Gagner la confiance des clients nécessite de bien connaître les conditions d’entretien

Certains propriétaires souhaitent consulter des vétérinaires exclusivement spécialisés dans les soins des NAC. C’est fréquemment le cas des clients qui possèdent des lézards, des serpents et des perroquets. D’autres acceptent volontiers un praticien « qui s’y connaît un minimum », explique Jean-François Quinton. A l’occasion d’une conférence, notre confrère a rappelé certaines bases relatives à la prise en charge de ces animaux, en utilisant comme point de départ les thèmes régulièrement abordés par les propriétaires dans les forums consacrés aux NAC sur Internet.

Notre confrère conseille de débuter la consultation par une enquête sur les conditions d’entretien (alimentation, environnement, cohabitation avec d’autres espèces). Sur ce sujet, le vétérinaire se doit d’en savoir au moins autant que son interlocuteur, qui est souvent bien renseigné. C’est même le critère de test du client ! Ces questions permettent ensuite de déboucher sur des conseils de prévention des maladies. Ceux-ci sont appréciés. Puis intervient l’attitude du vétérinaire envers l’animal, ainsi que la maîtrise de la contention, qui n’est pas toujours aisée. Selon Jean-François Quinton, la sédation constitue une alternative intéressante, notamment pour la radiographie : le midazolam (Hypnovel®⁽¹⁾) peut être utilisé chez le lapin et le rat (0,5 à 1 ml pour 1,5 kg chez le lapin par voie intramusculaire, voire sous-cutanée). Ce produit présente l’avantage de ne pas être cardio-dépresseur. La qualité des soins médicaux est un critère qui intervient plus tardivement dans l’appréciation du client, car il ne possède pas les connaissances nécessaires pour l’évaluer. En revanche, il peut se faire une idée sur les conditions d’hospitalisation : le vétérinaire préférera donc une salle tranquille, isolée des chiens et des chats, et soignera les installations.

Selon les espèces, le praticien doit posséder quelques connaissances incontournables

La contention du furet s’effectue par la peau du cou, à l’aide d’une friandise ou d’un bâton pour l’occuper. Ses besoins alimentaires sont élevés en protéines et en lipides, mais faibles en glucides (risque d’insulinome). Jean-François Quinton recommande de lui donner des croquettes pour chat diabétique (m/d de Hill’s). La stérilisation chirurgicale est déconseillée, car elle favorise l’apparition de la maladie surrénalienne. La pose d’implants est préférable. Il est utile de savoir que, chez le furet angora, les narines sont fendues et les femelles ne produisent pas de lait. Après la mue, la repousse du poil peut donner une coloration bleue à la peau. De nombreux furets qui comportent des marques blanches sur le crâne sont sourds.

La prévention des troubles dentaires chez le lapin est primordiale : l’examen de la cavité buccale est indispensable lors de chaque consultation. Jean-François Quinton insiste sur le fait qu’il faut être attentif à l’alimentation afin de préserver l’usure des dents : celle-ci est à base de foin et de végétaux. Les granulés et les friandises ne viennent qu’ensuite, contrairement à la pratique de nombreux propriétaires. Cette espèce possède un dos fragile. La contention s’effectue donc par les lombes. A noter que des urines orange signent la présence de porphyrine, et des blanches la présence de calcium. Au moment de la mue, une alopécie se produit au niveau des omoplates. Le cas du lapin bélier est particulier : en raison de l’hyperproduction de cérumen, il est nécessaire de lui nettoyer les oreilles une fois par semaine (risques d’infection et d’abcès du canal auriculaire).

Attention aux troubles respiratoires chez les rongeurs

Le foin et la vitamine C sont la base de l’alimentation du cobaye. Jean-François Quinton proscrit de laisser la vitamine C dans l’eau, car elle se dégrade. Cet animal étant sujet aux rhinopharyngites, sa cage doit être isolée des courants d’air. Par ailleurs, chez le cobaye, l’alopécie derrière les oreilles est physiologique. Les mâles adultes de quatre ou cinq ans possèdent des replis anaux très odorants.

Concernant l’entretien du rat, il convient de proscrire les litières à copeaux, sources de poussières irritantes pour les voies respiratoires. A la différence du chien et du chat, les lombes constituent le site d’injection préférentiel. En effet, le rat peut être amené à se gratter le cou, ce qui favorise les irritations. Ce rongeur présente aussi des caractéristiques : des sécrétions de porphyrine (pigments rouges) peuvent apparaître en cas de stress, d’irritation, de rhinite ou de conjonctivite, et peuvent être prises pour des “larmes de sang”. Ces pigments, qui aggravent l’irritation, nécessitent souvent l’administration d’une pommade antibiotique ou anti-inflammatoire. L’essentiel est de traiter la cause primaire. Chez le mâle, une peau orange signe une hyperséborrhée. Le rat mord rarement. En revanche, il griffe !

La contention du hamster s’effectue par la peau du cou. L’exophtalmie est normale pendant cet acte, mais il faut bien surveiller que les deux yeux se remettent en place. Cet animal est solitaire : il n’apprécie pas la cohabitation. La présence de “grains de beauté” sur les flancs chez le hamster de Syrie, et sur le ventre chez le hamster nain et la gerbille, correspond à des glandes odoriférantes, particulièrement visibles en période de rut. Le cannibalisme de la mère est fréquent envers les jeunes.

Connaître les conditions d’entretien est nécessaire pour tous les NAC

Il faut être vigilant sur la prise en charge des reptiles, car les propriétaires s’y connaissent souvent mieux que les vétérinaires. Il est primordial d’évaluer les conditions d’entretien : paramètres d’ambiance, hygrométrie, ultraviolets. Attention aux morsures et à la queue de l’iguane lors de la contention !

La contention du passereau est délicate et nécessite de maintenir la tête entre deux doigts, le reste du corps étant contenu dans le creux de la main. Concernant les conditions d’élevage, il est important de savoir s’il cohabite avec d’autres individus d’espèce similaire ou différente. La cage doit être isolée des courants d’air et se trouver hors de la cuisine (les vapeurs y sont toxiques). Pour les recherches de parasitisme, Jean-François Quinton conseille de ne pas négliger l’examen des fientes, notamment pour détecter la présence de coccidies.

La vie en captivité du perroquet entraîne un stress chronique. Aussi est-il nécessaire de porter une attention particulière à l’environnement matériel : présence d’un abri, lampe à ultraviolets (importante pour le métabolisme), respect du sommeil (au moins douze heures par jour). Cet animal social a besoin d’être intégré dans un groupe (qu’il soit constitué de plusieurs humains ou d’autres oiseaux). Une alimentation à base de granulés, plutôt qu’à base de graines, est à préférer afin d’éviter les carences en vitamines. La contention impose le maintien de la tête avec le pouce sous le bec. Attention, en outre, au bec, aux griffes et aux coups d’ailes !

• (1) Pharmacopée humaine.