Qu’est-ce que le statut de collaborateur libéral ? - La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011

Exercice professionnel

Gestion

QUESTIONS/RÉPONSES

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Mis en place il y a six ans, ce statut attire encore peu de jeunes vétérinaires qui lui préfèrent le salariat.

1 QU’EST-CE QU’UN COLLABORATEUR LIBÉRAL ?

Mis en place par la loi n° 2005-882 en faveur des petites et moyennes entreprises, ce statut permet au praticien qui le souhaite d’exercer dans la clientèle d’un confrère sans en être le salarié. Il devient alors travailleur indépendant. « Le collaborateur libéral exerce son activité professionnelle en toute indépendance, sans lien de subordination. Il peut compléter sa formation et peut se constituer une clientèle personnelle », précise la loi. Par conséquent, il paye ses propres charges (cotisation Urssaf, retraite et prévoyance, maladie), la taxe sur la valeur ajoutée, et il possède sa propre assurance en responsabilité civile professionnelle. Le titulaire doit fournir au collaborateur les informations utiles à la gestion de la clinique, le matériel et les locaux qui lui permettront d’exercer en toute indépendance. Le collaborateur prend en charge ses obligations de formation professionnelle et déontologiques, ainsi que sa plaque, son tampon et ses ordonnances. Il organise son temps comme il l’entend, mais il doit respecter le règlement intérieur de la structure. Il a l’obligation de recevoir les clients qui pourront lui être attribués. Il est lié par contrat, à durée indéterminée ou non, avec la structure qui l’accueille mais, dans l’esprit, la collaboration est un choix temporaire avant l’installation. Des modèles de contrats sont disponibles sur les sites Internet du Conseil de l’Ordre et du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).

2 COMMENT LE COLLABORATEUR LIBÉRAL EST-IL RÉMUNÉRÉ ?

Contrairement à un salarié, le montant des gains du collaborateur libéral est variable, même si les modalités financières doivent garantir un revenu minimal. La majeure partie de la rémunération est fixée en pourcentage mensuel des honoraires bruts hors taxes de la structure, ou de ceux que le collaborateur aura lui-même facturés (il rétrocède alors le reliquat à la structure). Il est possible de panacher ces deux types de rémunération et d’y adjoindre, par exemple, des pourcentages sur la vente de médicaments ou sur certaines interventions chirurgicales. Fixer un plafond de rémunération constitue une autre solution. La souplesse est de rigueur. La formule de calcul qui convient aux deux parties doit être transparente. Elle sera réévaluée régulièrement (au moins tous les ans) pour suivre l’évolution de l’activité du collaborateur.

Compte tenu des spécificités de l’exercice (nouveaux animaux de compagnie, pratiques canine, mixte, etc.) et de la structure (prix des actes, des médicaments, nombre de salariés, etc.), il est difficile d’évaluer une rémunération moyenne. Toutefois, ce système permet d’une part au collaborateur libéral de disposer de revenus supérieurs à ce que percevrait un salarié, d’autre part au titulaire de réduire le coût du travail. En effet, ce dernier n’a pas à payer les charges sociales et patronales. Il verse au collaborateur libéral une somme brute sous forme d’honoraires. Le collaborateur en déduira les charges qu’il paie lui-même. D’après les estimations, pour une même somme déboursée par le titulaire, le collaborateur libéral tirera un revenu avant impôt d’environ 10 % supérieur au revenu net versé au salarié.

3 QUELS SONT LES PRINCIPAUX AVANTAGES DE CE STATUT ?

Pour le titulaire, le coût du travail est moins élevé (pas de charges sociales). Il a en outre la possibilité de céder, à terme, une partie de la clientèle à quelqu’un avec qui il travaille déjà. C’est aussi un test “grandeur nature” avant une association (cela vaut également pour le collaborateur).

