Moins prescrire et moins longtemps, pour préserver l’efficacité des antibiotiques - La Semaine Vétérinaire n° 1435 du 28/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1435 du 28/01/2011

Antibiotiques. 21e journée du veau de boucherie à Arcachon

Actualité

Auteur(s) : Céline Carles

Des efforts de recherche sont engagés afin d’améliorer les schémas thérapeutiques des antibiotiques. La vingt et unième journée du veau de boucherie, organisée par Ceva le 13 janvier dernier à Arcachon (Gironde), était majoritairement consacrée aux nouvelles approches du traitement antibiotique et à l’état des lieux des phénomènes d’antibiorésistance.

Aude Ferran, maître de conférences en physiologie à l’école vétérinaire de Toulouse, a présenté des études expérimentales, menées à l’ENVT sur des modèles murins, qui valident le bénéfice d’un traitement précoce à forte dose en termes de guérison clinique et de prévention de la sélection de la résistance au site infectieux. En effet, un antibiotique est d’autant plus efficace que la population bactérienne est faible, c’est-à-dire en début d’infection. Quand cette dernière progresse, la charge bactérienne est plus élevée, et quelques bactéries peuvent spontanément entamer une mutation qui les rend résistantes. A ce niveau, certains antibiotiques, administrés à une dose insuffisante, éliminent les bactéries sensibles et font émerger les mutants résistants. En sous-dosant un antibiotique, il existe un risque de sélection des bactéries résistantes au site infectieux.

Du bon usage au moindre usage des antibiotiques

Toutefois, la problématique des résistances bactériennes ne se situe pas qu’au niveau du site infectieux. Elle concerne également la flore commensale. Quelle que soit la voie d’administration d’un antibiotique, une partie du principe actif passe dans le tube digestif et agit sur la flore. « Nous nous trouvons dans une apparente contradiction, a souligné Aude Ferran. Si une dose optimale d’antibiotique, administrée le plus précocement possible, est nécessaire pour agir sur les bactéries pathogènes au site infectieux, elle exerce également une pression de sélection inéluctable sur la flore commensale. »

Jean-Pierre Bru, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier d’Annecy, a établi un parallèle entre les médecines infectieuses humaine et vétérinaire. « La course à l’antibiotique est conceptuellement terminée, et ce n’est pas un nouvel antibiotique qui va régler les résistances bactériennes », a-t-il estimé. Le phénomène est global, et concerne tous les antibiotiques. Auparavant, les bactéries multirésistantes étaient nosocomiales. Aujourd’hui, elles sont communautaires (c’est-à-dire observées “en ville”) et différentes de celles rencontrées dans les hôpitaux. L’évolution de l’usage des antibiotiques s’appuie désormais sur la problématique de l’antibiorésistance. De nombreuses études réalisées en médecine humaine montrent qu’une réduction du nombre de prescriptions et un raccourcissement des durées de traitement antibiotique diminuent la pression de sélection, donc la résistance. En médecine vétérinaire, les essais cliniques contrôlés manquent pour établir des comparatifs de durées d’antibiothérapie et déterminer si telle durée est préférable à une autre. Une des voies d’avenir en matière de prévention de l’antibiorésistance passera probablement par une approche qui se résume ainsi : moins prescrire et moins longtemps.

  • (1) www.reovva.com

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/6/2010.

Des stratégies pour traiter les affections du veau de boucherie

Nathalie Robert, chef de gamme “veau de boucherie” et Mathieu Couteau, chef de gamme “anti-infectieux ruminants” chez Ceva, ont fait le point sur les indications de Marbox® (marbofloxacine) et Florkem® (florfénicol), deux nouvelles autorisations de mise sur le marché chez les bovins.

• Concernant les affections respiratoires, la marbofloxacine, à raison d’une injection unique à forte dose (8 mg/kg par voie intramusculaire), est recommandée dès l’apparition des premiers signes cliniques.

• Le florfénicol est indiqué chez les veaux à partir d’un mois, selon un schéma posologique de deux injections à 20 mg/kg (à quarante-huit heures d’intervalle) par voie intramusculaire, un gage de sécurité en termes de guérison clinique.

• L’intérêt de l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour traiter les diarrhées des veaux a également été évoqué. Associé à une réhydratation orale, le méloxicam (Meloxidyl®), à la suite d’une seule injection par voie intraveineuse ou sous-cutanée à la dose de 0,5 mg/kg, permet une guérison plus rapide des veaux diarrhéiques. De plus, son emploi diminue les traitements antibiotiques additionnels.

C. C.

Ophtalmologie

• Etude sur la neuroprotection de la rétine. Le Réseau européen d’ophtalmologie vétérinaire et de vision animale(1) s’est rassemblé à Paris, le 16 janvier dernier. Ses membres ont poursuivi la rédaction des documents de procédures de prise en charge ophtalmologique médicales et chirurgicales des animaux. Les protocoles et l’agenda d’une étude multicentrique sur la neuroprotection de la rétine (travail de recherche en collaboration avec l’Institut de la vision et Vébiotel) ont été finalisés. Cette première étude, réalisée à l’échelon européen, débute ainsi officiellement.

Appel aux dons de médicaments

• Centre de sauvegarde de singes orphelins. En septembre 2009, notre consœur Perrine de Vos appelait les vétérinaires à donner des médicaments pour le centre Ape Action Africa basé au Cameroun, qui recueille des gorilles et des chimpanzés orphelins, victimes du trafic de viande de brousse et du braconnage(2). 45 kg de médicaments avaient été récoltés, notamment grâce à la générosité des confrères. Notre consœur retourne dans ce centre en juin prochain et lance un nouvel appel aux dons. Les médicaments sont à adresser à : Perrine de Vos (projet Cameroun), 4500 RD1 quartier Lou Brasc, 06510 Carros. La liste des médicaments nécessaires est consultable sur le site www.help-greatapes.com.

Cancérologie

• Un confrère primé pour des travaux prometteurs. Eric Vivier (A 87) est le lauréat 2010 du prix biennal René-Turpin, doté de 20 000 € et attribué sous l’égide de l’Institut de France aux travaux d’excellence en cancérologie. Professeur d’immunologie à la faculté de médecine de la Timone, praticien hospitalier et directeur du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CIML), notre confrère a été distingué pour ses recherches de pointe consacrées, depuis 1995, dans son laboratoire “cellules Natural killer (NK) et immunité innée”, à l’étude des mécanismes qui permettent à ces dernières de reconnaître les cellules cancéreuses et de les éliminer. A terme, ces travaux pourraient déboucher sur des solutions thérapeutiques, avec la mise au point de molécules capables de stimuler l’efficacité des NK. La remise publique du prix Turpin 2010 a eu lieu le 25 janvier, lors de la séance solennelle de l’Académie des sciences.

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