Vaincre la douleur morale permet d’accéder à la sérénité - La Semaine Vétérinaire n° 1439 du 25/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1439 du 25/02/2011

Thérapies comportementales

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Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer

Nous avons évoqué la semaine dernière les “secrets” des psys(1) sous l’angle particulier de la timidité. Nous nous intéressons aujourd’hui à la douleur morale et à l’une des façons de la traiter. Le cheminement qui mène à la dépression est connu : une surcharge de travail, un choc émotionnel ou affectif, un épuisement, voire le syndrome du burn out, le doute de soi… L’individu rumine les pensées qui lui sont douloureuses et celles-ci l’intoxiquent.

Stephany Orain-Pélissolo, psychologue et psychothérapeute, est spécialisée dans les thérapies comportementales. Dans Secrets de psys, ce qu’il faut savoir pour aller bien(2), elle témoigne en expliquant comment elle a elle-même expérimenté, avec succès, certaines techniques qui relèvent de « la restructuration cognitive » afin de lutter contre la douleur morale et l’épuisement et aller vers davantage de quiétude. Cette première méthode n’est efficace qu’au début du ressenti du malaise, au commencement de la dépression. Elle consiste à soumettre ses pensées négatives à l’épreuve de la réalité. Il s’agit de procéder à un questionnement afin de limiter les émotions négatives et pénibles. L’idée est que l’individu voit, dans une telle situation, toute chose au travers du prisme déformant du mental possédé par la tristesse.

L’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) consiste à désensibiliser la douleur en utilisant des mouvements oculaires. Cette technique a été créée par Francine Shapiro, une psychiatre américaine, à la fin des années 80. L’explication est la suivante : les souvenirs sont classés, archivés et normalement “digérés”, autrement dit désensibilisés. Mais si l’individu éprouve une souffrance à leur évocation, une émotion négative intense, c’est que ceux-ci sont mal archivés dans sa mémoire. Il faut donc procéder à un “nettoyage” et désensibiliser le souvenir. Pour cela, il faut supprimer l’association qui relie le souvenir et l’émotion (la sensation) et faire en sorte que cette évocation ne soit pas un cauchemar. Le thérapeute demandera à son patient d’évoquer son souvenir traumatisant. Le sujet fixera son attention sur cette pensée et suivra des yeux le mouvement de balayage effectué par le doigt du thérapeute. Après trente secondes environ, ce dernier demandera au patient ce qu’il ressent. Cela peut être une image, une sensation corporelle, une pensée, une émotion, ou rien du tout. Le thérapeute ne procédera à aucune interprétation, mais demandera simplement à son patient de se concentrer sur son ressenti, tout en procédant à une autre stimulation. Ces séances sont répétées jusqu’à ce que le contenu des souvenirs en question perde son aspect négatif. Et cette situation de “désamorçage” finit par se produire sans que le sujet sache vraiment pourquoi. A l’évocation de la pensée traumatisante, celle-ci ne sera plus associée à une émotion douloureuse. Pour comprendre, Stephany Orain-Pélissolo emploie l’image d’un train et de ses wagons. A chaque station, pendant le voyage, des éléments négatifs sont déchargés tandis que d’autres, positifs, sont emmagasinés. Cette thérapie présente l’avantage d’être efficace et de demander peu de séances pour produire des résultats.

Un simple exercice donne parfois accès à la sérénité

La Mind Fulness Based Cognitive Therapy (MBCT), mise en place par le scientifique Jon Kabat-Zinn il y a une dizaine d’années, constitue une autre technique complémentaire. Le principe est celui de la pleine conscience. Il s’agit, pour l’individu, d’apprendre à s’arrêter sur ce qu’il fait et à se trouver dans le moment présent. Dans la vie quotidienne, nous sommes plutôt “multitâches”, ce qui nous oblige à dépenser beaucoup d’énergie. Dans les cas extrêmes, cela peut conduire à l’épuisement. Rester sur le seul ouvrage que nous accomplissons nous permet de “muscler” notre esprit. C’est un moment avec nous-même, qui nous autorise un vrai ressenti, comme c’est le cas lors de séances de yoga ou d’étirements. Si des pensées négatives surviennent, nous les regardons. Nous en prenons bonne note. En somme, nous endossons un statut d’observateur. Notre esprit cesse ce voyage incessant entre le passé et le futur qui nous perturbe. Pratiquer cet exercice (qu’il est possible d’effectuer à tout moment) trente minutes par jour permet de vivre les sensations agréables et désagréables en les acceptant. Nous apprenons à connaître nos émotions, à constater qu’elles changent et à ne pas nous faire piéger. Nous ne regardons plus la réalité au travers du prisme déformant de la tristesse.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1438 du 18/2/2011 page 50.

  • (2) Christophe André : « Secrets de psys, ce qu’il faut savoir pour aller bien », éditions Odile Jacob.

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