La France entend bâtir une nouvelle gouvernance mondiale de l’agriculture

Nous avons beau, chaque année, nous bercer de l’illusion que notre ministre de tutelle, lors de ses vœux à la presse, parlera un peu des vétérinaires, il ne le fait pas. 2011 n’aura pas dérogé à la règle. Si, en s’appuyant sur la crise récente de la dioxine en Allemagne, Bruno Le Maire a fait allusion au besoin de renforcer la sécurité sanitaire en Europe, c’est pour mieux défendre la position franco-allemande qui vise à maintenir le budget actuel de la politique agricole commune (PAC) après 2013. Plus singulièrement, le ministre a souligné la nécessité pour l’Europe de poursuivre son action motrice en faveur du respect des animaux. Leur place dans notre société semble désormais constituer un enjeu politique incontournable et la question de leur bien-être, promise à un avenir durable, mérite que la profession s’y investisse davantage.

En fait d’annonces, Bruno Le Maire n’a mentionné que la publication prochaine de deux décrets. L’un simplifiera, tout en les rendant obligatoires, les règles nutritionnelles en restauration collective. L’autre, qui vise les appels d’offres, favorisera les circuits courts.

Bruno Le Maire veut gagner « la bataille de la compétitivité » de l’agriculture

Le ministre a également plaidé pour une approche par filière (plutôt que par type de production) pour améliorer la coopération entre producteurs, industriels et distributeurs. Alors que ce même 26 janvier, quelques centaines d’éleveurs porcins manifestaient non loin du ministère (aux Invalides), il a, comme eux, souhaité que la grande distribution « joue le jeu en matière d’étiquetage » pour valoriser le porc français.

Si cette conférence de presse s’inscrivait dans la continuité de l’action menée depuis dix-huit mois par Bruno Le Maire pour « gagner la bataille de la compétitivité » de l’agriculture française – qui « relève la tête » selon lui –, elle visait également à emboîter le pas aux déclarations de Nicolas Sarkozy, deux jours auparavant, en faveur d’une régulation internationale des marchés agricoles. Le ministre a ainsi appelé à une « nouvelle gouvernance mondiale de l’agriculture », afin de contrer « la volatilité des coûts des matières premières et la spéculation qui l’aggrave », avec des répercussions sur les prix de l’alimentation. Cet objectif politique, fer de lance de la présidence française du G20, risque fort de monopoliser l’attention du ministre toute l’année 2011.