Dans quel cadre les actes vétérinaires pourraient-ils être délégués ? - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Forum

Déléguer aux ASV, mais sous contrôle vétérinaire

Jean-Marc Betsch, praticien équin à Ecouché (Orne).

Les auxiliaires sont fondamentaux dans la bonne marche de l’exercice vétérinaire, surtout en pratique équine où les structures se développent en taille et en équipement. Il serait cohérent que leur activité soit moins limitée et, qu’après formation, ils puissent effectuer certains actes comme les injections, les prises de sang, les perfusions. Un véritable travail infirmier pourrait leur être confié, comme en médecine humaine. Mais ces gestes doivent rester sous l’autorité et la responsabilité du vétérinaire. Ils ne peuvent être réalisés en autonomie, hors de la structure vétérinaire, hors de la présence d’un praticien. En effet, chez les chevaux, les complications, comme les allergies et les blessures, sont rapidement graves. Le vétérinaire doit rester à proximité afin de pouvoir intervenir.

Sans passer pour un rétrograde ou un protectionniste, je pense qu’une délégation des actes sans contrôle vétérinaire, à des ASV libérales ou d’autres professionnels, serait déraisonnable. Ces actes ne sont pas sans danger pour les chevaux. Il faut par ailleurs rester prudent au regard du risque de dérives quant à l’utilisation des substances dangereuses. En équine, l’automédication est déjà répandue. Elargir la disponibilité des produits pourrait favoriser ces habitudes. L’idée d’autoriser des non-vétérinaires à administrer des médicaments à usage zootechnique mérite une grande vigilance. Car comment placer le curseur entre physiologie et pathologie, notamment pour l’usage des hormones ou des tranquillisants, sans parler de l’antibiothérapie ? Le rôle de barrière du vétérinaire est nécessaire. Il ne s’agit pas de défendre les acquis de la profession, mais de préserver la santé publique.

En priorité, les actes de prévention et d’hygiène

Liesbeth Delaere, praticienne canine à Lens (Pas-de-Calais).

Les auxiliaires pourraient effectuer certains actes courants de prévention et d’hygiène, et montrer les bons gestes aux propriétaires. Je pense, par exemple, à l’entretien des oreilles, des dents et du pelage, mais aussi à l’exécution des traitements (appliquer un antiparasitaire, administrer un comprimé, etc.). Ils pourraient aussi accomplir des actes infirmiers comme la pose de cathéters, le nettoyage des plaies opératoires et le renouvellement des pansements, la réalisation de prélèvements (sanguins et urinaires). Dans tous les cas, la prescription (actes et produits) doit rester de l’initiative du vétérinaire. Si une perfusion est indiquée, c’est lui qui détermine le soluté et le rythme d’administration. L’acte peut ensuite être du ressort de l’ASV. A mon sens, la réalisation d’injections doit se cantonner à des situations exceptionnelles, lorsqu’un traitement oral est inenvisageable notamment. Car, dans 99 % des cas, une injection s’effectue dans le prolongement d’une consultation ou se décide – par le vétérinaire – selon les résultats d’un examen complémentaire ou l’évolution de l’animal.

Les auxiliaires pourraient réaliser des clichés radiographiques, mais après une solide formation, car le positionnement de l’animal et sa manipulation doivent être précis. Je n’imagine pas les laisser intervenir seuls pour des actes de petite chirurgie ou nécessitant une anesthésie, comme un détartrage. Outre le risque anesthésique (animal âgé, protection indispensable des voies respiratoires, etc.), ce dernier comprend souvent des soins importants (extractions dentaires) réservés au praticien. Plutôt que de se voir déléguer des actes vétérinaires, il serait plus utile que les ASV développent leur rôle de conseil aux clients, comme pour la pharmacie en médecine humaine.

La délégation aux éleveurs est déjà engagée

Philippe Vaubourdolle, praticien mixte à Chaillé-les-Marais (Vendée).

En pratique rurale, nous essayons de nous développer et de proposer de nouveaux services. Aussi, déléguer une part de notre activité à d’autres professionnels serait contradictoire. Nous travaillons plutôt à conserver notre rayon d’action, parfois à récupérer ce qui nous échappe, comme le marché de l’échographie.

Créer des auxiliaires ruraux apparaît inutile. La participation des ASV en canine est courante, presque indispensable. Les autoriser à pratiquer des actes vétérinaires est envisageable. Mais en rurale, nous sommes habitués à travailler seuls, en sollicitant l’aide de l’éleveur si nécessaire. Au besoin, pour des campagnes de police sanitaire par exemple, il est aisé d’embaucher de jeunes confrères.

Seule la délégation aux éleveurs semble concevable. Elle est déjà enclenchée au travers du bilan sanitaire et les formations éleveur-infirmier que nous proposons à nos clients en partenariat avec le Groupement de défense sanitaire. Nous animons des travaux pratiques en élevage où ils s’exercent à l’examen des animaux et sont sensibilisés au fait que toute intervention de soin n’est pas anodine. Cette délégation est une évolution normale, mais qui doit rester cadrée (quant à l’accès aux médicaments notamment). Elle entretient une relation de confiance entre les praticiens et les éleveurs. Ceux-ci disposent de connaissances solides (en reproduction, en alimentation) et cherchent à limiter les frais vétérinaires. Autant que cela se passe en bonne intelligence ! Entretenir la confiance et les échanges est indispensable à la survie de notre métier. Les éleveurs peuvent pratiquer certains actes, même invasifs comme les intraveineuses, s’ils sont formés et s’en sentent capables. En revanche, les actes chirurgicaux restent du ressort du vétérinaire.

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