Les contours du vétérinaire équin qualifié sont définis

Le nouveau système de qualification professionnelle repose sur l’association d’un certificat à un exercice professionnel pour une espèce donnée. Si certains pays du nord de l’Europe en ont déjà fait l’expérience dans certaines filières, l’équine inaugure la démarche en France. Cette certification répond à une problématique de terrain, mais offre aussi une marque de reconnaissance pour la profession vétérinaire. Elle a pour objectif de lui assurer une meilleure visibilité auprès du grand public. Elle valorise également l’exercice et l’acte vétérinaires. Notre confrère Michel Péchayre, ancien président de l’Association vétérinaire équine française (Avef), qui gère ce dossier, nous détaille la concrétisation de ce titre.

La Semaine Vétérinaire : Pourquoi créer un nouveau niveau de qualification au sein de la profession ? La spécialisation n’était-elle pas adaptée ?

Michel Péchayre : Le projet de vétérinaire équin qualifié, initié par l’Avef, mûrit depuis plusieurs années. Son origine est concomitante à la mise en place de la spécialisation qui, comme les diplômes européens, a été construite par discipline et non par espèce. Or cette situation s’est confrontée aux besoins du terrain. En effet, la médecine et la chirurgie des équidés sont pratiquées par des vétérinaires qui ont dû se spécialiser dans l’espèce équine pour arriver à répondre à la demande de leurs clients. Ainsi, l’absence de lisibilité était évidente entre ceux qui allaient devenir des spécialistes, et ceux qui étaient « spécialisés en… ».

C’est ainsi que l’idée de créer, non pas un diplôme, mais un niveau de certification a émergé. En outre, l’autre objectif était de se rapprocher, dans notre profession, de la notion plus générale de qualité. L’Avef et l’association QualitéVet, qui regroupe l’ensemble des familles professionnelles vétérinaires autour de la démarche qualité, se sont d’ailleurs réunies pour aboutir à la certification du vétérinaire équin qualifié. Elle sera ensuite validée par un organisme certificateur externe à la profession pour apporter une totale transparence à ce projet.

S. V. : Comment les vétérinaires équins qualifiés seront-ils identifiés au plan national ?

M. P. : Ce statut n’est pas un diplôme, c’est une certification. Au niveau national, le Conseil supérieur de l’Ordre est en train d’expertiser ce projet et nous espérons de sa part une validation, ainsi que l’organisation de la signalétique.

S. V. : Ce certificat sera-t-il également eurocompatible ?

M. P. : Notre souhait est d’ouvrir plus largement la reconnaissance de ce nouveau statut. Des contacts sont pris avec la Federation of European Equine Veterinary Associations (Feeva). Il lui revient de l’adapter au niveau européen, mais nous avons d’ores et déjà construit un modèle eurocompatible.

S. V. : Quel vétérinaire peut solliciter l’attribution de ce titre ?

M. P. : Ce statut est destiné à des praticiens expérimentés, pour répondre avec clarté à la demande des clients. La référence de vétérinaire qualifié leur assurera une compétence et une expérience dans l’exercice équin pur.

Ainsi, le praticien doit justifier d’au moins cinq ans de pratique à temps plein, dont au moins la moitié en activité équine pure. L’acceptation des cas référés est possible, mais non obligatoire. L’année d’internat est validée comme une année d’expérience professionnelle. En cas d’expérience professionnelle fractionnée (par exemple lors de grossesse), les différentes périodes seront prises en compte au prorata temporis. Nous avions cette volonté de rester flexibles.

S. V. : Quel est le niveau de l’examen ?

M. P. : L’objectif est d’être accessible à un vétérinaire en exercice. Une fois que le candidat a satisfait aux exigences d’activité, il faut certifier ses compétences. Pour cela, nous avons élaboré un référentiel, grâce au travail de toutes les commissions de l’Avef.

Le vétérinaire équin qualifié devra maîtriser de vastes territoires de compétence, qui englobent aussi bien des questions techniques que les démarches administratives en équine. Dans l’esprit de l’examen, ce vétérinaire doit posséder des compétences dans tous les domaines de la pratique équine, sans néanmoins tendre à un niveau technique trop élevé dans chaque discipline.

S. V. : Quelles seront les modalités pratiques de l’examen ?

M. P. : Tout postulant déposera un dossier auprès de l’Avef, alors transmis à un rapporteur (membre du jury) qui validera l’expertise du candidat (voir encadré). L’attribution du titre se fera au cours de sessions collectives où les confrères subiront une épreuve commune via un questionnaire à choix multiples. Les questions ont été élaborées par les commissions de l’Avef selon un cahier des charges précis et le candidat devra obtenir une note d’au moins 30 sur 50. Il y aura aussi un examen oral devant un jury, avec la présentation d’un cas clinique et un entretien ouvert d’environ vingt minutes.

S. V. : La formation sera-t-elle obligatoire pour le vétérinaire équin qualifié ?

M. P. : Oui, nous avons fait le choix d’une formation continue obligatoire, avec un volume donné. Actuellement, ce dernier est fixé à un total de quatre-vingts heures, avec soixante heures de formation en vis-à-vis (congrès, enseignements postuniversitaires, etc.) et dix heures libres (lecture de revues, conférence donnée, etc.).

Un suivi annuel donnera lieu à un rapport. En outre, le renouvellement du titre est requis tous les cinq ans.

S. V. : Cette certification ne risque-t-elle pas de mettre en porte-à-faux les confrères qui ne soignent qu’occasionnellement des chevaux ou qui ne souhaitent pas y postuler ?

M. P. : Aujourd’hui, ce risque existe déjà en termes de responsabilité civile professionnelle. Les compagnies d’assurances demandent des garanties, donc le vétérinaire équin qualifié ne soulève pas une problématique nouvelle. Au contraire, ce titre peut lever la difficulté pour ceux qui obtiennent la certification.

S. V. : Quel est l’échéancier ?

M. P. : Les premiers vétérinaires équins qualifiés seront reconnus dans le courant de l’année, avec l’objectif de la fin du premier semestre 2011.

• (1) http://www.oniris-nantes.fr/recherche/departements-et-unites-de-recherche/pnb/

• (2) 4E n° 30 et 32, pavillon 4.