Du côté du collaborateur, ce statut s’accompagne d’une responsabilité et d’une indépendance professionnelle plus larges, et de la possibilité de “vendre” sa spécialité dans une clientèle existante. Il lui apporte également des revenus disponibles environ 10 % supérieurs. Exercer ainsi permet une transition entre deux périodes d’activité libérale, sans passer par la case salariat, de développer sa propre clientèle et de gérer son temps à sa guise (même s’il faut aussi répondre aux besoins de la clientèle du titulaire). Sa méthode de travail est libre, non dictée par le titulaire. Enfin, si le collaborateur libéral cotise en tranche supérieure, sa retraite complémentaire sera bien plus élevée que celle d’un salarié. La retraite de base est, en revanche, plus faible.

4 QUELS SONT LES PRINCIPAUX INCONVÉNIENTS ?

Pour le titulaire, employer un collaborateur libéral s’accompagne de l’obligation d’être transparent, d’ouvrir sa comptabilité, ses contrats avec les laboratoires, etc. Le collaborateur peut devenir un concurrent.

De son côté, le collaborateur doit lui-même veiller à cotiser auprès des assurances sociales (immatriculation Urssaf, etc.). Il est aussi contraint de répondre aux “besoins” du titulaire pour que l’organisation fonctionne (saisonnalité, par exemple). L’investissement en temps est forcément beaucoup plus important que pour le salariat. La gestion des tâches administratives est également chronophage.

Les revenus mensuels du collaborateur sont variables. Sa retraite de base est plus faible que celle du salarié et il ne peut prétendre à l’assurance-chômage.

La femme qui exerce sous ce statut ne bénéficie que d’une faible protection en matière de maternité. Le congé de maternité est minoré (soixante jours – quatre-vingt-dix en cas de grossesse pathologique – versus seize semaines pour une salariée). Elle ne perçoit pas de rémunération durant cette période, mais une indemnité de repos qu’elle peut toutefois compléter par une assurance.

  • (1) Cass. soc., 13/11/1996.

Pas plus de 250 collaborateurs libéraux

Les statistiques relatives à cette catégorie de praticiens reposent sur de simples déclarations, si bien que les chiffres sont peu précis. Fin 2010, la caisse de retraite (CARPV) dénombrait 149 collaborateurs libéraux (52 hommes et 97 femmes). L’Annuaire Roy en comptabilise 219 au début du mois de février 2011, tandis que l’Ordre en référence près de 250. Une chose est certaine : leur nombre progresse lentement, mais sûrement. Ce statut attire avant tout les jeunes diplômés (trois quarts de l’effectif), mais également les vétérinaires plus expérimentés qui sortent d’une période d’activité libérale en tant que titulaire.

N. F.

Attention à la requalification du contrat de collaboration

Dans un arrêt du 14 mai 2009 (n° 08-12966, mais il y en a bien d’autres), la Cour de cassation a requalifié un contrat de collaboration libérale en contrat de travail. Le collaborateur libéral en question avait été privé de son indépendance technique. Le cabinet d’avocats avec lequel il avait contracté avait « manifestement omis de mettre à sa disposition les moyens matériels et humains lui permettant de développer sa clientèle personnelle ».

Dans toutes les affaires de ce type, les juges recherchent s’il existe ou non un lien de subordination défini par « l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné »(1). Ce lien détruit en effet la notion de collaboration libérale. Le collaborateur est l’égal de celui avec qui il travaille d’un point de vue fiscal, comptable ou organisationnel.

N. F.

RECHERCHE

Une thèse sur le collaborateur libéral

Une enquête a été lancée au début de l’année auprès des collaborateurs libéraux et des titulaires, dans le cadre d’une thèse de doctorat vétérinaire consacrée à la collaboration libérale. L’école de Toulouse recherche donc des vétérinaires qui exercent ou qui ont exercé sous ce statut. Cette étude, qui s’inscrit dans les travaux du groupe de réflexion Valovet (pour valorisation du vétérinaire et de ses actes), a pour but de dresser un état des lieux de ce mode d’exercice dans la profession. Tous les collaborateurs (actuels ou passés) sont invités à y participer, en adressant un mail à Florence Thierry (f.thierry_06@envt.fr) ou à Pierre Sans (p.sans@envt.fr). Ils recevront ensuite les liens électroniques pour accéder au questionnaire en ligne.

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