Le transobturator vaginal tape donne de bons résultats - La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011

Incontinence sphinctérienne de la chienne stérilisée

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Simple et sans danger, c’est une alternative efficace à la colposuspension.

L’incontinence urinaire du chien adulte est majoritairement due à une incompétence sphinctérienne (90 à 95 % des cas chez la chienne stérilisée). Chez le mâle et la femelle entiers, les maladies de la prostate, les calculs vésicaux ou urétraux et les infections génitales peuvent être des agents causals.

Le diagnostic de l’incompétence sphinctérienne est aisé. Elle touche la femelle adulte (10 % des chiennes stérilisées sont concernées) et se manifeste par l’émission involontaire d’urine (de quelques gouttes par semaine à des lieux de couchage toujours humides le matin). L’apparition est assez précoce à la suite de la stérilisation (un an à trois ansaprès).Chez les mâles, l’incompétence sphinctérienne existe, mais elle est rare et probablement pas hormono-dépendante. C’est une maladie des chiens de race de grande taille, dont le poids dépasse 15 kg. Le boxer et le dobermann sont les deux races prédisposées (elles cumulent la moitié des incompétences sphinctériennes). Plus le chien est grand, plus le risque est élevé. Cette incontinence est intermittente, sporadique et se manifeste au repos. Ce dernier critère est indispensable au diagnostic d’insuffisance sphinctérienne de la chienne stérilisée.

Les trois molécules disponibles sur le marché vétérinaire (estriol, phénylpropanolamine et éphédrine) affichent 90 % d’efficacité. Si l’un de ces médicaments échoue, il est peu probable qu’un autre soit efficace. Le traitement médical est pratiquement sans danger (à éviter cependant chez les sujets insuffisants cardiaques). Le risque de rendre un chien dysurique est nul. L’efficacité est élevée, immédiate (le soir même), et avec une faible dose (une administration par jour suffit).

La colposuspension présente des résultats mitigés

Lors d’incontinence sphinctérienne rebelle au traitement médical, la chirurgie est requise. La littérature décrit des injections dans l’urètre de Téflon® ou de collagène pour renforcer la puissance de l’urètre. La technique chirurgicale la plus répandue est la colposuspension, qui consiste à tirer cranialement la vessie et à fixer le col de l’utérus à la paroi de l’abdomen pour comprimer l’urètre. L’intervention nécessite environ une heure et demie et les résultats sont mitigés : 55 % des chiennes sont continentes à deux mois, 37 % voient leur état s’améliorer et vont ensuite répondre au traitement médical, mais seulement 14 % sont continentes à un an.

La technique de Tension free vaginal tape est adaptée chez la chienne

Depuis quelques années, une nouvelle technique est utilisée, dérivée de la médecine humaine : la Tension free vaginal tape (TVT). Chez la femme, un ruban est placé par voie vaginale (sans épisiotomie), sous l’urètre, en avant du pubis. Cela crée une écharpe en dessous de l’urètre qui sert de support pour renforcer le tonus urétral. Chez l’animal, le but est de le rendre dysurique, mais sans que cette dysurie soit trop marquée puisqu’elle prédispose aux infections.

Cette technique affiche 90 % de bons résultats chez la femme, avec une morbidité faible et une intervention rapide (inférieure à trente minutes). L’idée a donc été de transposer cette technique chez la chienne : trois variantes ont été nécessaires. En médecine humaine, le ruban passe en avant de la vessie et risque de la percer (6 % des complications). Chez la chienne, il a été décidé de passer par les trous obturateurs. Les nerfs honteux sont craniaux, il n’y a donc pas de risque de les toucher.

La seconde variante nécessite, en médecine humaine, un kit prêt à poser, d’un coût de 600 à 800 €. Ce prix est peu envisageable en médecine vétérinaire. Chez la chienne, un ruban en nylon classique et des aiguilles de Reverdun sont utilisés. Le kit pour la femme propose un ruban en nylon cranté qui s’accroche dans les tissus et est coupé au ras de la peau. Le ruban “vétérinaire” ne l’est pas. Il est donc attaché sous la peau, en région médiane.

Un protocole opératoire aisé, sans danger, pour une bonne efficacité

La chienne est placée en décubitus dorsal. Une épisiotomie permet de visualiser le méat urinaire. L’urètre est sondé pour le matérialiser. Une incision sous-urétrale de 1 cm est réalisée, par laquelle une aiguille prolongée par le ruban de nylon est introduite. L’aiguille bute contre l’ischium, qui est alors longé jusqu’à une perte de résistance qui correspond aux trous obturateurs. L’aiguille est ressortie dans le plan le plus médian possible. La même procédure est réalisée de l’autre côté. Une légère traction est effectuée sur les deux chefs et le ruban est mis à plat pour qu’il repose au maximum sur l’urètre. Des ciseaux sont interposés entre le nœud et la paroi abdominale pour ne pas serrer trop fort.

Notre confrère Jack-Yves Deschamps a mené une étude avec son équipe chez douze chiennes, de mars 2006 à janvier 2007, suivies pendant quarante et un mois. Il s’agit de femelles labrador, dobermann ou boxer dont les symptômes étaient sévères. L’intervention a duré en moyenne quarante minutes (dont vingt à vingt-cinq pour l’épisiotomie et sa reconstruction). Il n’y a pas eu de complications peropératoires, seulement une dysurie postopératoire.

Les résultats sont satisfaisants puisque 75 % des chiennes étaient continentes au réveil et 90 % au retrait des points. Au final, 25 % sont complètement guéries, 50 % présentent une perte urinaire moins d’une fois par mois et 25 % plus d’une fois par mois. Deux chiennes ont rechuté et ont été réopérées avec succès.

Au cours de l’étude, deux chiennes sont mortes avant la deuxième évaluation à quarante et un mois (une torsion d’estomac et un ostéosarcome). Ces travaux sont relayés par une étude belge sur sept cas qui confirme l’efficacité de la technique.

  • Retrouvez la bibliographie de cet article sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”.

CONFÉRENCIER

Jack-Yves Deschamps, maître de conférences, service des urgences, Oniris (Nantes).

Article rédigé d’après la conférence « Incontinence rebelle à un choix thérapeutique de première intention : ne pas jeter l’éponge », présentée au congrès Afvac 2010 à Paris.

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