Dynamiser sa trésorerie passe par une approche globale de celle-ci - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Gestion

Gestion

ENTREPRENDRE

Auteur(s) : Pierre Botrel

Que faire des excédents de trésorerie ? Parmi les choix qui s’offrent au vétérinaire, certains sont propres à l’environnement professionnel, d’autres sont purement financiers. Conseils.

Pour la plupart des professionnels, la trésorerie représente le niveau des soldes bancaires, des placements (en valeurs mobilières disponibles à court terme) et les sommes en caisse. En réalité, pour une analyse financière plus juste, il convient d’adopter une approche plus large. En effet, la trésorerie globale au bilan prend en compte les opérations en cours avec l’établissement bancaire (essentiellement les chèques et les effets non encore débités, ainsi que les espèces remises en banque non créditées), l’impôt à payer (sur le revenu ou sur les sociétés pour les SEL) considéré comme de la trésorerie négative, ou encore une créance d’impôt à récupérer considérée comme de la trésorerie positive, etc.

1 UNE ANALYSE FINANCIÈRE “SUR MESURE”

L’approche de la trésorerie globale permet de juger plus exactement de la situation de l’entreprise à une date donnée. De fait, elle sert de point de départ aux extrapolations qui visent à mesurer si elle sera suffisante pour faire face aux endettements ou aux aléas conjoncturels.

L’analyse des bilans fiscaux ou de gestion, automatisés, ne permet pas toujours d’évaluer de manière pertinente le niveau de la trésorerie globale. Une approche “sur mesure” s’impose. Par exemple, les associés d’une clinique vétérinaire exploitée en société d’exercice libéral sont rassurés de savoir qu’ils disposent sur le compte en banque de la SEL de 50 000 €. En réalité, compte tenu du décalage de certaines opérations, spécifiquement sur la clôture au 31 décembre 2010, la trésorerie globale n’est peut-être en réalité que de 30 000 €. L’analyste financier s’appuiera sur cette dernière donnée pour ses prévisions, et non sur la valeur de 50 000 €.

2 LA GESTION DU TRÉSOR DE GUERRE

Le niveau moyen de la trésorerie globale disponible dans les cliniques vétérinaires est faible en moyenne, eu égard aux volumes d’affaires traités. Il est donc souhaitable qu’elles disposent d’une trésorerie globale, un “trésor de guerre”, qui représente environ 5 % de leur chiffre d’affaires, uniquement pour faire face aux aléas conjoncturels (baisse temporaire d’activité, surcharge de frais de personnel momentanée, indemnités à verser, etc.) ou pour se donner le temps de mettre en œuvre des solutions opportunes, sans être “prises à la gorge” en cas de difficultés structurelles. Ce principe de prudence n’est pas toujours écouté par les vétérinaires, tant la profession est “relativement” peu confrontée à des aléas d’activité.

Les professionnels qui exercent en entreprise individuelle ou en société soumise à l’impôt sur le revenu (société civile professionnelle, société civile de moyens, en nom collectif, etc.) ont tendance à considérer que la trésorerie de leur structure leur appartient… et ils la prélèvent. Sur le plan fiscal, ils n’ont pas tort. Au niveau économique non plus, mais uniquement si cet argent n’est pas consommé à titre personnel, alors que l’entreprise doit encore faire face aux remboursements d’emprunt.

Ils auront tout intérêt à suivre deux conseils :

– le business plan financier devra définir le montant des sommes à “mettre de côté” pour faire face aux échéances d’emprunts de l’entreprise ;

– pour ceux qui exercent dans une structure soumise à l’impôt sur le revenu, il peut être plus judicieux de placer la trésorerie excédentaire à titre personnel plutôt qu’au nom de l’entreprise, uniquement pour amoindrir la taxation des produits financiers générés (ceux générés dans l’entreprise entreront dans les bases de calcul de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et des cotisations sociales du dirigeant).

3 LE PLAN DE TRÉSORERIE

Les cliniques vétérinaires sont des entités légères qui n’ont pas forcément besoin de se doter d’outils “surdimensionnés”, plutôt réservés aux grandes entreprises cherchant à optimiser leurs finances. La mise en place d’un plan de trésorerie mensuel, laborieux à suivre, n’apportera aucune solution par rapport à la tendance lourde (sauf exceptions rares et exigées par des circonstances extrêmes).

