Les instances de la profession veulent impliquer les praticiens dans leur communication

La maxime « le médecin soigne l’homme, mais le vétérinaire soigne l’humanité », citée par Jacques Diouf (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) lors de son discours d’ouverture de l’année mondiale vétérinairele 26 janvier à Versailles⁽¹⁾, est déjà connue dans les pays arabes. Elle serait d’originerusse,bien que Google laisse planer le doute surson auteur. S’agit-il d’un médecin, le célèbre physiologiste Pavlov, ou d’un vétérinaire, le parasitologue Scriabine ? L’incertitude ne manque pas de pertinence.Devant la presse, Christian Rondeau a préféré lever toute ambiguïté entre les deux professions et a bien précisé que « c’est en soignant les animaux, et non les hommes, que les vétérinaires protègent l’humanité ».

Le but est d’attirer l’attention du grand public sur les actions des vétérinaires

Ce rôle “protecteur” du vétérinaire constitue le nerf de la campagne de communication que notre confrère a lancée, le 3 février dernier, en compagnie de Michel Baussier, son successeur à la présidence du Conseil supérieur de l’Ordre, ainsi que quatre confrères invités pour leurs expertises spécifiques. Cette communication nationale, en cohérence avec “Vet2011 année mondiale vétérinaire ”, est à l’initiative de l’Ordre, ainsi que de la Fédération des syndicats vétérinaires de France. Elle vise à attirer l’attention du grand public sur le rôle des vétérinaires dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de la protection de l’environnement. « Nous souhaitons aussi que l’ensemble des vétérinaires français s’approprient ce message et deviennent des relais d’opinion », a souligné Christian Rondeau. Pour cela, une affiche (^{voir ci-dessus}) sera distribuée dans les six mille cliniques de l’Hexagone, ainsi que des dépliants. Un site Internet (www.lesveterinaires.com) complète ces visuels et propose aux internautes un jeu-concours.

La campagne sera également à l’honneur au Salon international de l’agriculture (SIA) du 19au 27 février prochain, où elle s’associera au jeu-parcours coordonné par plusieurs organisations⁽²⁾ pour sensibiliser les jeunes visiteurs aux diverses facettes des vétérinaires.

Un rôle pluriel grâce à une formation multidisciplinaire

Lors de cette conférence de presse, notre consœur Stéphanie Flauto (Direction générale de l’alimentation) est venue expliquer le rôle de la profession dans la sécurité sanitaire de la chaîne alimentaire. Chaque année, trente-cinq millions de carcasses d’animaux de boucherie sont inspectées et deux cent mille certificats sont établis pour l’export. Par ailleurs, les vétérinaires officiels⁽³⁾ concourent à la réalisation de plus de cent vingt mille contrôles par an.

Artem Rogalev (unité de médecine de l’élevage et du sport de l’ENV d’Alfort) est également sous-lieutenant de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. A ce titre, il a insisté sur le fait que le rôle des pompiers vétérinaires ne se limite pas à intervenir sur les animaux blessés ou dangereux, mais doit également gérer les accidents biologiques (rupture de confinement, fuites d’effluents, etc.).

Pour notre confrère Norin Chaï (ménagerie du Jardin des Plantes), faire de la conservation, en parc zoologique ou sur le terrain, nécessite du pragmatisme et des compétences plurielles. Les vétérinaires y sont préparés grâce à leur formation multidisciplinaire.

Notre consœur Jeanne Brugère-Picoux (membre des Académies vétérinaire et de médecine) a fait valoir, quant à elle, le rôle du vétérinaire dans le domaine de la santé. Exposant les risques zoonotiques liés aux animaux de compagnie (les NAC notamment) et de ferme, elle a souligné l’importance du conseil auprès des propriétaires. En s’appuyant sur l’exemple des dernières crises sanitaires (“vache folle”, grippe aviaire, fièvre Q aux Pays-Bas), notre consœur a montré aux journalistes que les vétérinaires demeurent les plus à même de répondre face à une maladie animale nouvelle. « Parce que les médecins ne travaillent plus sur la pathologie comparée, nous sommes les mieux placés pour mesurer les risques liés aux maladies émergentes ou réémergentes », a-t-elle souligné.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1435 du 28/1/2011 en pages 12-13.

• (2) La Commission européenne, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le ministère de l’Agriculture, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) et le Centre d’information des viandes (CIV).

• (3) En équivalent temps plein (ETP), le secteur de la sécurité sanitaire des aliments emploie 14 vétérinaires dans l’administration centrale et 285 dans les services déconcentrés, dont 140 dans les abattoirs.