Un bâtiment isolé et bien ventilé améliore le confort climatique des veaux - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Veaux de boucherie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Céline Carles

Une ambiance de qualité dans l’étable se traduit par des températures et une humidité modérées, une absence de courant d’air et de l’air suffisamment renouvelé.

Outre la maîtrise des pratiques d’élevage, le milieu dans lequel sont élevés les veaux de boucherie doit leur permettre d’exprimer pleinement leur potentiel de production sans les exposer à des risques pathologiques (respiratoires, digestifs). Une ambiance de qualité respecte les besoins des bovins et évite au bâtiment de se dégrader rapidement.

La température perçue ne correspond pas forcément à la température ambiante

Il faut attacher davantage d’importance à la température ressentie, même si sa mesure n’est pas maîtrisée de manière rigoureusement scientifique, qu’à la température ambiante. Elle dépend de l’humidité, de la vitesse de l’air, ainsi que de la nature des sols et des parois. Le veau ne perçoit pas la même température selon que l’hygrométrie est basse ou élevée. Lorsqu’il fait très froid, une humidité élevée augmente considérablement les pertes thermiques. Un veau se refroidit d’autant plus rapidement que l’humidité est élevée. A l’inverse, la chaleur associée à une forte humidité conduit à la saturation des capacités de l’animal à évacuer les calories, ce qui peut se traduire par une augmentation de la température corporelle.

Le veau ne ressent pas non plus la même température selon la vitesse de l’air : une accélération de 1 m/s abaisse la température ressentie de 2à 4 °C.

La nature de l’aire de couchage a aussi une influence en raison des pertes par conduction avec le substrat (voir tableau 1). La surface paillée et, dans une moindre mesure, le caillebotis de bois (assez utilisé en élevage de veaux de boucherie) assurent le meilleur confort thermique. Sur un sol en béton, les pertes de chaleur par conduction sont trois fois plus importantes que sur la paille.

L’isolation limite l’effet de rayonnement des parois

Les murs, en particulier s’ils sont en panneaux agglomérés de ciment, diffusent du froid en hiver et de la chaleur en été. A une température ambiante de 10 °C, un veau situé à moins d’un mètre d’une paroi à 0 °C ressent une température de 4 à 5 °C. De plus, ces bovins, en raison de phénomènes comportementaux, ont tendance à se coucher près des parois et des barrières. Ils se soumettent ainsi d’eux-mêmes à des conditions thermiques moins favorables. Par conséquent, si l’aire de couchage se trouve contre un mur, il est recommandé d’isoler la paroi, à l’extérieur ou à l’intérieur. Un bardage de bois, peu coûteux, assure, par exemple, une protection thermique et climatique intéressante.

En début d’engraissement, les veaux sont plus sensibles aux variations de température

L’objectif étant d’obtenir un gain moyen quotidien aussi élevé que possible, les recommandations en matière de température pour un veau de boucherie sont plus élevées que pour un jeune bovin d’élevage, dont la santé peut être parfaitement assurée à des températures relativement basses. Il faut donc faire en sorte que l’animal n’ait pas à compenser en permanence un stress thermique et qu’il n’utilise pas l’essentiel de l’énergie de sa ration pour produire de la chaleur sensible en s’opposant aux pertes caloriques.

Il faut s’efforcer d’amortir les variations de température, notamment entre le jour et la nuit, afin de ne pas mettre à rude épreuve les capacités d’adaptation du veau. Lorsque la température ambiante se situe en zone de neutralité thermique (voir tableau 2), l’animal n’a pas d’effort d’adaptation à fournir. Mais plus le veau est soumis à des températures éloignées de la situation thermique “confortable”, plus l’effort d’adaptation est soutenu. Si elle est pérenne, la situation peut devenir critique, voire létale en présence de facteurs aggravants, tels qu’une humidité élevée ou des courants d’air. Les plages de température ambiante “idéale” varient selon l’âge des bovins. Les veaux âgés de huit jours à trois semaines ont une exigence de neutralité thermique relativement élevée, de 12 à 21 °C (versus 5 à 18 °C pour ceux de plus de trois mois). Celle-ci est liée au fait qu’ils produisent peu de calories avec leur alimentation essentiellement lactée. Ils sont donc plus sensibles au froid que les veaux en fin d’engraissement (en devenant ruminants, les bovins produisent davantage de calories). Pourtant, la plupart des bâtiments ne sont pas chauffés ou rarement. A l’avenir, des techniques de chauffage (ou de refroidissement) “écologiques” seront certainement à développer pour améliorer le confort des veaux. Un puits canadien pour une nursery est actuellement en cours d’évaluation par l’Institut de l’élevage.