4 L’EMPLOI DE LA TRÉSORERIE EXCÉDENTAIRE

La trésorerie excédentaire dans la clinique vétérinaire a vocation à être utilisée de plusieurs manières.

• Acheter en grandes quantités des consommables pour l’usage professionnel ou des médicaments vétérinaires pour obtenir de meilleures remises.

• Anticiper les échéances d’emprunt : les jeunes vétérinaires installés ont en général une trésorerie globale excédentaire en début d’activité. Cette situation cache la réalité, et la prudence s’impose. En effet, sur plusieurs années, elle sera employée tout simplement à rembourser les emprunts levés pour racheter l’affaire. A rentabilité constante, les mécanismes financiers conduisent automatiquement à une dégradation de la trésorerie globale. Ainsi, des solutions structurelles lourdes, telles que le réétalement des crédits ou l’apport de capitaux de la part des associés, devront être mises en œuvre. En résumé, la trésorerie est excédentaire, mais cela ne dure pas, et il est fortement recommandé d’intégrer le phénomène.

• Prélever la trésorerie ou la distribuer aux associés : pour les cliniques vétérinaires qui n’ont plus de dettes ou un endettement relatif, la trésorerie globale, non nécessaire à l’exploitation, pourra être “ponctionnée” ou distribuée au titulaire ou aux associés, à défaut de projet à long terme.

• La placer à court terme : la trésorerie peut en effet varier de manière importante au gré de certaines échéances (règlement de dettes fournisseurs, échéances sociales trimestrielles, paiement de l’impôt sur le revenu ou de celui sur les sociétés, etc.), ce qui rend difficile une bonne gestion à moyen terme de la trésorerie courante. Par conséquent, lorsque le vétérinaire dégage des excédents de trésorerie, il doit s’orienter vers des solutions à court (voire à très court) terme, comme un compte à terme, une valorisation en Organismes de placement collectif en valeurs mobilières monétaires (Sicav et fonds communs de placement de trésorerie), etc.

• Travailler avec ses fournisseurs : dans le secteur du médicament humain, la plupart des répartiteurs proposent de porter sur un compte rémunéré, au nom du titulaire, les remises commerciales mensuelles. Pourquoi pas ne pas en parler au grossiste vétérinaire ou à ses fournisseurs en direct (laboratoires) ? Cette technique permet d’engranger tranquillement des sommes rémunérées et disponibles dans un délai relativement court. Bien orchestrés, ces comptes peuvent permettre d’écrêter des pointes de besoin de trésorerie sans y consacrer beaucoup de temps.

• “Investir” : si les titulaires et/ou les associés ont des projets d’investissement, il peut être intéressant de se constituer préalablement une réserve, de se préparer à une opération qui peut être financièrement lourde, par exemple le rachat d’une autre clinique. Les associés des structures à l’impôt sur les sociétés bénéficieront d’un effet de levier fiscal intéressant. En effet, aussi longtemps que les associés maintiennent les résultats et les liquidités correspondantes dans l’entreprise, ils ne sont pas imposés personnellement (la société agissant comme un “paravent fiscal”). Il n’y a pas de ponctions supplémentaires au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. De plus, des moyens financiers importants peuvent ainsi être réinvestis dans le domaine économique. C’est assez incitatif.

Incidence du régime fiscal

• A l’impôt sur les sociétés, une trésorerie importante sera l’indice d’une fine gestion. Tant que le dirigeant n’appréhende pas les bénéfices, que ce soit sous forme de rémunération ou de dividendes, ceux-ci ne supportent qu’un faible niveau de prélèvement fiscal (15 % ou 33,33 %) et aucune charge sociale. Il peut donc être pertinent de laisser dans la société l’argent dont on n’a pas besoin pour son train de vie, afin qu’il génère des produits financiers ainsi majorés.

• A l’impôt sur le revenu, a contrario, une trésorerie importante est plutôt une anomalie qui doit déclencher une concertation entre associés, l’expert-comptable et le financier, pour étudier des solutions d’optimisation du passif. Car l’argent qui figure à l’actif de l’entreprise a déjà entièrement supporté les prélèvements obligatoires et il aurait mieux sa place dans l’actif patrimonial du vétérinaire. Il existe de nombreuses techniques qui permettent de sortir des capitaux de l’entreprise et, par contrecoup, de baisser la pression fiscale d’un vétérinaire en bonne santé financière. Tout cela est l’affaire des conseils financiers.

P. B.
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