré de conclure : « Il est important que les praticiens éduquent leurs clients pour qu’ils cessent de considérer qu’il est normal qu’un bulldog ronfle ou ne puisse pas faire de l’exercice en plein été sans dyspnée sévère. » Seuls une prise de conscience et un traitement précoce permettront d’améliorer la qualité de vie de ces chiens.

2 Pneumonie par fausse route : « Incidence rare, mais taux de mortalité élevé »

Daniel Spector (Animal Medical Center, New York) a étudié le dossier médical de plus de six mille chiens affectés d’une pneumonie par fausse route. Il a ainsi déterminé une incidence de 0,3 % chez l’ensemble des chiens présentés dans sa structure. Par comparaison, la fréquence est de 0,1 % en médecine humaine. Plus inquiétant : parmi les chiens atteints d’une pneumonie par fausse route, aucun n’a présenté de signes évidents à la radiographie thoracique, et un tiers d’entre eux sont morts. Les facteurs de risque incluent des vomissements, une régurgitation postanesthésique, plus d’un épisode anesthésique, ou encore une durée d’anesthésie particulièrement longue. L’auteur conclut que la pneumonie par fausse route est une affection qui présente « une incidence rare, mais un taux de mortalité élevé ». Il convient donc :

– de surveiller attentivement les animaux à risque (races brachycéphales, présence ou risque de vomissements, chirurgie abdominale, paralysie du larynx) ;

– de prétraiter les animaux à risque à l’aide d’antiémétiques et d’antiacides ;

– de traiter les chiens qui présentent des vomissements ou de la régurgitation de manière agressive et précoce, de même que tout animal atteint de pneumonie par fausse route.

3 Saignement : trois erreurs à éviter

Avery Bennett, chirurgien à l’école vétérinaire de l’Illinois, a rappelé trois erreurs classiques à ne pas commettre lors d’hémorragie. Le premier réflexe consiste souvent à exercer une pression sur le vaisseau sanguin en cause. Cela peut suffire si ce dernier est de faible diamètre, mais à condition de ne pas appuyer trop fort. En effet, une pression trop importante empêche les plaquettes et les facteurs de coagulation de parvenir au site du saignement et de former un caillot. « Exercer une pression suffisante, mais pas excessive, est tout un art qui s’acquiert avec l’expérience », a souligné Avery Bennett.

Lors de saignement diffus, un praticien débutant a parfois tendance à essuyer le sang avec une compresse. C’est une erreur technique, estime Avery Bennett, car ce geste malencontreux risque fort de déloger les caillots de l’extrémité des vaisseaux sectionnés, et de redoubler l’hémorragie. Il convient donc d’exercer une pression modérée avec une compresse et de ne pas frotter la plaie.

Lorsqu’un vaisseau de fort diamètre ou un pédicule, par exemple ovarien, est saisi avec une pince hémostatique, le tissu peut être écrasé et prend une forme ovoïde. Si une ligature est mise en place avec la pince en position fermée, la suture risque de glisser lorsque l’instrument est relâché et que le tissu reprend une forme circulaire. La solution consiste donc à ouvrir la pince légèrement avant de serrer le premier nœud, afin d’éviter tout saignement intempestif.

4 Analgésie : la perfusion à débit continu, un moyen efficace et simple

Luisito Pablo, anesthésiologiste à l’école vétérinaire de Floride, a passé en revue les avantages et les inconvénients d’une perfusion à débit continu dans la gestion de la douleur. Les avantages incluent :

– une concentration plasmatique et tissulaire en analgésiques constante : en effet, l’administration lente, mais constante de médicaments (par exemple, morphine, lidocaïne et kétamine) permet de remplacer les molécules au fur et à mesure de leur utilisation par l’organisme ;

– au contraire, l’injection de bolus répétés conduit à de grandes variations des concentrations tissulaire et plasmatique ;

– des doses médicamenteuses faibles sont utilisées, ce qui permet de réduire les effets secondaires et le coût ;

– cela permet aussi de diminuer le pourcentage de gaz requis pour maintenir une profondeur d’anesthésie appropriée ;

– il est possible d’adapter le débit de perfusion, ce qui autorise des changements rapides selon les besoins de l’animal.

Les inconvénients d’une perfusion à débit continu incluent :

– une supervision attentive, voire vingt-quatre heures sur vingt-quatre si la perfusion est maintenue durant la nuit qui suit une intervention chirurgicale ;

– la nécessité de disposer d’une pompe à infusion afin de délivrer une dose précise ;

– peu d’études scientifiques prouvent l’efficacité d’une perfusion à débit continu, ce qui conduit à se fier à l’expérience clinique, souvent positive ;

– le fait que peu de praticiens et d’auxiliaires aiment se livrer à la gymnastique mathématique requise pour préparer une telle perfusion. Pourtant, les calculs sont simples et les “recettes” faciles à suivre.

Au final, une perfusion à débit continu est un moyen simple, sûr, efficace et peu onéreux de réduire la douleur chez un animal pendant les phases préopératoire, peropératoire et postopératoire. Une telle perfusion peut également être utilisée dans le cadre du traitement médical de certaines affections douloureuses telles que la pancréatite.

  • (1) Octobre 2010. Le prochain congrès de l’ACVS se tiendra du 3 au 5/11/2011 à Chicago, Illinois. Renseignements sur www.acvs.org

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