L’anorexie chez le chat constitue une urgence - La Semaine Vétérinaire n° 1434 du 21/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1434 du 21/01/2011

Nutrition clinique

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’alimentation assistée doit être instaurée au bout de vingt-quatre heures de jeûne, sous peine d’observer de profondes modifications métaboliques.

L’anorexie féline relève d’un défi nutritionnel, en raison du comportement alimentaire particulier du chat : il s’arrête assez rapidement de manger et les modifications métaboliques qui en découlent sont rapides et profondes (voir article ci-contre). En revanche, « l’anorexie peut être aisément prise en charge par l’alimentation assistée, qui répond à quelques règles faciles et efficaces », souligne Laurence Yaguiyan-Colliard.

L’anosmie provoque une anorexie chez le chat

Les sens du chat ne sont pas utilisés de manière identique lors de la prise alimentaire. Ainsi, la vue n’est pas un facteur d’appétit, alors que l’odeur est essentielle. En corollaire, un chat qui ne sent pas ne mange pas. La texture alimentaire est également importante. Le goût entre en jeu, mais de façon moins prononcée. Parallèlement, le chat a besoin d’un environnement calme, avec de préférence plusieurs gamelles, pour s’apaiser dans son comportement alimentaire. A la différence du chien, il peut définitivement s’arrêter de manger si l’aliment ne lui plaît pas, même s’il est complet sur le plan nutritionnel.

Toute modification brutale de l’alimentation, tout stress et changement environnemental sont autant de risques d’arrêt de la prise alimentaire. A fortiori lors d’une hospitalisation, les manipulations de l’animal et l’environnement stressant peuvent engendrer une aversion alimentaire acquise. En outre, toute prise de médicament, toute douleur ou affection sont susceptibles de générer une anorexie.

Lors d’anorexie, l’anamnèse permet de faire un bilan : l’état d’engraissement donne une idée de l’apport énergétique, l’état des masses musculaires renseigne sur l’apport énergétique et protéique (voir encadré ci-dessous).

Les affections neurologiques, digestives et infectieuses qui prédisposent à la dénutrition sont aussi à prendre en compte. Connaître le risque de dénutrition permet d’adapter la prise en charge de l’animal (par exemple lors de chirurgie maxillo-faciale, de port d’une collerette, d’hospitalisation, de douleur).

Le meilleur procédé pour stimuler l’appétit d’un chat est d’améliorer son confort. Il est ainsi préférable de l’isoler, de placer sa gamelle loin de sa litière, de limiter les manipulations et d’éviter de réaliser des actes douloureux dans la cage. Il convient en outre de gérer la douleur, les nausées et les vomissements.

Les échecs de la stimulation de l’appétit font place à l’alimentation entérale

L’appétit est également stimulé par l’aliment lui-même : tiède et distribué en petite quantité, il est davantage apprécié. Il ne doit pas être laissé en permanence dans la cage. Lors d’aversion pour un aliment, il convient d’en présenter un nouveau, mais dans la même forme. Le gavage est déconseillé et l’alimentation forcée à la seringue peut être une cause de fausse déglutition dans deux cas sur trois. De même, mieux vaut proscrire l’administration de médicament dans l’alimentation. En outre, la période d’hospitalisation n’est pas le bon moment pour donner le futur aliment, au risque de développer une aversion alimentaire.

Dans tous les cas, les essais sont à limiter dans le temps et, au bout de vingt-quatre heures, l’alimentation assistée doit être mise en place (sonde naso-œsophagienne, par exemple).

L’utilisation de médicaments stimulant l’appétit est souvent alléchante (diazépam ou cyproheptadine, par exemple). Ils sont efficaces, mais de façon transitoire, et ne donnent aucune assurance de couvrir les besoins énergétiques. De plus, ils ne sont pas dénués d’effets secondaires. Leur avantage est de passer outre une aversion alimentaire : le chat, en mangeant l’aliment, peut se “rendre compte” que tout se passe bien et renouer avec le goût pour ce dernier.

La réalimentation s’effectue chez un chat stabilisé

Le cas échéant, l’alimentation entérale est prioritaire. Lors de tolérance digestive limitée, qui ne permet pas de couvrir les besoins énergétiques, une alimentation parentérale partielle sera mise en place.

La réalimentation est réalisée chez un animal stable, une fois les désordres électrolytiques et acido-basiques corrigés. La base est la ration énergétique de repos, qui est inférieure ou égale au besoin énergétique d’entretien (BER = 70 x poids0,75). Chez un animal dénutri, la base n’est pas le poids optimal, mais le poids actuel : le premier jour, un tiers du besoin énergétique de repos est donné, et cette ration est au maximum doublée d’un jour sur l’autre, selon sa tolérance digestive et métabolique. Cela permet de limiter le risque d’apparition du syndrome de réalimentation inapproprié. Pour les chats qui ne tolèrent pas le glucose (diabétiques), mieux vaut choisir un aliment pauvre en glucides, riche en lipides et en protéines. Le Fortol® est pratique, car il est le seul en présentation liquide. Cependant, cet aliment comporte 20 % de glucides, dont 100 % de glucose. Il est donc contre-indiqué dans les états d’hyperglycémie.

La réussite de l’alimentation entérale est objectivée par la prise de poids et de masse musculaire.

CONFÉRENCIÈRE

Laurence Yaguiyan-Colliard, unité de médecine de l’élevage et du sport, nutrition clinique, ENV d’Alfort.

Article rédigé d’après la conférence « L’anorexie : un défi nutritionnel ? », présentée au congrès de l’Afvac 2009, à Lille.

La dénutrition

Chez le chat, la dénutrition se définit par :

– un indice corporel inférieur à 3 sur 5 ;

– une perte de poids supérieure à 5 % en un mois ou 10 % en six mois ;

– une anorexie de plus de trois jours ;

– une amyotrophie généralisée ;

– une hypoalbuminémie.

G. O.
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