« Le développement de l’art équestre est à l’origine de l’hippiatrie et de La Vétérinaire » - La Semaine Vétérinaire n° 1434 du 21/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1434 du 21/01/2011

Entretien avec Christophe Degueurce, conservateur du musée Fragonard

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Auteur(s) : Marine Neveux

La Semaine Vétérinaire : A quelques jours de la cérémonie d’ouverture du 250e anniversaire de la profession, comment s’organise cette manifestation à Versailles ?

Christophe Degueurce : C’est un événement public majeur pour la visibilité de notre métier, pour tous nos confrères, même s’il ne générera pas un afflux massif de personnes dans les cliniques vétérinaires. Il met en exergue des thématiques d’avenir de notre profession : la santé, l’alimentation et l’écologie.

L’objectif de la cérémonie de Versailles est de rassembler, dans un même amphithéâtre, la communauté vétérinaire dans toute sa diversité, afin de promouvoir ce formidable slogan « Vet for health, vet for food, vet for the planet ! ».

Nous n’avons pas souhaité une suprématie française, et les conférenciers de haute qualité, majoritairement étrangers, s’adresseront à un auditoire international. Aujourd’hui, quarante pays ont déjà un comité national, ce qui signifie que ces nations pilotent des actions labellisées Vet2011. Les Américains, en particulier, sont très actifs.

S. V. : Le choix du lieu est-il symbolique, lié à la décision du Conseil du roi qui scelle la naissance officielle de la profession ?

C. D. : Pas seulement, car la cérémonie a aussi lieu à proximité du palais le plus emblématique de la monarchie française. La cour de Versailles et le roi ont certes été déterminants dans la création de la médecine vétérinaire. Le développement de l’art équestre, promu par la cour, est à l’origine de l’hippiatrie et de La Vétérinaire.

S. V. : Finalement, la profession vétérinaire est assez “jeune”…

C. D. : Elle remonte, d’une certaine façon, à des temps bien plus éloignés, à la domestication même des animaux. La médecine et les soins auxanimauxétaientdéjàpratiquésdans l’ancienne Egypte, et les hippiatres des premiers siècles de notre ère étaient des professionnels aguerris. Par la suite, des facteurs sociaux ont conduit au développement de l’art de l’équitation. L’Italie de la Renaissance (au milieu du xvie siècle) fut le berceau d’une nouvelle équitation, fondée sur un dressage long et difficile du cheval. Les animaux acquirent une grande valeur et l’hippiatrie, nécessaire à leur conservation, connut un essor spectaculaire.

L’art du manège s’est développé en France lorsque Antoine de Pluvinel l’importa d’Italie en 1572. Il créa une académie, près du Louvre, qui enseigna l’équitation, et bien d’autres savoirs indispensables à la vie de cour, aux jeunes nobles ; il eut notamment pour élève Richelieu et Louis XIII. Cette discipline s’étendit progressivement à toute la noblesse de la cour, et l’art du manège, la quête de la finesse, de l’élégance, de la rectitude de la position du cheval devinrent une occupation incontournable.

S. V. : La médecine vétérinaire est donc née de l’hippiatrie ?

C. D. : Cette nouvelle religion a un temple, les écuries de Versailles, où les maréchaux et les hippiatres œuvrent à la conservation des précieuses montures. Même les écuyers, plus lettrés, travaillent cette science. C’est ainsi que Jacques de Solleysel publie,en 1664, un premier grand traité de médecine et de chirurgie du cheval, le Parfait Mareschal.

Par la suite, le besoin en chevaux ne cesse de croître : la France a besoin de montures pour l’économie, la guerre, et pour le plaisir également (la promenade, la chasse, etc.). Les haras, notamment, se développent au xviiie siècle. Ils visent à produire des chevaux de meilleure qualité.

Il n’est pas étonnant qu’un écuyer, Claude Bourgelat, soit à l’origine de l’enseignement vétérinaire. Toutefois, cet écuyer a compris un élément essentiel, que son principal concurrent, Philippe-Etienne Lafosse, maréchal ordinaire des petites écuries de Versailles, ne saisira pas : le royaume, gouverné par un monarque entouré de physiocrates, a un besoin essentiel de développer son agriculture et, par conséquent, la médecine des “bestiaux”, pour reprendre le terme de l’époque. Claude Bourgelat ne crée donc pas une école “d’hippiatrie”, mais une école “vétérinaire”, dont l’objet est surtout, au moins du point de vue de la communication, de développer la médecine des animaux de rente.

S. V. : Comment les écoles vétérinaires ont-elles vu le jour dans le reste du Vieux continent ?

C. D. : Les monarques de l’Europe enverront leurs élèves se former à Lyon, puis à Alfort, où les étudiants sont censés apprendre la médecine des bovins et des équidés. Ils retourneront dans leurs pays créer les premières écoles nationales.

  • (1) Coédité par l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles et les éditions de la Réunion des musées nationaux, 2010.

Les sciences à Versailles

Dans Sciences et curiosités à la cour de Versailles(1), un ouvrage édité à l’occasion de l’exposition “Sciences et curiosité à la cour” au château de Versailles (jusqu’au 27 février 2011), la place que tiennent les animaux et la médecine vétérinaire est aussi abordée. La ménagerie, qui rassemble des animaux exotiques, est édifiée en 1662. L’anatomie animale connaît un bel essor. La création de l’Académie des sciences, en 1666, constitue un tournant : elle instaure en effet un contrat entre le pouvoir et les savants.

Dans cet ouvrage, notre confrère Christophe Degueurce développe la création de l’enseignement et du métier de vétérinaire et notre confrère Bernard Denis, le mouton mérinos et autres mammifères domestiques.

M. N.
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