Que pensez-vous de la féminisation de la profession ? - La Semaine Vétérinaire n° 1438 du 18/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1438 du 18/02/2011

Entre nous

FORUM

Les clients s’attachent d’abord aux compétences

Martine Veyrat, praticienne mixte à Marlhes (Loire).

A l’époque de ma sortie de l’école vétérinaire de Lyon, en 1980, la féminisation représentait seulement 10 % des effectifs. Personnellement, j’ai toujours voulu exercer en rurale. Dans des environnements plutôt masculins, il a fallu faire mes preuves. Certains paysans ne voulaient pas voir de femmes dans leur exploitation. Heureusement, j’ai eu la chance de débuter chez un praticien qui voyait cela d’un bon œil. Cela dit, les mentalités ont beaucoup évolué. A tel point que certains éleveurs m’ont avoué préférer travailler avec des femmes. Selon eux, elles sont davantage à l’écoute et plus consciencieuses. En fait, les clients s’attachent d’abord à la personnalité et aux compétences de l’individu. Pour des questions d’égalité des sexes, je suis plutôt satisfaite que la tendance se soit inversée. Désormais, la féminisation risque de créer un manque en rurale. Mais, d’une façon générale, les hommes ne se bousculent pas non plus pour y exercer. Quand j’ai commencé il y a trente ans, j’étais moins payée que les hommes et on voulait voir ma tête avant de m’embaucher ! Aujourd’hui, un tarif horaire identique, établi par la convention collective, est appliqué.

Les hommes cherchent avant tout la rentabilité

Catherine Leducq, praticienne rurale à Epehy (Somme).

Je suis sortie de l’école de Maisons-Alfort en 1989.A mes yeux, être une femme constituait plus un défi qu’un frein. Nous avions simplement l’impression de devoir faire davantage nos preuves. Au départ, je n’ai pas pensé à ma vie privée. Il est vrai que la profession de vétérinaire est soumise à une importante disponibilité. J’ai commencé en tant que salariée pendant quatre ans mais, dès le départ, j’avais pour objectif de m’associer. Aujourd’hui, j’emploie plus de filles que de garçons. Nous les attirons, je crois. La tendance à la féminisation s’affirme par la sélection des écoles préparatoires et des concours. Les femmes sont plus bûcheuses. Ce n’est qu’ensuite qu’elles recherchent des postes salariés, en ville. La désaffection masculine tient aussi à l’aspect financier du métier, qui n’est plus aussi rémunérateur que par le passé. Or, beaucoup d’hommes cherchent avant tout une forte rentabilité. Vis-à-vis de la clientèle, cela passe ou non. Au début de ma carrière, le fait d’être jeune et femme a fait jaser. Ces deux “critères” m’ont fait perdre des clients. Aujourd’hui, je fais attention à ne jamais me laisser aller à un discours du type “j’en ai marre”, ou “je suis fatiguée”.

Je suis farouchement opposée à toute idée de quota d’hommes. Selon moi, cela représente une forme de discrimination. Nous sommes en 2011, comme dans beaucoup de professions, il y a de nombreuses femmes, et c’est tant mieux !

Pourquoi pas des quotas d’hommes dans les écoles ?

Jean-Louis Laurent, praticien mixte à Epinac (Saône-et-Loire).

Notre clinique fonctionne avec six associés, dont une femme que nous avons recrutée il y a deux ans. Il faut bien le reconnaître : les femmes sont souvent plus méticuleuses et plus consciencieuses que les hommes. Son arrivée a également eu des répercussions positives dans l’organisation du cabinet. A sa demande, par exemple, nous avons instauré la mise en place de rendez-vous pour la canine. Tout le monde s’en félicite. Au début, quelques éleveurs – ou plutôt leurs femmes – manifestaient des réticences devant ce phénomène. Puis c’est entré dans les mœurs, comme dans beaucoup de secteurs professionnels. Cela dit, je suis plus réservé sur la féminisation actuelle de la profession. Peut-être est-ce un peu exagéré. Beaucoup choisissent cette filière en raison de leur affinité pour l’univers du cheval. Or, le nombre de vétérinaires équins est finalement assez réduit et beaucoup d’entre elles déchantent. Il est également vrai que le mode de recrutement des classes préparatoires favorise les femmes, qui sont plus bachoteuses et sérieuses que la gent masculine. Personnellement, je ne serais pas opposé à la mise en place de quotas, comme le préconise un directeur d’école. L’idée ne me choque pas. Qu’il y ait des femmes, d’accord. Cependant, je pense qu’il est préférable de maintenir un équilibre des effectifs vis-à-vis des clients. Les hommes et les femmes ont des approches un peu différentes. Il est souhaitable d’éviter les excès dans un sens comme dans l’autre. Au regard des statistiques, les femmes ont tendance à privilégier le salariat et les postes à temps partiel pour des raisons familiales. Si le salaire horaire homme-femme est identique, en revanche, en fin d’année, les revenus sont moindres pour les ressources des caisses de retraite. Cela a un indéniable impact économique sur la redistribution.

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