Un nouveau variant du virus de la VHD est mis en évidence en France - La Semaine Vétérinaire n° 1437 du 11/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1437 du 11/02/2011

Maladie hémorragique virale du lapin

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Samuel Boucher*, Ghislaine Le Gall-Reculé**, Georges Plassiart***

Ce virus provoque une contamination plus précoce des lapereaux que les souches classiques de la maladie.

Après la découverte a posteriori d’un cas semblable à Redon (Ille-et-Vilaine) au printemps, un élevage de lapins de chair du Pas-de-Calais a subi un important épisode clinique de la maladie hémorragique virale (VHD) à la fin du mois d’août 2010. Les femelles étaient vaccinées contre cette maladie. Cet épisode a entraîné plus de 25 % de mortalité du cheptel reproducteur, ainsi qu’une forte mortalité des lapereaux, qui n’étaient pas vaccinés. Il est pourtant admis qu’un groupe vacciné (quel que soit le type de vaccin utilisé) est protégé à 100 %, à condition que le geste vaccinal soit correct (injections bien faites, produit convenablement conservé, matériel contrôlé).

Le cas observé est donc singulier et oriente, dans un premier temps, le diagnostic vers une septicémie bactérienne. Cependant, les présomptions de VHD se révèlent rapidement fortes et la maladie est confirmée par une technique de polymerase chain reaction (PCR).

L’identité nucléique du nouveau variant avec les virus de la VHD connus n’est que de 85,7 %

Des portions de 174 pb (paires de bases) du matériel génétique de la VHD détecté sur les foies des animaux ont été séquencées. Le virus mis en évidence est proche, mais différent, des souches de virus de la VHD classique et du variant antigénique découvert ces dernières années et qui circule en France. L’identité nucléique n’est que de 85,7 %, ce qui permet d’affirmer que ce virus constitue un nouveau variant de la VHD.

Des analyses phylogéniques réalisées à partir de séquences de 354 pb, obtenues dans la zone hypervariable du gène codant pour la protéine de capside VP60, ont permis d’estimer les relations génétiques entre ce variant et les différents lagovirus connus, qui incluent les virus de la VHD et ceux de l’hépatite virale du lièvre brun européen (EBHS).

Le variant découvert a été comparé à des souches connues apparentées au virus de la VHD, non pathogènes (souches RCV italienne, RCV-A1 australienne, 06-11 française), ou supposées pathogènes (souche Ashington anglaise), voire faiblement pathogènes (MRCV américaine). Il s’est ainsi révélé former à lui seul un nouveau groupe génétique assez distant des lagovirus connus chez le lapin, qu’ils soient pathogènes ou non.

Dans vingt-trois départements, le nombre d’élevages touchés est estimé à plus de 5 %

Depuis cette première découverte, il a été démontré que de nombreux lapins d’élevage ou sauvages(1) ont succombé à la suite d’une infection due à ce virus variant.

Le nombre d’élevages français touchés dans vingt-trois départements, situés essentiellement au nord de la Loire, est actuellement estimé à plus de 5 % (voir carte ci-dessous). Seulement 6 % d’entre eux n’étaient pas vaccinés contre la VHD.

Les quatre vaccins commercialisés qui ont une autorisation de mise sur le marché en France sont tous élaborés à partir de trois souches isolées dans le début des années 90. Les élevages contaminés par le nouveau variant ont exprimé une manifestation clinique forte, malgré la vaccination avec l’un ou l’autre des vaccins disponibles. Cependant, la qualité de la protection vaccinale n’a pas toujours pu être établie. Les vaccinations d’urgence stoppent les mortalités. Toutefois, ces dernières, après revaccination, disparaissent entre sept et quinze jours, alors que sept à neuf jours sont nécessaires pour qu’elles s’arrêtent lors d’une infection par un virus de la VHD classique.

Certaines lésions ressemblent à celles causées par l’hépatite virale du lièvre

Du point de vue clinique, la ressemblance des lésions avec celles observées classiquement avec l’EBHS est caractéristique. Ainsi, les carcasses présentent souvent un ictère flamboyant caractérisé par des séreuses et des organes très jaunes, ainsi qu’une urine jaune fluorescent.

Un défaut de coagulation et une coagulation intravasculaire disséminée associée existent. Le sang coagule lentement et se retrouve fréquemment dans la trachée, en créant parfois une épistaxis. Les poumons présentent de nombreuses pétéchies confluentes. Le foie est hypertrophié, décoloré et jaunâtre. Une splénomégalie importante, des reins congestionnés et un thymus hypertrophié et parsemé de pétéchies sont notés.

Microscopiquement, les examens histologiques ne montrent pas de différence par rapport à ceux obtenus lors de reproductions expérimentales de la VHD en 1992. Le foie comporte des foyers de nécrose disséminés de petite taille. Des microthrombi intra-capillaires en nombre variable sont également observés.

La maladie due au nouveau variant découvert atteint aussi des lapereaux plus jeunes que ceux qui sont contaminés par les virus de la VHD classiques. Ainsi, malgré quelques exceptions connues (notamment avec un cas sur des lapereaux de vingt-six jours en 2003), le variant découvert a affecté des jeunes âgés de neuf jours (avec des signes cliniques et des lésions caractéristiques).

Un suivi de la propagation du virus au sein des élevages et de la faune sauvage a été mis en place par des vétérinaires, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). De même, une première étude expérimentale vient de commencer à l’ENV de Toulouse afin d’établir la pathogénicité du virus et de déterminer le niveau de protection conféré par la vaccination.

  • (1) Selon les données du réseau Sagir, système national de suivi sanitaire de la faune sauvage française.

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