Une alimentation adaptée diminue l’incidence des maladies du bas appareil urinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011

Urologie féline. Dernières données scientifiques

Actualité

Notre confrère américain Joe Bartges, professeur de médecine et de nutrition à l’université du Tennessee, a expliqué comment se forment les calculs, à l’occasion d’une soirée de conférences sur les maladies du bas appareil urinaire félin et leur approche clinique, organisée par Nestlé Purina le 24 janvier dernier à Paris. Lorsqu’une solution est sursaturée en cristaux, ceux-ci précipitent spontanément (nucléation homogène). Ils s’agrègent ensuite et croissent par nucléation secondaire, jusqu’à la formation d’un calcul. Aucune dissolution des cristaux préformés n’est possible. Lorsque la solution est sous-saturée, les cristaux ne précipitent pas. Ceux qui sont préformés se dissolvent. Il existe une troisième zone, dite de saturation métastable. Les cristaux ne précipitent pas spontanément, mais sont susceptibles de le faire sur des matrices (nucléation hétérogène) qui, dans l’urine, peuvent être des cellules, des protéines. Des inhibiteurs (citrates, magnésium, albumine, glycosaminoglycanes, etc.) peuvent empêcher la cristallisation.

La saturation urinaire est un outil pour mettre au point des aliments adaptés

Notre confrère a ensuite abordé le concept de la saturation urinaire, qui est une mesure biochimique du risque de cristallisation et de la formation des calculs. Elle est évaluée grâce à la mesure des activités des ions présents dans l’urine. La supersaturation relative (RSS) est aisée à évaluer au moyen d’un logiciel, et en permet une bonne estimation (RSS < 1 = sous-saturation ; RSS > 1 = sursaturation). Cependant, il s’agit d’un modèle théorique qui ne prend pas en compte les inhibiteurs et les promoteurs de la formation des calculs. Le rapport des produits d’activité, qui utilise l’urine de l’animal, tient compte de toutes les substances qui influent sur leur formation. Il est cependant complexe à réaliser. L’estimation de la saturation urinaire permet d’adapter la formulation des aliments et des traitements utilisables lors d’urolithiase.

L’abreuvement et l’alimentation ad libitum sont à privilégier

Notre confrère Bernard-Marie Paragon, professeur au service “alimentation” à l’école vétérinaire d’Alfort, a abordé les controverses autour de la nourriture et des maladies du bas appareil urinaire félin(1). La gestion nutritionnelle lors d’urolithiase vise à stopper la croissance des calculs et/ou à favoriser leur dissolution. Différents leviers sont à la disposition du clinicien. Il est ainsi possible d’accroître le volume et le débit urinaires grâce à un abreuvement ad libitum, un apport raisonné en fibres ou un aliment humide. Plusieurs études montrent qu’un ajout de sel dans la ration (1 % de la matière sèche) augmente le volume et diminue la densité urinaires. Les risques de déclin accéléré de la fonction rénale, d’une augmentation de la calciurie ou de la pression artérielle sont débattus selon les études.

Le second axe de gestion nutritionnelle des urolithiases est l’accroissement de la solubilité des cristalloïdes dans l’urine. Cette mesure est possible par le biais d’une action sur le pH grâce à une alimentation ad libitum par rapport à un seul repas quotidien (vague alcaline postprandiale), par des apports de méthionine (acidification des urines et diminution du risque de précipitation des struvites) ou de citrate (alcalinisation et réduction du risque de précipitation des oxalates de calcium), ou encore en jouant sur le bilan anioncation. Il est également possible d’agir via la sursaturation, en privilégiant un aliment dont la RSS est basse (inférieure à 1) pour le type de calcul ciblé. Enfin, il convient d’écarter les aliments bas de gamme, pauvres en énergie et riches en minéraux.

La cystite idiopathique ne bénéficie pas de traitement à l’efficacité prouvée

Notre confrère britannique Andrew Sparkes, diplômé de l’European College of Veterinary Internal Medicine (Ecvim), a présenté une approche pratique du diagnostic et de la prise en charge des différentes causes des maladies du bas appareil urinaire félin. Elles sont idiopathiques dans environ deux tiers des cas, dues à des urolithiases dans 20 % des cas, et liées à des infections dans seulement 2 % des cas. Lors de maladie du bas appareil urinaire récurrente, le diagnostic différentiel comprend les urolithiases, les cystites bactériennes, les sténoses urétrales, les néoplasies, les anomalies comportementales et les cystites idiopathiques. Le recueil précis de l’anamnèse est primordial. Une analyse urinaire (pH, analyse du sédiment, culture urinaire) est réalisée. Le conférencier rappelle qu’une cristallurie est observée chez plus de 75 % des chats sains. De nombreux examens d’imagerie sont disponibles : cystographie claire et contrastée, urétrographie rétrograde, échographie. Le diagnostic de cystite idiopathique est établi par exclusion des autres causes. La pathogénie est encore mal comprise. Un désordre neuro-hormonal ou de la perméabilité de l’épithélium vésical serait en cause. Aucune étude contrôlée ne met en évidence un bénéfice, quel que soit le traitement. Le rôle du stress étant reconnu, une gestion multimodale de l’environnement est essentielle.

  • (1) Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1409 du 11/6/2010, pp. 32-33 : « L’alimentation ad libitum limite les struvites du chat ». Un schéma de Joe Bartges relatif à la formation des calculs est consultable sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”.

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