Le diagnostic différentiel du prurit alésionnel inclut la dermatite atopique - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Dermatologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Amélie Camart

Parmi les autres causes à rechercher figurent les affections comportementales et neurologiques.

La dermatite atopique est une affection prurigineuse fréquente, caractérisée par une sensibilisation à des allergènes environnementaux. Le prurit est parfois faible, voire absent, et d’autres maladies prurigineuses peuvent la mimer. Notre confrère Pascal Prélaud a rappelé, lors du congrès de l’Afvac 2010, les critères de diagnostic de la dermatite atopique, ainsi que la démarche clinique à suivre.

Le diagnostic repose sur le tableau clinique et les commémoratifs

La dermatite atopique apparaît, dans la majorité des cas, chez les chiens âgés de moins de trois ans. Certaines races telles que le west highland white terrier, le fox-terrier, le labrador, le bouledogue français et le shar peï sont prédisposées. Les chiens atteints présentent une otite externe, une chéilite et une pododermatite antérieure. Aucune lésion dorso-lombaire n’est généralement observée. Lors d’évolution ancienne ou dans les formes graves, les lésions sont plus étendues. Les formes généralisées sont peu fréquentes et touchent particulièrement le west higland white terrier, le bouledogue français et le shar peï : les proliférations microbiennes et fongiques (Malassezia) induisent un prurit intense et, dans certains cas, une altération de l’état général. Lors de dermatite atopique, le prurit est corticosensible. Les surinfections bactériennes et fongiques sont fréquentes. Cette affection est la première cause de pyodermite des jonctions cutanéo-muqueuses, de pyodermite à Malassezia, de furonculose interdigitée et de polype auriculaire chez les brachycéphales. Certains critères dits mineurs, comme l’hyperhydrose ou l’évolution des symptômes selon le lieu de séjour, sont spécifiques, mais peu sensibles. Une anite est parfois observée.

La cause parasitaire doit être impérativement éliminée

Le diagnostic différentiel comprend toutes les maladies prurigineuses (ectoparasitoses, infections cutanées, autres causes de dermatite allergique et de prurit alésionnel).

La cause parasitaire doit être impérativement éliminée. Un examen attentif de la région dorso-lombaire et de la base de la queue permet de visualiser la présence éventuelle de puces, de déjections de puces ou de cheylétielles. L’observation de lésions telles que des croûtes ou des papules, sur la face externe des pavillons auriculaires et des membres (coudes, jarrets), impose la recherche d’une gale sarcoptique (raclages multiples, sérologie). La démodécie peut aussi se révéler prurigineuse quand elle est surinfectée ou lorsqu’elle implique des demodex à corps long (Demodex injai). Des raclages sont indispensables en cas de furonculose interdigitée ou de séborrhée huileuse dorsale ou tronculaire chez les chiens de petite taille. Des calques et des scotch tests doivent être systématiquement effectués, puisque les infections microbiennes et les dermatites à Malassezia entrent dans le diagnostic différentiel. Le prurit peut être intense en l’absence de lésions. Les cytologies sont préférentiellement réalisées au niveau des grands plis (ars et région inguinale) et des bourrelets unguéaux. Ces infections constituent également l’une des complications de la dermatite atopique.

Les allergies, telles que la dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) ou une dermatite de contact (dermatite scrotale ou secondaire à l’application de topiques), sont également à rechercher. Lors de DAPP, les lésions sont cantonnées à la base de la queue, à la face postérieure des cuisses et à la région dorso-lombaire.

Une affection d’origine comportementale est à exclure

Certains troubles du comportement sont à l’origine de léchage, de mordillements ou de succion de certaines zones. Ils correspondent à des rituels, des activités de substitution, voire à des stéréotypies, et sont la conséquence directe d’une affection comportementale (anxiété, dépression, dysthymie). La dermatite de léchage se caractérise par des lésions sur les carpes et les tarses (alopécie, coloration des poils, érythème, hyperlichénification, hyperpigmentation et parfois ulcérations). Certaines races, comme le dobermann, présentent des lésions de succion sur les flancs. Des morsures de la queue peuvent être observées lors d’hyperactivité ou de stéréotypie de contrainte (chiens de travail). Des léchages de l’anus et des flancs sont également possibles. L’entretien avec le propriétaire est crucial pour dépister ces troubles comportementaux. Néanmoins, des analyses cytologiques doivent être réalisées, car les surinfections sont fréquentes et entretiennent le léchage.

Une syringomyélie provoque un prurit en l’absence de lésions

Certaines causes neurologiques induisent aussi un prurit alésionnel. Les otites moyennes peuvent provoquer un prurit à la base des oreilles : un examen du tympan au vidéo-otoscope est alors indispensable. Les otites internes sont généralement accompagnées de symptômes neurologiques (port de tête penché, ataxie asymétrique, tourner en rond, nystagmus, paralysie faciale). L’examen tomodensitométrique confirmera cette hypothèse.

Chez les chiens de petite taille (cavalier king charles, bouledogue, yorkshire terrier), une syringomyélie provoque un prurit en l’absence de lésions au niveau de la base des oreilles, du cou et de la région scapulaire. Seule l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet un diagnostic de certitude. Le léchage des extrémités des membres peut être secondaire à diverses lésions nerveuses : neuropathies sensitives, névrites, tumeurs, traumatismes du plexus brachial ou lombo-sacré, lésion vertébrale. Un examen neurologique précis et le recours à des techniques d’imagerie (scanner, IRM) ou d’électrodiagnostic (électromyographie) sont alors nécessaires.

CONFÉRENCIER

Pascal Prélaud, diplomate ECVD, spécialiste de dermatologie vétérinaire à la clinique Advetia et au Laboratoire Ceri (Paris).

Article rédigé d’après la conférence « Prurit chronique ou récidivant : atopie or not atopie ? », présentée au congrès de l’Afvac 2010, à Paris.

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