En période froide, mieux vaut éviter les courants d’air dans le lieu de vie des veaux

Par ailleurs, il faut chercher à avoir des vitesses d’air les plus homogènes et les plus basses possibles à hauteur des animaux. La littérature indique le seuil de 0,25 m/s. Néanmoins, ne pas dépasser cette vitesse tout en assurant des débits de renouvellement d’air de plusieurs centaines à milliers de mètres cubes à l’heure constitue un cahier des charges quelque peu irréaliste en pratique.

En revanche, plus haut dans le bâtiment, il est possible d’avoir des vitesses d’air plus importantes. L’utilisation de fumigènes permet de bien visualiser les circuits d’air et de tester l’efficacité de la ventilation. S’il reste beaucoup de fumée une demi-heure après la mise en œuvre, une sous-ventilation peut être suspectée. Les courants d’air, à proscrire en période froide, peuvent toutefois se révéler bénéfiques en été. Cette notion est nouvelle en matière d’élevage. En saison chaude, l’idéal est un bâtiment qui abrite les veaux du soleil, grâce à une toiture isolée, et qui ne possède pas de paroi latérale empêchant l’air de circuler et de rafraîchir les animaux. L’évaporation de la vapeur d’eau à la surface de la peau par les courants d’air prélève des calories et génère une sensation de fraîcheur. Même si, actuellement, la majorité des murs des bâtiments sont fixes, il est possible, à l’avenir, que se produise une évolution des concepts des bâtiments afin de mieux répondre aux besoins des veaux en été.

La ventilation est nécessaire pour évacuer l’eau et les gaz toxiques

Quel que soit le type de bâtiment, des ouvertures d’entrée et de sortie d’air sont indispensables afin d’évacuer les gaz présents dans l’atmosphère (résultant des déchets du métabolisme) et de la vapeur d’eau (voir tableau 3). Le taux d’ammoniac augmente si les litières ne sont pas suffisamment paillées ou remplacées.

En ce qui concerne la vapeur d’eau, il faut considérer l’animal et son support, le sol. Une litière paillée évapore tous les jours énormément de vapeur d’eau. Celle produite par un veau et sa litière à 20 °C varie de 6 à 15 l par jour (selon le poids). Sachant que pour évacuer 10 l de vapeur d’eau pour un veau, il faut que 10 000 m3 d’air traversent le bâtiment dans la journée (500 000 m3 par jour pour cinquante veaux), les débits de ventilation doivent être extrêmement importants afin de réussir à évacuer la vapeur produite.

Même si une humidité relative(1) de 50 à 75 % peut être recommandée, il n’existe aucun moyen de la maîtriser (pas de chauffage, pas de dés humidificateur). Seul un renouvellement de l’air satisfaisant via la ventilation évite l’accumulation de la vapeur d’eau. La différence d’humidité absolue(2) entre l’intérieur et l’extérieur est un critère plus intéressant de l’efficacité de la ventilation. La question est de savoir si l’air qui entre dans le bâtiment, puis qui en ressort, s’est exagérément chargé en eau ou non (en relation avec les volumes d’eau produits par veau et par jour). 1 kg d’air sec qui s’enrichit de plus de 0,5 à 1 g d’eau lors de la traversée du bâtiment peut être le signe d’une sous-ventilation.

Le compromis est toujours difficile à trouver : lorsqu’il fait froid, par exemple, il convient de ventiler peu afin de ne pas accentuer la sensation de froid ni de créer de courant d’air, mais suffisamment pour éviter l’accumulation des gaz toxiques et de la vapeur d’eau dans le bâtiment.

Dans une étable correctement ventilée, si l’eau ne s’accumule pas, tous les autres gaz toxiques sont évacués et il ne se forme pratiquement pas d’acides organiques. En revanche, si elle est mal ventilée, sa durée de vie est réduite (avec une dégradation rapide de la charpente et des bardages). Sans oublier qu’une ambiance malsaine a un impact sur la santé des animaux, ainsi que sur celle de l’éleveur.

  • (1) Rapport de la pression effective de la vapeur d’eau à la pression maximale (exprimé en pourcentage).

  • (2) Nombre de grammes de vapeur d’eau contenue dans un mètre carré d’air.

CONFÉRENCIER

Jacques Capdeville, responsable de projet, service “bâtiments et environnement”, Institut de l’élevage, à Toulouse-Castanet Tolosan.

Article rédigé d’après la conférence « Traitements qui répondent mal, problèmes sanitaires chroniques : savoir évaluer l’ambiance d’un bâtiment. Proposition d’une démarche d’audit et actions à mettre en œuvre », présentée lors de la 11e journée du veau de boucherie organisée par Ceva à Arcachon, le 13 janvier 2011.

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