Rester vétérinaire en 2011 - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : David Milcent

Fonctions : praticien “sans attache” à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

En 2010, j’ai cédé ma clientèle. En ce début d’année 2011, j’ai pris une feuille blanche et je me suis posé cette question : veux-tu rester vétérinaire ? Dans une colonne, j’ai mis les raisons qui pourraient me décider à épouser un autre métier, dans l’autre les motifs de ne pas le quitter.

J’ai choisi cette profession par amour des animaux et par intérêt pour la biologie. C’est banal. Grâce à elle, j’espérais aussi atteindre un statut social supérieur à mon milieu. J’ai découvert, à travers des études passionnantes, le plaisir du diagnostic et le challenge thérapeutique. J’ai fait la connaissance de personnes exceptionnelles parmi mes professeurs. J’ai noué des amitiés sincères avec mes camarades devenus confrères. J’ai rencontré des propriétaires qui m’ont accordé leur confiance, leur reconnaissance, voire leur amitié. J’ai pris du plaisir à encadrer des élèves, puis à développer ma clientèle. J’ai essayé de faire ce pour quoi j’étais rémunéré : du travail bien fait, de bon niveau, tout en respectant l’animal et son maître.

Pendant ces décennies d’exercice, je suis resté un observateur attentif de la profession. Mais son image est mauvaise auprès de la clientèle, car elle s’estime trop sur un piédestal et ne respecte ni ses clients ni ses patients. L’âge d’or du vétérinaire notable et respecté est révolu, et c’est tant mieux pour nos patients, mais malheureux pour certains confrères. Ce qui importe aujourd’hui, c’est la qualité du service rendu, et moins le trompe-l’œil.

Mais le vétérinaire ne sait pas se remettre en question. Si son activité baisse, il trouvera toujours une raison (le confrère d’en face, le pharmacien, etc.), sans suspecter son accueil, son relationnel ou la qualité de son travail.

Le vétérinaire trouve toujours qu’il ne gagne pas assez d’argent. Son ami cardiologue ou chirurgien perçoit le double de son salaire, mais il oublie qu’il a fait le double d’années d’études, d’un niveau souvent supérieur, et que les responsabilités ne sont pas les mêmes. Le vétérinaire veut travailler mieux, avec moins de responsabilités, mais gagner toujours plus : c’est un scientifique, ne sait-il pas que certaines équations sont impossibles ? Le vétérinaire veut aussi faire du marketing. Quelle belle idée ! D’un côté, il ne cesse de crier haut et fort qu’il veut être reconnu comme une profession de santé et, de l’autre, il veut appliquer des méthodes d’entreprises, voire de grandes surfaces. Croit-il vraiment que ces procédés ont une image valorisante auprès de ses clients et vont redorer son blason ?

Le vétérinaire aime entendre, de la bouche de “conseils”, que ses tarifs ne sont pas assez élevés. Après le dogme « mieux vaut une euthanasie bien faite qu’un mauvais diagnostic », nous voilà dans l’ère où « la compétence affichée est proportionnelle aux tarifs » : le propriétaire doit choisir entre son animal et son portefeuille. Les compagnies d’incinération continueront à faire de beaux profits, les euthanasies ne vont pas diminuer. Triste réalité. Le vétérinaire refuse en outre de travailler là où on a besoin de lui, préférant la “précarité”, conséquence de sa trop grande présence dans les villes. Alors, il permet à des confrères étrangers de venir s’installer, tout en critiquant leurs compétences. Nous ne sommes plus à un paradoxe près.

Le vétérinaire a un ego surdimensionné. S’il sait pratiquer un examen quelque peu difficile, il s’instaure aussitôt “spécialisé en…”. D’autres, plus compétents semble-t-il, veulent devenir spécialistes et n’hésitent pas à dévaloriser le “spécialisé en…”, et s’ils le pouvaient (bientôt) à lui interdire d’exercer “sa science”. On veut tirer la profession vers le haut. Créer un monde vétérinaire calqué sur le modèle médical humain, mais le client recherche-t-il vraiment cela ? Ne préférerait-il pas un modèle plus chaleureux et compatissant (à l’image de la relation qu’il entretient avec son animal) ? N’est-ce pas, là encore, un sentiment d’infériorité du vétérinaire face à son homologue de médecine humaine ?

Je suis devant ma feuille noircie. Les arguments se mélangent et me donnent une impression de confusion. Je n’arrive pas à conclure. J’appartiens à une profession qui souffre, qui est en quête de reconnaissance, et qui meurt à petit feu. Il y a trop d’individualisme, trop d’égocentrisme, pas assez de remise en cause. La majorité des vétérinaires pris individuellement sont des hommes et des femmes humainement bons, probablement de par leur relation avec l’animal. Alors, pourquoi laissent-ils leur profession se déliter ? Mon vœu, pour 2011, est de répondre à ma question. Je suis fier de mon doctorat et de mes choix, et c’est peut-être pour cela que je ne trouve pas de réponse.

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